Romains 2 – Culpabilité des moralistes et des Juifs
A. Jugement de Dieu contre les personnes moralement instruites.
1. (1–3) Réquisitoire contre l’homme moralement instruit.
Qui que tu sois, homme, toi qui juges, tu es donc inexcusable. En effet, en jugeant les autres tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges tu agis comme eux. Nous savons que le jugement de Dieu contre ceux qui agissent ainsi est conforme à la vérité. Et penses-tu, toi qui juges les auteurs de tels actes et qui les fais aussi, que tu échapperas au jugement de Dieu?
a. Qui que tu sois, homme, toi qui juges, tu es donc inexcusable : Au chapitre 1er de Romains, Paul a mis l’accent sur les péchés des coupables les plus notoires. Mais ici, il s’adresse à ceux qui se croient généralement moraux dans leur conduite. Paul présume qu’ils se félicitent de ne pas être comme les personnes décrites dans Romains 1.
i. Un bon exemple de cet état d’esprit est l’illustration donnée par Jésus du pharisien et du publicain. Si on faisait un parallèle avec les personnages de la parabole de Jésus, on dirait que dans Romains 1 Paul a parlé au publicain, et ici dans Romains 2 il s’adresse au pharisien (Luc 18:10-14).
ii. Beaucoup de Juifs de l’époque de Paul sont des exemples types de moralistes, mais les paroles de Paul dans Romains 2:1-16 semblent avoir une application plus large. Prenons par exemple Sénèque, l’homme politique romain, professeur de morale et précepteur de Néron. Il serait totalement d’accord avec la définition que donne Paul de la morale de la plupart des païens, mais un homme comme Sénèque penserait : « Je suis différent de ces gens immoraux ».
iii. De nombreux chrétiens admiraient Sénèque et sa ferme position pour la « morale » et les « valeurs familiales ». « Mais trop souvent, il tolérait en lui-même des vices pas si différents de ceux qu’il condamnait chez les autres – l’exemple le plus flagrant étant sa complicité dans le meurtre par Néron de sa mère Agrippine » (Bruce).
b. En effet, en jugeant les autres tu te condamnes toi-même : Après s’être accordé avec les moralistes dans la condamnation des pécheurs manifestes, Paul retourne maintenant le même argument contre les moralistes eux-mêmes. Cela parce qu’en fin de compte, toi qui juges tu agis comme eux.
i. Lorsqu’on juge une autre personne, on indique une norme extérieure à soi-même – et cette norme condamne tout le monde, pas seulement le pécheur manifeste. « Puisqu’on connait la justice de Dieu, comme en témoigne le fait qu’on juge les autres, on est soi-même sans excuse, car dans l’acte même de juger, on s’est condamné soi-même » (Murray).
ii. Tu agis comme eux : Notez que le moraliste n’est pas condamné pour avoir jugé les autres mais pour être coupable des mêmes choses pour lesquelles il juge les autres. Cette accusation est généralement rejetée par l’homme moral (« Je ne suis pas du tout comme eux ! »), mais Paul démontrera qu’elle est vraie.
iii. Wuest, citant Denney à propos de toi qui juges tu agis comme eux, a dit : « Pas que vous fassiez des actions identiques, mais votre conduite est la même, c’est-à-dire que vous péchez contre la lumière. Le péché des Juifs était le même, mais leurs péchés n’étaient pas les mêmes ».
c. Conforme à la vérité : Ceci comporte l’idée de « selon les faits de l’affaire ». Dieu juge (et condamne) le moraliste sur la base des faits.
d. L’argument est clair : si le moraliste est tout aussi coupable que le pécheur manifeste, comment échappera-t-il au jugement de Dieu ?
i. Le pronom tu est catégorique dans la question, « [Penses-tu] que tu échapperas au jugement de Dieu? ». Paul insiste ici, faisant savoir à ses lecteurs qu’il n’était pas exempt de ce principe. Paul savait toucher le cœur de ses lecteurs. « Nos exhortations devraient être comme des flèches fourchues à enfoncer dans le cœur des hommes ; et pas seulement à blesser, comme les autres flèches » (Trapp).
ii. Sur les moralistes, Lenski dit ceci : « L’objectif de Paul est bien plus grand que de simplement les convaincre d’injustice. Il leur prive, et doit absolument leur priver, de leur moralisme et de leur moralisation, parce qu’ils considèrent cela comme le moyen d’échapper à la colère de Dieu ».
2. (4-5) Annonce du jugement de Dieu contre les moralistes.
Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa générosité en ne reconnaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à changer d’attitude? Par ton endurcissement et ton refus de te repentir, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour où Dieu révélera sa colère et son juste jugement.
a. Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa générosité : Paul souligne que les moralistes eux-mêmes présument de la bonté, de la patience et de la générosité de Dieu, ce qui devrait les amener à une humble repentance au lieu d’une attitude de supériorité.
i. La bonté peut être considérée ici comme la bonté de Dieu envers nous en ce qui concerne notre péché passé. Il est bon envers nous parce qu’Il ne nous a pas encore jugés, quoique nous le méritions.
ii. La patience peut être considérée comme la bonté de Dieu envers nous en ce qui concerne notre péché actuel. Aujourd’hui même – mieux, à cette heure même – nous sommes privés de Sa gloire, mais Il retient son jugement contre nous.
iii. La générosité peut être considérée comme la bonté de Dieu envers nous en ce qui concerne notre péché futur. Il sait que nous pécherons demain et le surlendemain, mais Il retient son jugement contre nous.
iv. Considérant tout ce qui précède, il n’est pas surprenant que Paul décrive ces trois aspects de la bonté de Dieu envers nous comme des richesses. Les richesses de la miséricorde de Dieu peuvent être mesurées par quatre considérations :
∙Sa grandeur – faire du tort à un grand homme est un grand tort et Dieu est le plus grand de tous – pourtant Il fait preuve de miséricorde.
∙Son omniscience – si quelqu’un connaissait tout notre péché, ferait-il preuve de miséricorde ? Pourtant, Dieu fait miséricorde.
∙Sa puissance – parfois les torts ne sont pas réglés parce qu’ils sont hors de notre pouvoir, mais Dieu est capable de régler tout tort contre Lui – pourtant Il est riche en miséricorde.
∙L’objet de Sa miséricorde : un simple homme – ferions-nous miséricorde à une fourmi ? Pourtant, Dieu est riche en miséricorde.
v. Reconnaissant à quel point la bonté de Dieu est grande, c’est un grand péché que de présumer de la grâce de Dieu, et il nous est facile de croire que nous la méritons.
b. Sa patience et… sa générosité : Les hommes pensent souvent que ces traits de caractère sont une faiblesse en Dieu. Ils font ce genre de remarques : « S’il existe un Dieu dans le ciel, qu’il me frappe et que je meure ! ». Et quand cela ne se produit pas, ils disent : « Voyez, je vous ai dit que Dieu n’existait pas ». Les hommes interprètent à tort la patience et… la générosité de Dieu comme Son approbation, et ils refusent de se repentir.
i. « Il me semble que chaque matin, quand un homme se réveille encore impénitent et se retrouve hors de l’enfer, la lumière du soleil semble lui dire : “Je brille encore sur toi en cet autre jour, afin que tu puisses, ce jour, te repentir”. Quand votre lit vous reçoit la nuit, je pense qu’il semble vous dire : “Je vais te donner une autre nuit de repos, afin que tu puisses vivre pour te détourner de tes péchés et avoir confiance en Jésus”. Chaque bouchée de pain qui vient à la table dit : “Je dois soutenir ton corps afin que tu puisses encore avoir du temps pour la repentance”. Chaque fois que vous ouvrez la Bible, les pages vous disent : “Nous te parlons afin que tu te repentes”. Chaque fois que vous entendez un sermon, si c’est un sermon tel que Dieu veut que nous prêchions, il vous supplie de vous tourner vers le Seigneur et de vivre » (Spurgeon).
c. Ne reconnaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à changer d’attitude : Beaucoup de gens comprennent mal la bonté de Dieu envers les méchants. Ils ne comprennent pas que la seule raison à cela est de les amener à changer d’attitude.
i. Les hommes devraient voir la bonté de Dieu et comprendre que :
∙Dieu est plus bon envers eux qu’ils ne le méritent ;
∙Dieu a toujours fait preuve de bonté envers eux alors qu’ils L’ignorent ;
∙Dieu a toujours fait preuve de bonté envers eux alors qu’ils se moquent de Lui ;
∙Dieu n’est pas un maitre cruel et qu’ils peuvent se soumettre à Lui en toute sécurité ;
∙Dieu est parfaitement disposé à leur pardonner ;
∙Dieu devrait être servi par simple gratitude.
ii. Vous attendez-vous à ce que Dieu vous contraigne à changer d’attitude ? Ce n’est pas Sa façon d’opérer ; Dieu te pousse à changer d’attitude. « Remarquez, chers amis, que le Seigneur ne nous contraint pas à changer d’attitude. Caïn fut contraint de fuir comme un fugitif et vagabond, après avoir tué son frère juste Abel ; Judas alla se pendre, contraint par une angoisse de remords à cause de ce qu’il avait fait en trahissant son Seigneur ; mais le changement d’attitude le plus doux et le meilleur est celui qui se manifeste, non pas en nous contraignant, mais en nous attirant : « Puisse la bonté de Dieu nous pousser au changement d’attitude » (Spurgeon).
iii. « Dans le Nouveau Testament, le changement d’attitude n’est pas simplement négatif. Il signifie se tourner vers une nouvelle vie en Christ, une vie active de service à Dieu. Il ne faut pas le confondre avec le remords, qui est une profonde tristesse pour le péché mais auquel manque la note positive du changement d’attitude » (Morris).
d. Tu t’amasses un trésor de colère pour le jour où Dieu révélera sa colère et son juste jugement : En raison de cette présomption sur la grâce de Dieu, Paul peut dire à juste titre que les moralistes s’amassent un trésor de colère pour le jour où Dieu révélera sa colère.
i. Le moraliste pense qu’il amasse des mérites auprès de Dieu en condamnant les « pécheurs » qui l’entourent. En réalité, il ne fait qu’amasser la colère de Dieu. « De même que les hommes s’amassent des trésors de richesse, de même tu t’amasses des trésors de châtiment » (Poole).
ii. Alors que les hommes s’amassent la colère de Dieu contre eux, qu’est-ce qui retient le flot de la colère ? Dieu Lui-même ! Il le retient par sa patience et… sa générosité ! « L’image est celle d’un fardeau que Dieu porte, que les hommes entassent de plus en plus, le rendant toujours plus lourd. La merveille de tout cela est que Dieu en retienne ne serait-ce qu’une partie pour un jour ; cependant, Il supporte tout son poids et ne le laisse pas s’écraser sur la tête du pécheur » (Lenski).
e. Pour le jour où Dieu révélera sa colère et son juste jugement : Lors de la première venue de Jésus, le caractère aimant de Dieu fut révélé avec la plus grande emphase. Lors de la seconde venue de Jésus, le juste jugement de Dieu sera révélé très clairement.
3. (6-10) Dieu jugera les moralistes parce que leurs œuvres sont également en deçà du modèle parfait de Dieu.
Il traitera chacun conformément à ses actes: à ceux qui, par leur persévérance à faire le bien, recherchent l’honneur, la gloire et l’incorruptibilité, il donnera la vie éternelle; mais il réserve son indignation et sa colère à ceux qui, par esprit de révolte, rejettent la vérité et obéissent à l’injustice. La détresse et l’angoisse atteindront tout être humain qui fait le mal, le Juif d’abord, mais aussi le non-Juif. La gloire, l’honneur et la paix seront pour tout homme qui fait le bien, le Juif d’abord, mais aussi le non-Juif.
a. Il traitera chacun conformément à ses actes : C’est une pensée redoutable et effrayante, et elle condamne aussi bien le moraliste que le pécheur manifeste.
b. À ceux qui… il donnera la vie éternelle : Si une personne peut vraiment faire le bien en tout temps, elle pourrait mériter la vie éternelle de son propre gré – mais il n’y a personne qui soit ainsi, car nous tous, d’une manière ou d’une autre, nous sommes, avons été ou serons toujours des gens qui par esprit de révolte, rejettent la vérité et obéissent à l’injustice.
c. La détresse et l’angoisse atteindront tout être humain qui fait le mal : Puisque tous sont en deçà de la norme de la bonté constante de Dieu, la colère de Dieu viendra s’abattre sur tous ceux qui font le mal – peu importe qu’ils soient Juifs ou non-Juifs.
i. Ce jugement s’abattra sur le Juif d’abord. Autant ils sont en première ligne pour l’Évangile (Romains 1:16) et en première ligne pour la récompense (Romains 2:10), autant ils sont également en première ligne pour le jugement.
ii. Le terme indignation provient de l’idée de « bouillir », ayant ainsi le sens d’une explosion ardente. Le terme colère provient de l’idée d’un gonflement qui finit par éclater, et s’applique plutôt à une colère qui procède de la nature habituelle d’une personne.
B. Jugement de Dieu contre l’homme juif.
1. (11-13) Principe divin d’impartialité.
Car devant Dieu il n’y a pas de favoritisme. Tous ceux qui ont péché sans la loi périront aussi sans la loi, et tous ceux qui ont péché sous la loi seront jugés au moyen de la loi. En effet, ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront déclarés justes.
a. Car devant Dieu il n’y a pas de favoritisme : Le terme traduit par favoritisme provient de la combinaison de deux termes grecs anciens – recevoir et faire face. Il signifie juger les choses sur la base de notions externes ou préconçues.
i. Certains anciens rabbins enseignaient que Dieu faisait preuve de favoritisme envers les Juifs. Ils disaient : « Dieu jugera les non-Juifs avec une mesure et les Juifs avec une autre ».
b. Ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront déclarés justes : Dieu ne retient pas son juste jugement parce que quelqu’un a écouté la loi ; Il ne le retient que si quelqu’un met effectivement la loi en pratique.
i. Le Juif – ou le religieux – peut penser qu’il est sauvé parce qu’il a la loi ; mais l’a-t-il observé ? Le non-Juif peut penser qu’il est sauvé parce qu’il n’a pas la loi, mais a-t-il observé les préceptes de sa propre conscience ?
ii. « Les gens seront condamnés, non parce qu’ils ont la loi ou ne l’ont pas, mais parce qu’ils ont péché » (Morris).
c. Tous ceux qui ont péché sans la loi périront aussi sans la loi : Le jugement pour le péché peut venir avec ou sans la loi.
2. (14-16) Posséder la loi n’est pas un avantage pour le Juif au Jour du Jugement.
Quand des non-Juifs qui n’ont pas la loi font naturellement ce que prescrit la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, bien qu’ils n’aient pas la loi. Ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, car leur conscience en rend témoignage et leurs pensées les accusent ou les défendent tour à tour. C’est ce qui paraîtra le jour où, conformément à l’Evangile que je prêche, Dieu jugera par Jésus-Christ le comportement secret des hommes.
a. Ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, bien qu’ils n’aient pas la loi : Paul explique pourquoi les non-Juifs peuvent être condamnés sans la loi. Leur conscience (qui est l’œuvre de la loi… écrite dans leur cœur) suffit pour les condamner – ou, théoriquement, cette loi sur le cœur suffit pour les justifier.
i. Écrite dans leur cœur : De nombreux auteurs païens de l’époque de Paul faisaient référence à la « loi non écrite » qui est à l’intérieur de l’homme. Ils la considéraient comme quelque chose qui indiquait à l’homme la bonne voie. Bien qu’elle ne soit pas incorporée dans des lois écrites, elle est à certains égards plus importante que la loi écrite.
ii. Ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes ne signifie pas que ces « non-Juifs obéissants » aient confectionné leur propre loi (dans le sens d’être eux-mêmes leur propre loi), mais qu’ils obéissaient à la conscience, l’œuvre de la loi résidant en eux-mêmes.
iii. « Il montre en effet que l’ignorance est en vain prétendue comme une excuse par les non-Juifs, puisqu’ils prouvent par leurs propres actes qu’ils ont une règle de justice » (Calvin).
b. Leurs pensées les accusent ou les défendent tour à tour : Théoriquement, un homme peut être justifié (« défendu ») en obéissant à sa conscience. Malheureusement, tous les hommes ont violé leur conscience (la révélation interne de Dieu à l’homme), de même que tous les hommes ont violé la révélation écrite de Dieu.
i. Alors que Paul dit dans Romains 2:14 qu’un non-Juif peut faire naturellement ce que prescrit la loi, il prend soin de ne pas dire qu’un non-Juif peut naturellement remplir les exigences de la loi.
ii. Bien que Dieu ait Son œuvre à l’intérieur de chaque homme (résultant en la conscience), l’homme peut corrompre cette œuvre, de sorte que la conscience varie d’une personne à l’autre. Nous savons aussi que notre conscience peut être pervertie par le péché et la rébellion, mais peut ensuite être restaurée en Jésus.
iii. Si notre conscience nous condamne à tort, nous pouvons être réconfortés par l’idée que Dieu est plus grand que notre cœur (1 Jean 3:20).
c. Leur conscience en rend témoignage : Les personnes qui n’ont jamais entendu directement la parole de Dieu ont toujours une boussole morale à laquelle elles doivent rendre compte : la conscience.
i. « Dieu décrit comment il a constitué tous les hommes : il y a en eux une “œuvre” qui les rend moralement conscients » (Newell).
ii. « Il ne dit pas que la loi est écrite dans leur cœur, comme on dit souvent, mais que l’œuvre de la loi, ce que la loi exige des gens, y est écrite » (Morris).
d. Le jour où… Dieu jugera : En ce jour, personne n’échappera au jugement de Dieu en prétendant ignorer Sa révélation écrite. Violer la révélation intérieure de Dieu suffit pour nous condamner tous.
i. « Dieu jugera donc toutes les nations selon l’usage et l’abus qu’elles auront fait de cette parole, qu’elle ait été écrite dans le cœur, ou sur des tables de pierre » (Clarke).
e. Conformément à l’Evangile que je prêche : Remarquez que le jour du jugement faisait partie de l’Evangile de Paul. Il n’a pas hésité à déclarer la responsabilité absolue de l’homme devant Dieu.
i. « “L’Evangile que je prêche”. Ceci ne montre-t-il pas son courage ? Tout comme de dire : “Je n’ai pas honte de l’Evangile de Christ: c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit”. Il dit : “l’Evangile que je prêche”, comme un soldat parle de “mes couleurs”, ou de “mon roi”. Il décide de porter cette bannière jusqu’à la victoire, et de servir cette vérité royale jusqu’à la mort » (Spurgeon).
f. Dieu jugera par Jésus-Christ le comportement secret des hommes : Cette conception est typiquement chrétienne. Les Juifs enseignaient que Dieu le Père seul jugerait le monde, ne cédant le jugement à personne d’autre – pas même au Messie.
3. (17-20) La fierté du Juif.
Toi qui te donnes le nom de Juif, tu te reposes sur la loi, tu places ta fierté dans ton Dieu, tu connais sa volonté et tu discernes ce qui est important, car tu es instruit par la loi. Tu es convaincu d’être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, l’éducateur des ignorants, le maître des enfants parce que tu possèdes dans la loi l’expression de la connaissance et de la vérité.
a. Toi qui te donnes le nom de Juif, tu te reposes sur la loi : Chaque acte de « fierté » des Juifs dans ce passage se rapporte au fait de posséder la loi. Le peuple juif de l’époque de Paul était extrêmement fier et confiant dans le fait que Dieu leur avait donné Sa sainte loi en tant que nation. Ils croyaient que cela confirmait leur statut de peuple spécialement élu et assurait ainsi leur salut.
b. Tu possèdes dans la loi l’expression de la connaissance : Bien que les Juifs aient reçu la loi avec gratitude comme un don de Dieu, Paul montre comment le simple fait de posséder la loi ne justifie personne.
4. (21-24) L’acte d’accusation contre les Juifs.
Toi donc qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même! Toi qui prêches de ne pas voler, tu voles! Toi qui dis de ne pas commettre d’adultère, tu commets l’adultère! Toi qui as les idoles en horreur, tu pilles les temples! Toi qui places ta fierté dans la loi, tu déshonores Dieu en la transgressant! En effet, le nom de Dieu est blasphémé parmi les nations à cause de vous, comme cela est écrit.
a. Toi donc qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même! Ceci se résume à ce principe : « Vous avez la loi, la respectez-vous ? Vous qui pouvez voir comment les autres enfreignent la loi, voyez-vous également comment vous l’enfreignez vous-mêmes ? ».
i. Une grande partie du judaïsme rabbinique de l’époque de Paul interprétait la loi d’une manière telle qu’ils pensaient qu’ils étaient complètement justifiés par la loi. Jésus exposa l’erreur de telles interprétations (Matthieu 5:19-48).
ii. Dieu applique sa loi aussi bien à nos actions qu’à nos attitudes. Parfois, nous voulons que seules nos attitudes soient évaluées, et parfois seulement nos actions. Dieu nous tiendra pour responsables à la fois des mobiles et des actions.
iii. « Les hypocrites peuvent parler de religion, comme si leurs langues fonctionnaient sur des modèles, ce sont de beaux professeurs, mais de vils pécheurs ; comme le fut ce licencieux cardinal Cremensis, légat du pape, envoyé ici, en 1114 ap. J.-C., pour interdire les mariages des prêtres ; il fut lui-même attrapé en flagrant délit avec une vulgaire prostituée, et il excusa son acte en disant qu’il n’était pas lui-même un prêtre, mais un correcteur des prêtres » (Trapp).
b. Toi qui as les idoles en horreur, tu pilles les temples : Morris parle de l’idée de voler dans les temples. « De toute évidence, certaines personnes soutenaient qu’un Juif pouvait très bien tirer profit de pratiques malhonnêtes liées à l’idolâtrie, et c’est peut-être cette idée que Paul avait à l’esprit quand il écrivit ceci ».
c. Le nom de Dieu est blasphémé parmi les nations à cause de vous : Paul rappelle aux Juifs que Dieu avait dit dans l’Ancien Testament que l’inobservation de la Loi par les Juifs pousse les non-Juifs à blasphémer contre Dieu.
5. (25-29) La non-pertinence de la circoncision.
Certes, la circoncision est utile si tu mets en pratique la loi; mais si tu la violes, ta circoncision devient incirconcision. Si donc l’incirconcis respecte les commandements de la loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas comptée comme circoncision? Ainsi, l’homme qui accomplit la loi sans être circoncis physiquement ne te condamnera-t-il pas, toi qui la transgresses tout en ayant la loi écrite et la circoncision? Le Juif, ce n’est pas celui qui en a l’apparence, et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans le corps. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement, et la circoncision, c’est celle du cœur, accomplie par l’Esprit et non par la loi écrite. La louange que reçoit ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu.
a. La circoncision est utile si tu mets en pratique la loi : Paul reconnait qu’un Juif peut protester et dire que son salut est basé sur le fait qu’il est un descendant d’Abraham, avec comme preuve la circoncision. Paul répond à juste titre que cela n’a rien à voir avec la justification.
i. Le Juif croyait que sa circoncision garantissait son salut ; qu’il pourrait être puni dans le monde à venir, mais ne pourrait jamais être perdu.
ii. À l’époque de Paul, certains rabbins enseignaient qu’Abraham était assis à l’entrée de l’enfer et s’assurait qu’aucun de ses descendants circoncis n’y allait. Certains rabbins enseignaient aussi que « Dieu jugera les non-Juifs avec une mesure et les Juifs avec une autre » et que « tous les Israélites auront part au monde à venir » (Barclay).
iii. La circoncision (ou le baptême – ou tout autre rituel en soi) ne sauve personne. Dans le monde antique, les Égyptiens circoncisaient également leurs garçons, mais cela ne faisait pas d’eux des disciples du vrai Dieu. Même au temps d’Abraham, Ismaël (le fils selon la chair) était circoncis, mais cela ne fit pas de lui un fils de l’alliance.
iv. La circoncision et le baptême font à peu près la même chose qu’une étiquette sur une boite de conserve. Si l’étiquette extérieure ne correspond pas à ce qui est à l’intérieur, quelque chose ne va pas ! S’il y a des carottes à l’intérieur de la boite, vous pouvez mettre une étiquette qui dit « Pois », mais cela ne change pas ce qu’il y a à l’intérieur de la boite. Être né de nouveau change ce qu’il y a à l’intérieur de la boite, et vous pouvez alors mettre l’étiquette appropriée à l’extérieur.
v. Bien sûr que ceci n’est pas une nouvelle pensée, car la loi de Moïse même enseignait ce principe : Circoncisez donc votre cœur et ne vous montrez plus réfractaires (Deutéronome 10:16).
b. Si donc l’incirconcis respecte les commandements de la loi : Si un non-Juif devait observer les commandements de la loi par sa conscience (comme le dit Romains 2:15), ne devait-il pas être justifié, contrairement au Juif circoncis qui n’a pas observé la loi ? L’argument est bien souligné : avoir la loi ou avoir une cérémonie ne suffit pas. Dieu exige la justice.
i. Morris citant Manson : « S’ils sont fidèles au bien qu’ils connaissent, ils seront acceptables pour Dieu ; mais c’est un très grand “si” ».
c. L’homme qui accomplit la loi sans être circoncis physiquement ne te condamnera-t-il pas, toi qui la transgresses…? : C’est la réponse de Dieu à quiconque dit : « Qu’en est-il du Pygmée en Afrique qui n’a jamais entendu l’Évangile ? ». Dieu jugera ce Pygmée d’après ce qu’il aura entendu et comment il aura vécu conformément ou pas à ce qu’il aura entendu. Il va de soi que cela signifie que le Pygmée sera coupable devant Dieu, car personne ne vit parfaitement selon sa conscience, ni ne répond parfaitement à ce qu’on peut connaitre de Dieu à travers la création.
i. Le problème du « natif innocent » est qu’on ne peut trouver un natif innocent nulle part.
ii. « Qu’en est-il des Pygmées d’Afrique qui n’ont pas entendu l’Évangile ? C’est une bonne question, mais il y a deux autres questions bien plus importantes :
∙ Qu’en est-il de vous qui entendez l’Évangile, mais le rejetez ? Quelle excuse y a-t-il pour vous ?
∙ Qu’en est-il de vous, qui avez reçu l’ordre d’apporter l’Évangile à ce Pygmée en Afrique (Matthieu 28:19), mais qui refusez de le faire ?
d. La louange que reçoit ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu : Tous les signes extérieurs de la religion peuvent nous valoir la louange des hommes, mais ils ne peuvent pas nous valoir la louange de Dieu. La preuve de notre droiture envers Dieu n’est pas contenue dans des signes ou des œuvres extérieurs, et elle n’est pas assurée par notre filiation. La preuve se trouve dans l’œuvre de Dieu dans notre cœur qui se manifeste par du fruit.
e. William Newell résume Romains 2 avec « Sept grands principes du jugement de Dieu » qui méritent d’être notés :
∙ le jugement de Dieu est conforme à la vérité (Romains 2:2) ;
∙ le jugement de Dieu est conforme à la culpabilité accumulée (Romains 2:5) ;
∙ le jugement de Dieu est conforme aux œuvres (Romains 2:6) ;
∙ le jugement de Dieu est sans favoritisme (Romains 2:11) ;
∙ le jugement de Dieu est fonction de la performance et non de la connaissance (Romains 2:13) ;
∙ le jugement de Dieu atteint les secrets du cœur (Romains 2:16) ;
∙ le jugement de Dieu est conforme à la réalité et non à la profession religieuse (Romains 2:17-29).
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