Matthieu 5 – Le Sermon sur la montagne
A. Introduction au sermon sur la montagne.
1. (1) Jésus se prépare à instruire Ses disciples.
À la vue de ces foules, Jésus monta sur la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui.
a. À la vue de ces foules : La section précédente mentionnait que de grandes foules le suivirent, venant de nombreuses régions différentes (Matthieu 4:25). En réponse à cela, Jésus monta sur la montagne.
i. Il est erroné de penser que Jésus monta sur la montagne pour se retirer de la foule. Il est vrai que Jésus a donné cet enseignement à Ses disciples, mais cette utilisation du terme est probablement large, incluant beaucoup parmi les grandes foules qui le suivirent mentionnées dans Matthieu 4:25. À la fin du sermon sur la montagne, les gens en général ont entendu Son message et ont été stupéfaits (Matthieu 7:28).
ii. Luc dit que ce même matériel de base a été, à une autre occasion, dit à une foule de ses disciples et une multitude de personnes de toute la Judée, de Jérusalem et du littoral de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies (Luc 6:17). Pourtant, au début de l’enseignement, Luc écrit : Alors Jésus leva les yeux sur ses disciples et dit (Luc 6:20). Ceci veut dire à peu près la même chose que dans Matthieu ; que ce sermon était adressé aux disciples de Jésus, mais disciples au sens large de ceux qui L’avaient suivi et entendu ; pas au sens strict des douze seulement.
iii. « Jésus n’était pas monastique d’esprit, et Il n’avait pas deux doctrines, une pour le plus grand nombre, une autre pour le petit nombre, comme Bouddha. Son enseignement le plus élevé… était destiné à des millions de personnes » (Bruce).
iv. « Une crypte ou une caverne aurait été contre-nature pour un message qui doit être publié sur les toits et prêché à toute créature sous le ciel » (Spurgeon).
b. Il s’assit : C’était la posture habituelle pour enseigner dans cette culture. Il était d’usage que le professeur s’asseye et que les auditeurs se tiennent debout.
i. « S’asseoir était la position acceptée des enseignants de synagogue ou d’école (Luc 4:20 ; cf. Matthieu 13:2, 23:2, 24:3) » (Carson).
ii. Maintenant, dans le récit de Matthieu, Jésus parlera et enseignera ; c’est Dieu qui parle mais non plus à travers une personnalité humaine inspirée comme Jérémie ou Ésaïe ou Samuel ; maintenant la vérité de Dieu parlait à travers la personnalité exacte de Dieu.
c. Ses disciples s’approchèrent de lui : Il s’agit là encore probablement d’un groupe bien plus important que les douze, qui jusqu’à présent n’ont pas été présentés comme groupe dans cet Évangile.
i. « Il gravit la colline pour s’éloigner de la foule en bas, et les disciples, maintenant un groupe considérable, se rassemblent autour de Lui. Les autres ne peuvent pas être exclus, mais les disciples sont le public proprement dit » (Bruce).
2. (2) Jésus commence à enseigner.
Puis il prit la parole pour les enseigner; il dit:
a. Puis il prit la parole : Cela veut dire que Jésus utilisa Sa voix de manière forte pour instruire cette foule. Il parlait avec énergie, projetant Ses pensées avec sérieux.
i. « Il n’est pas superflu de dire qu'”Il ouvrit la bouche et les enseigna”, car Il les avait souvent enseignés quand Sa bouche était fermée » (Spurgeon).
ii. « Il se mit à leur parler avec liberté, afin que la foule entende » (Poole). « Jésus-Christ parlait comme un homme fervent ; Il articulait clairement et parlait fort. Il élevait la voix comme une trompette et publiait le salut partout, comme un homme qui avait quelque chose à dire qu’Il désirait que Son auditoire entende et ressente » (Spurgeon).
iii. « En grec, on l’utilise pour un énoncé solennel, grave et digne. Cela a été utilisé, par exemple, pour le discours d’un oracle. C’est la préface naturelle pour un discours des plus importants » (Barclay).
b. Pour les enseigner; il dit : Ce qu’ils ont entendu était un message qui a longtemps été reconnu comme la somme de l’enseignement éthique de Jésus — ou de quiconque. Dans le sermon sur la montagne, Jésus nous dit comment vivre.
i. Il a été dit que si vous preniez tous les bons conseils sur la façon de vivre jamais prononcés par un philosophe, un psychiatre ou un conseiller, que vous éliminiez la bêtise et réduisiez tout cela à l’essentiel, vous vous retrouveriez avec une piètre imitation de ce grand message de Jésus.
ii. Le sermon sur la montagne est parfois considéré comme la « déclaration du Royaume » de Jésus. Les révolutionnaires américains ont eu leur déclaration d’indépendance. Karl Marx avait son manifeste communiste. Avec ce message, Jésus a déclaré ce qu’est Son Royaume.
iii. Il présente un programme radicalement différent de ce que la nation d’Israël attendait du Messie. Il ne présente pas les bénédictions politiques ou matérielles du règne du Messie. Au lieu de cela, Il exprime les implications spirituelles du règne de Jésus dans nos vies. Ce grand message nous dit comment nous vivrons lorsque Jésus sera notre Seigneur. « Au premier siècle, les Juifs étaient peu d’accord sur ce que serait le royaume messianique. Une hypothèse très populaire était que le joug romain serait brisé et qu’il y aurait une paix politique et une prospérité croissante » (Carson).
iv. Il est important de comprendre que le sermon sur la montagne ne traite pas du salut en tant que tel, mais il expose pour le disciple et le disciple potentiel comment considérer Jésus comme Roi se traduit dans l’éthique et dans la vie quotidienne.
v. Cela ne peut pas être prouvé, mais à mon avis, le sermon sur la montagne était le sermon « standard » de Jésus. C’était le cœur de Son message itinérant : une simple proclamation de la façon dont Dieu s’attend à ce que nous vivions, contrastant avec les malentendus juifs courants à propos de cette vie. Il se peut que lorsque Jésus prêchait à un nouveau public, Il prêchait souvent ce sermon ou en utilisait les thèmes.
vi. Pourtant, nous pouvons également considérer cela comme Jésus formant les disciples dans le message qu’Il voulait qu’ils transmettent aux autres. C’était Son message, destiné à être transmis à eux et à travers eux. « Dans le sermon sur la montagne, Matthieu nous montre Jésus enseignant à Ses disciples le message qui était le Sien et qu’ils devaient porter aux hommes » (Barclay). Dans l’Évangile de Luc, le matériel similaire au sermon sur la montagne vient immédiatement après que Jésus a choisi les douze.
vii. Barclay souligne également que le verbe traduit par enseigner est à l’imparfait dans l’original : « Il décrit donc une action répétée et habituelle, et la traduction devrait être : “C’est ce qu’Il avait l’habitude de leur enseigner”. »
viii. Il est clair que le sermon sur la montagne a eu un impact déterminant sur l’Église primitive. Les premiers chrétiens y font constamment référence et leur vie affiche la gloire de disciples radicaux.
B. Les Béatitudes : le caractère des citoyens du royaume.
La première partie du sermon sur la montagne est connue sous le nom de Béatitudes, ce qui signifie « les bénédictions » mais peut également être comprise comme donnant au croyant ses « attitudes ». Dans les Béatitudes, Jésus expose à la fois la nature et les aspirations des citoyens de Son royaume. Ils possèdent et apprennent ces traits de caractère.
Tous ces traits de caractère sont des marques et des objectifs de tous les chrétiens. Ce n’est pas comme si on pouvait se spécialiser dans l’un à l’exclusion des autres, comme c’est le cas pour les dons spirituels. Il n’y a aucune échappatoire à notre responsabilité de désirer chacun de ces attributs spirituels. Si vous rencontrez quelqu’un qui prétend être chrétien mais qui n’affiche et ne désire aucun de ces traits, vous pouvez à juste titre vous interroger sur son salut, car il n’a pas le caractère des citoyens du royaume. Mais s’ils prétendent avoir maitrisé ces attributs, vous pouvez remettre en question leur honnêteté.
1. (3) Le fondement : la pauvreté spirituelle.
«Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le royaume des cieux leur appartient!
a. Heureux [NDT — « bénis »] : Jésus a promis la bénédiction à Ses disciples, promettant que ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle sont bénis. L’idée derrière le mot grec ancien pour béni est « heureux », mais dans le vrai sens pieux du mot, pas dans notre sens moderne d’être simplement à l’aise ou de se divertir au moment présent.
i. Ce même mot pour béni — qui dans un certain sens signifie « heureux » — est appliqué à Dieu dans 1 Timothée 1:11 : Voilà ce qui est conforme au glorieux Évangile du Dieu bienheureux. « Makarios décrit alors cette joie qui a son secret en elle-même, cette joie qui est sereine et intouchable, autonome, cette joie qui est complètement indépendante de tous les aléas et de toutes les vicissitudes de la vie » (Barclay).
ii. Dans Matthieu 25:34, Jésus a dit qu’au jour du jugement, Il dirait à Son peuple : Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde! Ce jour-là, Il jugera entre celui qui est béni et celui qui est maudit — Il sait et explique quelles sont les exigences pour celui qui est béni. Nous pouvons également dire que personne n’a jamais été plus béni que Jésus ; Il sait ce qui se passe dans une vie bénie.
iii. « Vous n’avez pas manqué de remarquer que le dernier mot de l’Ancien Testament est “malédiction“, et il est suggéré que le sermon d’ouverture du ministère de notre Seigneur commence par le mot “béni” » (Spurgeon).
iv. « Prenez aussi note, avec plaisir, que la bénédiction est dans tous les cas au présent, un bonheur qui doit être apprécié et savouré maintenant. Ce n’est pas “Heureux seront“, mais “Heureux sont” » (Spurgeon).
b. Ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle : Ce n’est pas l’aveu d’un homme qu’il est par nature insignifiant, ou personnellement sans valeur, car ce serait faux. Au lieu de cela, c’est une confession qu’il est pécheur et rebelle et totalement sans vertus morales adéquates pour le recommander à Dieu.
i. Ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle reconnaissent qu’ils n’ont pas de « biens » spirituels. Ils savent qu’ils sont en faillite spirituelle. On pourrait dire que le grec ancien avait un mot pour les « travailleurs pauvres » et un mot pour les « vraiment pauvres ». Jésus a utilisé ici le mot pour les vraiment pauvres. Cela désigne quelqu’un qui doit mendier pour tout ce qu’il a ou obtient.
ii. La pauvreté d’esprit ne peut pas être provoquée artificiellement par la haine de soi ; le Saint-Esprit et notre réponse à Son œuvre dans nos cœurs la réalisent.
iii. Cette Béatitude vient en premier, car c’est là que nous commençons avec Dieu. « Une échelle, si elle doit être utile, doit avoir sa première marche près du sol, ou les grimpeurs faibles ne pourront jamais monter. Cela aurait été un grand découragement pour la foi chancelante si la première bénédiction avait été donnée aux cœurs purs ; le jeune débutant ne prétend pas à cette excellence, tandis qu’il peut atteindre la pauvreté d’esprit sans outrepasser ses limites » (Spurgeon).
iv. Tout le monde peut commencer ici ; ce n’est pas d’abord béni soient les purs ou les saints ou les spirituels ou les merveilleux. Tout le monde peut se trouver parmi ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle. « Pas ce que j’ai, mais ce que je n’ai pas, c’est le premier point de contact, entre mon âme et Dieu » (Spurgeon).
c. Car le royaume des cieux leur appartient : Ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, qui sont si pauvres qu’ils doivent mendier, sont récompensés. Ils reçoivent le royaume des cieux, car la pauvreté d’esprit est une condition sine qua non pour recevoir le royaume des cieux, et tant que nous nourrirons des illusions sur nos propres ressources spirituelles, nous ne recevrons jamais de Dieu ce dont nous avons absolument besoin pour être sauvés.
i. « Le royaume des cieux n’est pas donné sur la base de la race, des mérites acquis, du zèle et des prouesses militaires des zélotes, ou de la richesse d’un Zachée. Elle est donnée aux pauvres, aux publicains méprisés, aux prostituées, à ceux qui sont si “pauvres” qu’ils savent qu’ils ne peuvent rien offrir et n’essaient même pas. Ils appellent à la bonté et eux seuls sont entendus » (Carson).
ii. « Ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle sont ôtés du fumier et placés, non parmi les mercenaires dans les champs, mais parmi les princes du royaume… “Leur pauvreté spirituelle” ; les mots sonnent comme s’ils décrivaient les propriétaires de rien, et pourtant ils décrivent les héritiers de toutes choses. Heureuse pauvreté ! Les millionnaires sombrent dans l’insignifiance, le trésor des Indes s’évapore en fumée, tandis qu’à ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, il reste un royaume sans limites, sans fin, sans défaut, qui les rend bénis dans l’estime de Celui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement » (Spurgeon).
iii. L’appel à reconnaître sa pauvreté spirituelle est placé en premier pour une raison, car il met en perspective les commandements suivants. Ils ne peuvent pas être accomplis par sa propre force personnelle, mais seulement par la confiance d’un mendiant dans la puissance de Dieu. Personne ne pleure tant qu’il n’a pas reconnu sa pauvreté spirituelle ; personne n’est doux envers les autres tant qu’il n’a pas une perception humble de lui-même. Si vous ne ressentez pas votre propre besoin et votre pauvreté, vous n’aurez jamais faim et soif de tout ce qui est juste ; et si vous avez une trop haute estime de vous-même, vous aurez du mal à être miséricordieux envers les autres.
2. (4) La réaction pieuse à la pauvreté d’esprit : le deuil.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés!
a. Heureux ceux qui pleurent [NDT — parfois traduit « ceux qui mènent deuil »] : la grammaire grecque antique indique un degré intense de deuil. Jésus ne parle pas d’un chagrin occasionnel pour les conséquences de notre péché, mais d’un chagrin profond devant Dieu au sujet de notre état déchu.
i. « Le mot grec pour mènent deuil, utilisé ici, est le mot le plus fort pour le deuil dans la langue grecque. C’est le mot qui est utilisé pour le deuil des morts, pour la lamentation passionnée d’un être aimé » (Barclay).
ii. Les pleurs sont pour la condition basse et nécessiteuse de l’individu et de la société ; mais avec la conscience qu’ils sont faibles et nécessiteux à cause du péché. En fait ceux qui mènent deuil, mènent deuil à cause du péché et de ses effets.
iii. Ce deuil est la tristesse selon Dieu qui produit une repentance qui conduit au salut que Paul a décrite dans 2 Corinthiens 7:10.
b. Car ils seront consolés : Ceux qui mènent deuil sur leur péché et leur condition de pécheur reçoivent une promesse de consolation. Dieu permet ce chagrin dans nos vies comme un chemin, pas comme une destination.
i. Ceux qui mènent deuil peuvent connaître quelque chose de spécial de Dieu ; la communion de Ses souffrances (Philippiens 3:10), une proximité avec l’Homme de douleur, habitué à la souffrance (Ésaïe 53:3).
3. (5) La prochaine étape : la douceur.
Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre!
a. Heureux ceux qui sont doux : Il est impossible de traduire ce mot grec ancien praus (doux) avec un seul mot français. Il a l’idée du juste équilibre entre colère et indifférence, d’une personnalité puissante bien maitrisée, et d’humilité.
i. Dans le vocabulaire de la langue grecque antique, quelqu’un de doux n’était pas passif ou facilement malmené. L’idée principale derrière le mot « doux » était la force sous contrôle, comme un étalon fort qui a été formé pour faire le travail au lieu de se déchainer.
ii. « En général, les Grecs considéraient la douceur comme un vice parce qu’ils ne la distinguaient pas de la servilité. Être doux envers les autres implique l’absence de méchanceté et d’un esprit vengeur » (Carson).
iii. « Ceux qui sont doux, qui peuvent être en colère, mais qui contrôlent leur colère par obéissance à la volonté de Dieu, et ne seront pas en colère s’ils ne peuvent pas être en colère et ne pas pécher, et ne seront pas facilement provoqués par les autres » (Poole).
iv. « Les hommes qui subissent le mal sans amertume ni désir de vengeance » (Bruce).
v. Les deux premières Béatitudes sont plutôt intérieures ; la troisième traite de la façon dont on se comporte envers son prochain. Les deux premières étaient surtout négatives ; la troisième est clairement positive.
vi. Être doux signifie montrer la volonté de se soumettre et de travailler sous une autorité légitime. Cela montre également une volonté de mettre de côté ses propres « droits » et privilèges. Je peux admettre ma propre faillite spirituelle, mais si c’est quelqu’un d’autre qui le fait à ma place ? Est-ce que je réagis avec douceur ? Cet individu béni est doux :
·Ils sont doux devant Dieu, dans le sens qu’ils se soumettent à Sa volonté et se conforment à Sa Parole.
·Ils sont doux devant les hommes, dans le sens qu’ils sont forts — mais aussi humbles, tendres, patients et longanimes.
vii. « Le mot meek [NDT — utilisé en anglais] vient de l’ancien anglo-saxon meca, ou meccea, compagnon ou égal, parce que celui qui est d’un esprit doux ou tendre, est toujours prêt à s’associer avec le plus méchant de ceux qui craignent Dieu, ne se sentant supérieur à personne ; et sachant bien qu’il n’a de bien spirituel ou temporel que ce qu’il a reçu de la simple bonté de Dieu, n’ayant jamais mérité aucune faveur de Sa main » (Clarke).
b. Car ils hériteront la terre : Nous ne pouvons qu’être doux, disposés à contrôler notre désir d’avoir nos droits et privilèges, parce que nous sommes convaincus que Dieu veille sur nous et qu’Il protégera notre cause. La promesse « ils hériteront la terre » prouve que Dieu ne permettra pas aux Siens qui sont doux de se trouver désavantagés.
i. « On dirait qu’ils vont être chassés du monde, mais ils ne le seront pas, “car ils hériteront la terre”. Les loups dévorent les brebis, pourtant il y a plus de brebis dans le monde qu’il n’y a de loups, et les brebis continuent de se multiplier et de paitre dans les verts pâturages » (Spurgeon).
ii. « Les doux d’Angleterre, poussés de leur terre natale par l’intolérance religieuse, ont hérité le continent américain » (Bruce).
iii. « Je n’avais qu’à la regarder, éclairée par le soleil, puis à lever les yeux au ciel et à dire : “Mon Père, tout ceci est à toi ; et, par conséquent, tout est à moi ; car je suis héritier de Dieu et cohéritier de Jésus-Christ.” Ainsi, dans ce sens, l’homme doux hérite la terre entière » (Spurgeon).
iv. À travers les trois premières Béatitudes, nous remarquons que l’homme naturel ne trouve ni bonheur ni béatitude dans la pauvreté spirituelle, le deuil ou la douceur. Celles-ci ne sont une bénédiction que pour l’homme spirituel, pour ceux qui sont de nouvelles créatures en Jésus.
4. (6) Le désir de celui qui a la pauvreté d’esprit, le deuil du péché et la douceur : la justice.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!
a. Heureux ceux qui ont faim : Ceci décrit une faim profonde qui ne peut être satisfaite par une collation. C’est un désir qui dure et qui n’est jamais complètement satisfait de ce côté de l’éternité.
·Cette passion est réelle, tout comme la faim et la soif sont réelles.
·Cette passion est naturelle, tout comme la faim et la soif sont naturelles chez une personne en bonne santé.
·Cette passion est intense, tout comme la faim et la soif peuvent l’être.
·Cette passion peut être douloureuse, tout comme la vraie faim et la vraie soif peuvent provoquer de la douleur.
·Cette passion est une force motrice, tout comme la faim et la soif peuvent propulser un homme.
·Cette passion est un signe de santé, tout comme la faim et la soif montrent qu’on a la santé.
b. Faim et soif de la justice : Nous voyons des chrétiens affamés de beaucoup de choses : pouvoir, autorité, succès, confort, bonheur — mais combien ont faim et soif de la justice ?
i. Il est bon de se rappeler que Jésus a dit cela à une époque et à une culture qui savait vraiment ce que c’était que d’avoir faim et soif. L’homme moderne — du moins dans le monde occidental — est souvent si éloigné des besoins fondamentaux de la faim et de la soif, qu’il lui est également difficile d’avoir faim et soif de justice.
ii. « “Hélas ! dit-il, il ne me suffit pas de savoir que mon péché est pardonné. J’ai une fontaine de péché dans mon cœur, et des eaux amères en coulent continuellement. Oh ! que ma nature puisse être changée, afin que moi, qui aime le péché, je puisse aimer ce qui est bon ; que moi, maintenant plein de mal, je puisse être plein de sainteté !” » (Spurgeon).
iii. Comment s’expriment cette faim et cette soif de justice ?
·Un individu aspire à avoir une nature juste.
·Un individu veut être sanctifié, être rendu plus saint.
·Un individu aspire à persévérer dans la justice de Dieu.
·Un individu aspire à voir la justice promue dans le monde.
iv. « Il a faim et soif de la justice. Il n’a pas faim et soif pour que son propre parti politique puisse prendre le pouvoir, mais il a faim et soif pour que la justice soit accomplie dans le pays. Il n’a pas faim et soif pour que ses propres opinions viennent au premier plan, et que sa propre secte ou dénomination puisse augmenter en nombre et en influence, mais il désire que la justice soit au premier plan » (Spurgeon).
c. Car ils seront rassasiés : Jésus a promis de rassasier les affamés ; de les rassasier au maximum. C’est une satisfaction étrange, qui à la fois nous satisfait et nous donne envie de plus.
5. (7) Bénédiction pour ceux qui font preuve de bonté.
Heureux ceux qui font preuve de bonté, car on aura de la bonté pour eux!
a. Ceux qui font preuve de bonté : Lorsque cette Béatitude s’adresse à ceux qui feront preuve de bonté, elle s’adresse à ceux qui ont déjà reçu la bonté. C’est de la bonté que d’être vidé de son orgueil et être amené à la pauvreté d’esprit. C’est de la bonté que d’être amené à mener deuil sur sa condition spirituelle. C’est de la bonté de que recevoir la grâce de la douceur et de devenir tendre. C’est de la bonté que d’avoir faim et soif de justice. Par conséquent, celui de qui on attend qu’il montre de la bonté est celui qui l’a déjà reçue.
·Celui qui fait preuve de bonté la montrera à ceux qui sont plus faibles et plus pauvres.
·Celui qui fait preuve de bonté cherchera toujours ceux qui pleurent et mènent deuil.
·Celui qui fait preuve de bonté sera indulgent envers les autres et cherchera toujours à rétablir les relations brisées.
·Celui qui fait preuve de bonté sera bon envers le caractère des autres et choisira de penser le meilleur d’eux chaque fois que possible.
·Celui qui fait preuve de bonté n’attendra pas trop des autres.
·Celui qui fait preuve de bonté sera compatissant envers ceux qui sont pécheurs de façon visible.
·Celui qui fait preuve de bonté se souciera des âmes de tous les hommes.
b. Car on aura de la bonté pour eux : Si vous voulez la bonté des autres — en particulier de Dieu — alors vous devez prendre soin d’être bon envers les autres. Certaines personnes se demandent pourquoi Dieu a fait preuve d’une bonté si remarquable envers le roi David, en particulier à cause des manières terribles dont il a péché. L’une des raisons pour lesquelles Dieu lui a accordé une telle bonté, était que David était particulièrement bon envers le roi Saül, et a été à plusieurs reprises gentil avec Saül qui était très indigne. En David, ce[lui] qui a fait preuve de bonté a obtenu la bonté.
6. (8) Bénédiction aux cœurs purs.
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!
a. Heureux ceux qui ont le cœur pur : Dans le grec ancien, l’expression cœur pur a l’idée de droiture, d’honnêteté et de clarté. Il peut y avoir deux idées liées à cela. L’une est celle de la pureté morale intérieure par opposition à l’image de la pureté ou pureté cérémonielle. L’autre idée est celle d’un cœur unique et indivis — ceux qui sont tout à fait sincères et non divisés dans leur dévotion et leur engagement envers Dieu.
i. « Le Christ s’occupait des esprits des hommes, de leur nature intérieure et spirituelle. Il l’a fait plus ou moins dans toutes les Béatitudes, et celle-ci frappe le centre même de la cible comme Il le dit, non pas “Heureux les purs dans le langage, ou les purs dans l’action”, encore moins “Heureux les purs dans les cérémonies, ou les vêtements, ou la nourriture” ; mais “Heureux ceux qui ont le cœur pur” » (Spurgeon).
b. Car ils verront Dieu : En cela, ceux qui ont le cœur pur reçoivent la plus belle récompense. Ils jouiront d’une intimité plus grande avec Dieu qu’ils n’auraient pu l’imaginer. Les péchés polluants de convoitise, d’oppression, de luxure et de tromperie délibérée ont indéniablement un effet aveuglant sur une personne ; et celui qui a le cœur pur est plus libre de ces pollutions.
i. « Car bien qu’aucun œil mortel ne puisse voir et comprendre l’essence de Dieu, ces hommes, par un œil de foi, verront et apprécieront Dieu dans cette vie, comme au moyen d’un miroir, et dans la vie à venir face à face » (Poole).
·La personne au cœur pur peut voir Dieu dans la nature.
·La personne au cœur pur peut voir Dieu dans les Écritures.
·La personne au cœur pur peut voir Dieu dans sa famille d’Église.
ii. « Un jour, à une table d’hôtel, je discutais avec un frère pasteur de certaines choses spirituelles lorsqu’un monsieur, qui était assis en face de nous, et qui avait une serviette sous le menton, et un visage qui indiquait son penchant pour le vin, fit, cette remarque, “Je suis dans ce monde depuis soixante ans, et je n’ai encore jamais été conscient de quoi que ce soit de spirituel”. Nous n’avons pas dit ce que nous pensions, mais nous pensions qu’il était très probable que ce qu’il disait était parfaitement vrai ; et il y a beaucoup plus de gens dans le monde qui pourraient dire la même chose que lui. Mais cela prouvait seulement que lui n’était pas conscient de quoi que ce soit de spirituel ; non pas que d’autres n’en aient pas été conscients » (Spurgeon).
iii. En fin de compte, cette relation intime avec Dieu doit devenir notre plus grande motivation pour la pureté, plus grande que la peur de se faire prendre ou la peur des conséquences.
7. (9) Bénédiction pour ceux qui procurent la paix.
Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!
a. Heureux ceux qui procurent la paix : Ceci ne décrit pas ceux qui vivent dans la paix, mais ceux qui apportent réellement la paix, en surmontant le mal par le bien. Une façon d’y parvenir est de répandre l’Évangile, parce que Dieu nous a confié le ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5:18). Dans l’évangélisation, nous faisons la paix entre les hommes et le Dieu qu’ils ont rejeté et offensé.
i. « Le verset qui le précède parle de la Béatitude des “cœurs purs, car ils verront Dieu”. Il serait bon que nous comprenions cela. Nous devons être “d’abord purs, puis pacifiques”. Notre paix ne doit jamais être un pacte avec le péché, ou une alliance avec ce qui est mal. Nous devons rendre notre visage dur comme une pierre contre tout ce qui est contraire à Dieu et à Sa sainteté. Cela étant dans notre âme une affaire réglée, nous pouvons passer à la paix envers les hommes » (Spurgeon).
ii. Nous pensons généralement que ce travail de rétablissement de la paix est le travail d’une personne qui se tient entre deux parties au combat. Ceci peut être une façon d’y parvenir ; mais on peut aussi mettre fin à un conflit et faire partie de ceux qui procurent la paix quand on prend part à un conflit ; lorsqu’on est la partie blessée ou la partie fautive.
iii. « C’est le diable qui est un fauteur de troubles ; c’est Dieu qui aime la réconciliation et qui, maintenant à travers Ses enfants, comme autrefois à travers Son Fils unique, s’acharne à procurer la paix » (Stott).
b. Car ils seront appelés fils de Dieu : La récompense de ceux qui procurent la paix est qu’ils sont reconnus comme de vrais enfants de Dieu. Ils partagent Sa passion pour la paix et la réconciliation, l’abattage des murs entre les gens.
i. Il est béni par Dieu ; bien que celui qui procure la paix soit maltraité par l’homme, il est béni par Dieu. Il est béni d’être parmi les enfants de Dieu, adopté dans Sa famille, entouré de frères et sœurs à travers les âges.
ii. « Maintenant donc, bien que ce soit, en grande partie, un travail ingrat (pour les hommes) d’intervenir, et de prendre en charge des conflits, de réunir ceux qui sont partis chacun de leur côté et se sont séparés… mais faites-le pour l’amour de Dieu, et afin que vous puissiez (comme vous le serez après un certain temps) être appelés et considérés, non pas des fureteurs et des curieux, mais des fils de Dieu » (Trapp).
iii. « Et il se met parfois entre les deux, quand ils sont très en colère, et prend les coups des deux côtés, car il sait que Jésus a fait ainsi, qu’Il a pris les coups de Son Père et les nôtres aussi, et qu’ainsi en souffrant à notre place, la paix puisse être faite entre Dieu et l’homme » (Spurgeon).
8. (10-12) L’accueil que le monde réserve à ce genre de personnes : la persécution.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient! Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
a. Heureux ceux qui sont persécutés : Ces bienheureux sont persécutés pour la justice et à cause de Jésus (à cause de moi), non pour leur propre stupidité ou fanatisme. Pierre a reconnu que la souffrance pouvait venir à certains chrétiens pour des raisons autres que leur fidélité à Jésus (1 Pierre 4:15-16), et ce n’est pas ce que Jésus a abordé ici.
i. Les traits de caractère décrits dans les Béatitudes ne sont pas valorisés par notre culture moderne. Nous ne reconnaissons ni ne décernons de prix au « plus pur de cœur » ou au « plus pauvre d’esprit ». Bien que notre culture n’accorde pas beaucoup d’importance à ces traits de caractère, ils décrivent le caractère des citoyens du royaume de Dieu.
ii. « Ainsi le Roi ajoute une huitième Béatitude, et celle-là est double, pour ceux qui, en raison de leur loyauté, endurent la souffrance » (Morgan).
b. Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi : Jésus inclut les insultes et la médisance dans le domaine de la persécution. Nous ne pouvons pas limiter notre idée de la persécution à la seule opposition physique ou à la torture.
i. Dans Matthieu 5:10, ils sont persécutés à cause de la justice ; dans Matthieu 5:11, ils sont persécutés à cause de Jésus. Cela montre que Jésus s’attendait à ce que leur vie juste soit vécue à Son exemple et en Son honneur.
ii. Il n’a pas fallu longtemps pour que ces paroles de Jésus résonne avec Ses disciples. Les premiers chrétiens ont entendu de nombreux ennemis dire faussement toute sorte de mal contre eux à cause de Jésus. Les chrétiens ont été accusés de :
·Cannibalisme, en raison d’une représentation erronée, grossière et délibérée de la pratique de la Sainte Cène.
·Immoralité, en raison d’une représentation erronée, grossière et délibérée de leurs « agapes » hebdomadaires et de leurs réunions privées.
·Fanatisme révolutionnaire, parce qu’ils croyaient que Jésus reviendrait et apporterait une fin apocalyptique à l’histoire.
·Diviser les familles, parce que lorsqu’un conjoint ou un parent devenait chrétien, il y avait souvent des changements et des divisions au sein de la famille.
·Trahison, parce qu’ils ne voulaient pas honorer les dieux romains ni participer au culte de l’empereur.
c. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse : Littéralement, nous pourrions traduire cette phrase dans le sens que le persécuté doit « sauter de joie ». Pourquoi ? Parce que la récompense sera grande au ciel pour les persécutés, et parce que les persécutés sont en bonne compagnie : les prophètes avant eux ont aussi été persécutés.
i. « Un mot fort de conception hellénistique, qui part de sauter beaucoup, signifiant une joie démonstrative irrépressible… C’est la joie de l’alpiniste debout au sommet de la montagne enneigée » (Bruce).
ii. Trapp cite des hommes qui se sont en fait réjouis et ont été dans l’allégresse quand ils ont été persécutés. George Roper est venu au bûcher en sautant de joie et a étreint comme un ami le bûcher sur lequel il devait être brûlé. Le docteur Taylor a sauté et dansé un peu en arrivant à son exécution, disant lorsqu’on lui a demandé comment il allait : « Eh bien, Dieu soit loué, bon maître shérif, je n’ai jamais été mieux ; car maintenant je suis presque à la maison… je suis même dans la maison de mon Père. » Lawrence Saunders, qui, avec un visage souriant, a enlacé le poteau de son exécution et l’a embrassé en disant : « Bienvenue la croix du Christ, bienvenue la vie éternelle. »
iii. Pourtant, le monde persécute ces bonnes personnes parce que les valeurs et le caractère exprimés dans ces Béatitudes sont si opposés à la manière de penser du monde. Notre persécution n’est peut-être pas grand-chose comparée aux autres, mais si personne ne dit du mal de vous, ces Béatitudes sont-elles des traits de votre vie ?
C. Où Jésus veut que Ses disciples affichent leur statut de disciple.
1. (13) Les disciples de Jésus devraient être comme le sel.
»Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors et piétiné par les hommes.
a. Vous êtes le sel de la terre : Les disciples sont comme le sel parce qu’ils sont précieux. À l’époque de Jésus, le sel était une denrée précieuse. Les soldats romains étaient parfois payés avec une ration de sel, en latin « salarium », d’où nous vient le mot « salaire ».
b. Vous êtes le sel de la terre : Les disciples sont comme le sel parce qu’ils ont une influence conservatrice. Le sel était utilisé pour conserver les viandes et ralentir la décomposition. Les chrétiens devraient avoir une influence conservatrice sur leur culture.
c. Vous êtes le sel de la terre : Les disciples sont comme le sel parce qu’ils ajoutent de la saveur. Les chrétiens devraient être un peuple « savoureux ».
i. « Les disciples, s’ils sont fidèles à leur vocation, font de la terre un endroit plus pur et plus agréable au goût » (France).
d. Mais si le sel perd sa saveur… Il ne sert plus : le sel doit garder son « caractère salé » pour avoir une valeur quelconque. Quand il n’est pas bon comme sel, il est piétiné. De la même manière, trop de chrétiens perdent leur « saveur » et deviennent bons à rien.
i. « La plupart du sel dans le monde antique provenait des marais salants ou de quelque chose du genre, plutôt que de l’évaporation de l’eau salée, et contenait donc de nombreuses impuretés. Le sel proprement dit, étant plus soluble que les impuretés, pouvait être lessivé, laissant un résidu si dilué qu’il n’avait plus beaucoup de valeur » (Carson).
2. (14-16) Les disciples de Jésus devraient être comme la lumière.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, et on n’allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu’ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste.
a. Vous êtes la lumière du monde : Jésus donne au chrétien à la fois un grand compliment et une grande responsabilité quand Il dit que nous sommes la lumière du monde, parce qu’Il a revendiqué ce titre pour Lui-même alors qu’Il marchait sur cette terre (Jean 8:12 et Jean 9:5).
i. La lumière du monde signifie que nous ne sommes pas seulement des receveurs de lumière, mais aussi des dispensateurs de lumière. Nous devons avoir une préoccupation plus grande que nous-mêmes, et nous ne pouvons pas vivre seulement pour nous-mêmes ; nous devons avoir quelqu’un vers qui briller, et le faire avec amour.
ii. « Ce titre avait été donné par les Juifs à certains de leurs rabbins éminents. Avec grande pompe, ils parlaient de rabbi Juda, ou rabbi Yohanan, comme des lampes de l’univers, les lumières du monde. Cela a dû résonner de manière étrange aux oreilles des spécialistes de la loi et des pharisiens d’entendre ce même titre, en toute sobriété, appliqué à quelques paysans et pêcheurs aux visages bronzés et aux mains calleuses, devenus disciples de Jésus » (Spurgeon).
iii. Jésus ne nous a jamais mis au défi de devenir sel ou lumière. Il a simplement dit : vous êtes — et soit nous l’accomplissons soit nous manquons à cette responsabilité qu’Il nous a donnée.
iv. Une pensée clé dans les images du sel et de la lumière est celle de la distinction. Le sel est nécessaire parce que le monde est en train de pourrir et de se décomposer, et si notre christianisme est également en train de pourrir et de se décomposer, il ne servira à rien. La lumière est nécessaire parce que le monde est dans les ténèbres, et si notre christianisme imite les ténèbres, nous n’avons rien à montrer au monde. Pour être efficaces, nous devons rechercher et afficher le caractère distinctif chrétien. Nous ne pourrons jamais influencer le monde pour Jésus en devenant comme le monde.
v. « Pauvre monde, pauvre monde, il est sombre et tâtonne à minuit, et il ne peut obtenir de lumière que s’il la reçoit à travers nous !… Être la lumière du monde enveloppe la vie des responsabilités les plus extraordinaires, et ainsi l’investit de la dignité la plus solennelle. Écoutez ceci, hommes et femmes humbles, vous qui n’avez pas fait figure dans la société, vous êtes la lumière du monde. Si vous brûlez faiblement, la lumière du monde est faible et ses ténèbres sont denses » (Spurgeon).
b. Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes : Le but de la lumière est d’éclairer et de révéler ce qu’il y a. Par conséquent, la lumière doit être exposée pour qu’elle soit utile — si elle est cachée sous un seau, elle n’est plus utile.
i. « Le Christ savait qu’il y aurait une forte tentation pour les hommes qui avaient la capacité d’être des lumières de cacher leur lumière. Cela attirerait l’attention du monde sur eux et les exposerait ainsi à la malveillance de ceux qui détestent la lumière » (Bruce).
ii. « Le Christ n’a jamais envisagé la production de chrétiens secrets — des chrétiens dont les vertus ne seraient jamais affichées — des pèlerins qui se rendraient au ciel de nuit, et ne seraient jamais vus par leurs compagnons de pèlerinage ou par quiconque » (Spurgeon).
iii. Les images du sel et de la lumière nous rappellent aussi que la vie marquée par les Béatitudes n’est pas à vivre dans l’isolement. Nous supposons souvent que ces qualités intérieures ne peuvent être développées ou affichées que dans l’isolement du monde, mais Jésus veut que nous les vivions à la vue du monde.
c. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée : Une telle ville est proéminente et ne peut être cachée. Si vous voyez une telle ville de loin, il est difficile de la quitter des yeux. De la même manière, Jésus voulait que les gens de Son royaume vivent des vies visibles, qui attirent l’attention sur la beauté de l’œuvre de Dieu dans la vie.
i. « C’est comme si notre Sauveur avait dit : Vous devez être saints, car votre comportement ne peut pas être caché, pas plus qu’une ville bâtie sur une colline, que tout le monde peut voir. Les yeux de tous les hommes seront rivés sur vous » (Poole).
ii. « Non loin de cette petite colline [où Jésus a enseigné] se trouve la ville de Safed, supposée être l’ancienne Béthulie. Elle se dresse sur une montagne très éminente et remarquable, et elle est VUE DE LOIN et DE PRÈS. Ne pouvons-nous pas supposer que le Christ fait allusion à cette ville, dans Ses paroles : Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ? » (Maundrell, cité dans Clarke).
d. Et on n’allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support : L’idée d’un support donne le sentiment que nous devons intentionnellement laisser briller cette lumière. Tout comme les lampes sont placées plus haut pour que leur lumière soit plus efficace, nous devons chercher des moyens de faire briller notre lumière de manière plus grande et plus vaste.
i. « Quel chandelier ont été les martyrs du Colisée pour le christianisme, dans les autodafés publics organisés par les païens et les papistes, et dans tous les autres modes par lesquels les croyants en Christ ont été forcés à la notoriété » (Spurgeon).
ii. « Le texte dit que la lampe éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Certains professeurs n’éclairent qu’une partie de la maison. J’ai connu des femmes très bonnes avec tous, sauf avec leurs maris, et qui les harcèlent soir après soir, de sorte qu’elles ne leur donnent aucune lumière. J’ai connu des maris si souvent à des réunions qu’ils négligent leur foyer, et ainsi leurs femmes manquent de lumière » (Spurgeon).
iii. « Bède le Vénérable, en interprétant ce texte, a dit que le Christ Jésus a apporté la lumière de la Divinité dans la pauvre lanterne de notre humanité, puis l’a placée sur le chandelier de son Église afin que toute la maison du monde puisse être ainsi éclairée. Et c’est vrai » (Spurgeon).
e. Afin qu’ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste : Le but de faire briller [n]otre lumière devant les hommes en faisant voir notre belle manière d’agir est pour que les autres glorifient Dieu, pas qu’ils nous glorifient.
i. « Le but de notre rayonnement n’est pas que les hommes voient à quel point nous sommes bons, ni même qu’ils nous voient du tout, mais qu’ils puissent voir la grâce en nous et Dieu en nous, et s’écrier : “Quel Père ces gens doivent avoir.” N’est-ce pas là la première fois dans le Nouveau Testament que Dieu est appelé notre Père ? N’est-il pas singulier que la première fois qu’il apparait, c’est lorsque les hommes voient les bonnes œuvres de Ses enfants ? » (Spurgeon).
ii. Jésus a indiqué une ampleur de l’impact des disciples qui a due sembler presque ridicule à l’époque. Comment ces humbles Galiléens pourraient-ils saler la terre ou éclairer le monde ? Mais ils l’ont fait.
iii. Les trois images réunies sont puissantes, parlant de l’effet des disciples de Jésus dans le monde :
·Le sel est le contraire de la corruption, et il empêche la corruption de s’aggraver.
·La lumière offre le don d’orientation, afin que ceux qui se sont égarés puissent retrouver le chemin du retour.
·Une ville est le produit de l’ordre social et du gouvernement ; elle est contre le chaos et le désordre.
iv. Bruce commente cette première référence à Dieu comme Père : « Nous apprenons que Dieu, comme un Père, se complait dans la conduite noble ; comme les pères humains trouvent de la joie dans des fils qui se comportent courageusement. »
D. La loi et la vraie justice.
1. (17-18) La relation de Jésus avec la loi.
»Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. En effet, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre n’auront pas disparu, pas une seule lettre ni un seul trait de lettre ne disparaîtra de la loi avant que tout ne soit arrivé.
a. Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes : Jésus a commencé ici une longue discussion sur la loi, et a voulu préciser qu’Il ne s’opposait pas à ce que Dieu a donné à Israël dans ce que nous appelons l’Ancien Testament. Il n’est pas venu pour abolir la parole de Dieu, mais pour la libérer de la façon dont les pharisiens et les spécialistes de la loi l’avaient mal interprétée.
i. « Les Juifs de l’époque de Jésus pouvaient désigner les Écritures comme “la loi et les prophètes” (Matthieu 7:12, 11:13, 22:40 ; Luc 16:16 ; Jean 1:45 ; Actes 13:15, 28:23 ; Romains 3:21) ; “la loi… les prophètes et les Psaumes” (Luc 24:44) ; ou simplement “la loi” (Matthieu 5:18 ; Jean 10:34, 12:34, 15:25 ; 1 Corinthiens 14:21) » (Carson).
ii. « Pour montrer qu’Il n’a jamais eu l’intention d’abroger la loi, notre Seigneur Jésus a incorporé tous ses commandements dans Sa propre vie. Il y avait en Sa personne une nature parfaitement conforme à la loi de Dieu ; et telle qu’était Sa nature, telle était Sa vie » (Spurgeon).
iii. En vérité : « Vraiment (Amen en grec), je vous le dis, c’est la signature personnelle de Jésus : aucun autre enseignant n’est connu pour l’avoir utilisé… elle sert, comme la phrase des prophètes “Ainsi parle l’Éternel”, pour marquer une déclaration comme importante et faisant autorité » (France).
b. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir : Jésus a voulu préciser qu’Il avait une autorité en dehors de la loi de Moïse, mais pas en contradiction avec elle. Jésus n’a rien ajouté à la loi à l’exception d’une chose qu’aucun homme n’avait jamais ajoutée à la loi : l’obéissance parfaite. C’est certainement une façon dont Jésus est venu accomplir la loi.
i. Même s’Il a souvent contesté les interprétations de la loi par l’homme (en particulier les règlements du sabbat), Jésus n’a jamais enfreint la loi de Dieu.
ii. « Un plus grand que l’Ancien Testament, que Moïse et les prophètes, est ici. Mais le Plus Grand est plein de respect pour les institutions et les livres sacrés de Son peuple. Il n’est pas venu pour annuler ni la loi ni les prophètes » (Bruce).
iii. « Jésus accomplit la loi et les prophètes et ils Le symbolisent, et Il est leur accomplissement » (Carson).
·Jésus a accompli les enseignements doctrinaux de la loi et des prophètes en ce qu’Il a apporté la révélation complète.
·Jésus a accompli la prophétie prédictive de la loi et des prophètes en ce qu’Il est le Promis, montrant la réalité derrière les ombres.
·Jésus a accompli les exigences morales et légales de la loi et des prophètes en leur obéissant pleinement et en les réinterprétant dans leur vérité.
·Jésus a accompli le châtiment de la loi et des prophètes pour nous par Sa mort sur la croix, prenant le châtiment que nous méritions.
iv. L’apôtre Paul a écrit sur ce thème : car Christ est la fin de la loi pour que tous ceux qui croient reçoivent la justice (Romains 10:4).
v. « En un mot, Christ acheva la loi : 1) En soi, ce n’était que l’ombre, la représentation typique, des bonnes choses à venir ; et Il y ajouta ce qui était nécessaire pour la rendre parfaite, SON PROPRE SACRIFICE, sans lequel elle ne pourrait ni satisfaire Dieu, ni sanctifier les hommes. 2) Il l’a complété en Lui-même en se soumettant à ses types avec une obéissance exacte, et en les vérifiant par Sa mort sur la croix. 3) Il complète cette loi, et les paroles de ses prophètes, dans ses membres, en leur donnant la grâce d’aimer le Seigneur de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de toute leur force, et leur prochain comme eux-mêmes ; car c’est toute la loi et les prophètes » (Clarke).
c. Pas une seule lettre ni un seul trait de lettre ne disparaîtra de la loi avant que tout ne soit arrivé : La lettre yod et le trait de lettre étaient des petites marques en hébreu écrit. Jésus nous a dit ici que non seulement les idées de la parole de Dieu sont importantes, mais aussi les mots eux-mêmes — même les lettres des mots — sont importants. Cela nous montre à quel point Dieu accorde une grande importance à Sa parole.
i. La seule lettre [NDT — souvent traduit « iota »] fait référence à yod (י), la plus petite lettre de l’alphabet hébreu ; ça ressemble à une demi-lettre.
ii. Le trait de lettre est une petite marque dans une lettre hébraïque, un peu comme le croisement d’un « t » ou la queue sur un « y ».
·La différence entre bet (ב) et kaf (כ) est un trait de lettre.
·La différence entre dalet (ד) et resh (ר) est un trait de lettre.
·La différence entre vav (ו) et zayin (ז) est un trait de lettre.
iii. « Même si toute la terre et l’enfer s’unissaient pour empêcher l’accomplissement des grands desseins du Très-Haut, tout cela serait vain, même le sens d’une seule lettre ne sera pas perdu. Les paroles de Dieu, qui montrent Ses desseins, sont aussi immuables que Sa nature elle-même » (Clarke).
iv. Avant que tout ne soit arrivé : Ceci est vrai dans plusieurs sens différents.
·C’est l’assurance que Jésus Lui-même a accompli la loi par Sa parfaite obéissance.
·C’est l’assurance que Jésus Lui-même accomplit la loi en nous par Sa parfaite obéissance (Romains 8:4).
·C’est l’assurance que le plan de Dieu ne sera jamais mis de côté jusqu’à ce que toutes choses soient accomplies à la fin des temps.
2. (19-20) La relation du disciple à la loi.
Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire de même sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera aux autres, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. En effet, je vous le dis, si votre justice ne dépasse pas celle des spécialistes de la loi et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.
a. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements : On doit obéir aux commandements tels que la vie et l’enseignement de Jésus les ont expliqués et accomplis, non comme dans la pensée légaliste des autorités religieuses de l’époque de Jésus. Par exemple, la loi ordonne le sacrifice, mais il a été accompli en Jésus, donc nous ne courons pas le danger d’être appelé le plus petit dans le royaume des cieux en n’observant pas le sacrifice d’animaux comme le décrit en détail la loi de Moïse.
b. Mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera aux autres, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux : Le chrétien en a fini avec la loi comme moyen d’obtenir une position juste devant Dieu. Galates 2:21 est un passage qui explique cela : En effet, si la justice s’obtient par la loi, alors Christ est mort pour rien. Cependant, la loi est l’expression parfaite du caractère et des exigences éthiques de Dieu.
i. La loi nous envoie à Jésus pour être justifiés, car elle nous montre notre incapacité inhérente à plaire à Dieu. Mais après que nous venons à Jésus, Il nous renvoie à la loi pour apprendre le cœur de Dieu pour notre conduite et notre sanctification.
c. Si votre justice ne dépasse pas celle des spécialistes de la loi et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux : Compte tenu de l’incroyable dévotion à la loi manifestée par les spécialistes de la loi et les pharisiens, comment pouvons-nous espérer dépasser leur justice ?
i. Les pharisiens étaient si scrupuleux dans leur observation de la loi qu’ils donnaient même la dime des petites épices obtenues dans leurs jardins d’herbes aromatiques (Matthieu 23:23). Les Juifs orthodoxes d’aujourd’hui montrent le fond de cette dévotion à Dieu. Au début de l’année 1992, des locataires ont laissé brûler trois appartements dans un quartier orthodoxe d’Israël pendant qu’ils demandaient à un rabbin si un appel téléphonique aux pompiers un jour de sabbat violait la loi juive. Il est interdit aux Juifs pratiquants d’utiliser le téléphone le jour du sabbat, car cela déchargerait un courant électrique, ce qui est considéré comme une forme de travail. Dans la demi-heure qu’il a fallu au rabbin pour décider que oui, l’incendie s’est propagé à deux appartements voisins.
ii. La vie de Paul montre à quoi ressemblait la justice des pharisiens : Actes 23:6, 26:5 ; Philippiens 3:5.
iii. Nous pouvons dépasser leur justice parce que notre justice dépasse celle des spécialistes de la loi et des pharisiens en nature, pas en degré. Paul décrit les deux sortes de justice dans Philippiens 3:6-9 : Du point de vue du zèle, j’étais persécuteur de l’Église; par rapport à la justice de la loi, j’étais irréprochable. Mais ces qualités qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte à cause de Christ. Et je considère même tout comme une perte […] afin de gagner Christ et d’être trouvé en lui non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.
iv. Bien que la justice des spécialistes de la loi et des pharisiens ait été impressionnante selon l’observation humaine, elle ne pouvait pas prévaloir devant Dieu (Ésaïe 64:6).
v. Ainsi donc, nous ne sommes pas rendus justes en observant la loi. Quand nous voyons ce que signifie vraiment observer la loi, nous sommes reconnaissants que Jésus nous offre un autre type de justice.
E. Jésus interprète la loi dans sa vérité.
Dans cette section, Jésus montre le vrai sens de la loi. Mais ce n’est pas Jésus contre Moïse ; c’est Jésus contre les interprétations fausses et superficielles de Moïse. En ce qui concerne la loi, les deux erreurs des spécialistes de la loi et des pharisiens étaient qu’ils restreignaient tous les deux les commandements de Dieu (comme dans la loi du meurtre) et étendaient les commandements de Dieu au-delà de Son intention (comme dans la loi du divorce).
1. (21-22) Jésus interprète la loi contre le meurtre.
»Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens: ‘Tu ne commettras pas de meurtre; celui qui commet un meurtre mérite de passer en jugement.’ Mais moi je vous dis: Tout homme qui se met [sans raison] en colère contre son frère mérite de passer en jugement; celui qui traite son frère d’imbécile mérite d’être puni par le tribunal et celui qui le traite de fou mérite d’être puni par le feu de l’enfer.
a. Vous avez appris qu’il a été dit : Ces gens n’avaient pas vraiment étudié la loi de Moïse par eux-mêmes. Tout ce qu’ils avaient, c’était l’enseignement sur la loi des spécialistes de la loi et des pharisiens. Dans cette affaire particulière, le peuple avait entendu les spécialistes de la loi et les pharisiens enseigner « Tu ne commettras pas de meurtre ».
i. Lorsque Jésus a dit : « … qu’il a été dit aux anciens », Il nous rappelle que quelque chose n’est pas vrai simplement parce que c’est vieux. Et si une chose n’est pas vraie, son ancienneté ne lui fait pas honneur. « L’ancienneté disjointe de la vérité n’est qu’un sale enrouement ; et ne mérite pas plus de respect qu’un vieux fou, qui est d’autant plus odieux parce qu’il est vieux » (Trapp).
b. Mais moi, je vous dis : Jésus montre Son autorité, et ne s’appuie pas sur les paroles des spécialistes de la loi ou des enseignants précédents. Il leur enseignera la véritable compréhension de la loi de Moïse.
i. « Quel Roi est le nôtre, qui étend Son sceptre sur le royaume de nos convoitises intérieures ! Comme Il le dit souverainement : “Mais moi, je vous le dis !” Qui d’autre qu’un être divin a autorité pour parler de cette façon ? Sa parole fait loi. Il devrait en être ainsi, puisqu’Il touche le vice à la source et interdit l’impureté dans le cœur » (Spurgeon).
c. Tout homme qui se met [sans raison] en colère contre son frère mérite de passer en jugement : L’enseignement des spécialistes de la loi et des pharisiens (« Tu ne commettras pas de meurtre ») était vrai. Pourtant, ils ont également enseigné que tout ce qui était quasiment du meurtre pouvait être autorisé. Jésus corrige cela et précise que ce ne sont pas seulement ceux qui commettent l’acte de meurtre qui risquent de passer en jugement ; ceux qui ont une intention meurtrière dans le cœur méritent de passer en jugement.
i. Jésus expose l’essence de l’hérésie des spécialistes de la loi. Pour eux, la loi n’était vraiment qu’une affaire de performance extérieure, jamais de cœur. Jésus ramène la loi aux affaires du cœur. « La surveillance du Royaume ne commence pas par l’arrestation d’un criminel aux mains rouges de sang ; elle arrête l’homme en qui l’esprit meurtrier vient de naître » (Morgan).
ii. Nous devons souligner que Jésus ne dit pas que la colère est aussi mauvaise que le meurtre. Moralement, c’est être profondément confus de penser que quelqu’un en colère qui crie après une autre personne a péché aussi gravement que quelqu’un en colère qui assassine une autre personne. Jésus a souligné que la loi condamne les deux, sans dire que la loi dit que ce sont les mêmes choses. Les lois du peuple ne pouvaient traiter que de l’acte extérieur de meurtre, mais Jésus déclara que Ses disciples comprenaient que la moralité de Dieu concernait non seulement la fin mais aussi le début du meurtre.
iii. Barclay, commentant le mot grec ancien spécifique traduit par colère écrit ceci : « Ainsi Jésus interdit à jamais la colère qui couve, la colère qui n’oublie pas, la colère qui refuse d’être apaisée, la colère qui cherche à se venger. »
iv. « Les mots “sans cause” reflètent probablement un adoucissement précoce et généralisé de l’enseignement fort de Jésus. Leur absence ne prouve pas en soi qu’il n’y a pas d’exception » (Carson).
c. Celui qui traite son frère d’imbécile mérite d’être puni par le tribunal : Traiter quelqu’un d’imbécile, « Raca », exprimait le mépris pour son intelligence. Traiter quelqu’un de fou montrait du mépris pour son caractère. L’un ou l’autre brisait le cœur de la loi contre le meurtre, même s’il ne commettait pas de meurtre.
i. Les commentateurs ont traduit l’idée derrière « Raca » par « idiot, imbécile, âne, stupide, idiot sans cervelle ». « Raca est un mot presque intraduisible, car il décrit un ton de voix plus qu’autre chose. Tout son accent est l’accent du mépris… C’est la parole de celui qui dédaigne l’autre avec un mépris arrogant » (Barclay).
ii. « Ce ne sont pas des mots rares ou particulièrement vulgaires… mais ils suggèrent une attitude de mépris colérique » (France).
iii. « Dans ces paroles de Jésus contre la colère et le mépris, il y a un aspect d’exagération. Ils sont l’expression forte de quelqu’un chez qui toutes les formes d’inhumanité ont suscité des sentiments d’aversion passionnée. Ils sont de la plus haute valeur en tant que révélation de caractère » (Bruce).
2. (23-26) Plus sur les relations personnelles problématiques.
Si donc tu présentes ton offrande vers l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande. Mets-toi rapidement d’accord avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice et que tu ne sois mis en prison. Je te le dis en vérité, tu n’en sortiras pas avant d’avoir remboursé jusqu’au dernier centime.
a. Laisse ton offrande devant l’autel et va : Jésus considère qu’il est bien plus important de se réconcilier avec un frère que d’accomplir un devoir religieux. Jésus dit va d’abord te réconcilier avec ton frère. Nous ne pouvons pas penser que notre service envers le Seigneur justifie les mauvaises relations avec les autres. Nous devons faire ce que Paul a commandé dans Romains 12:18 : Si cela est possible, dans la mesure où cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes.
b. Mets-toi rapidement d’accord avec ton adversaire : Jésus nous ordonne de régler rapidement la colère et la méchanceté envers autrui. Lorsque nous l’ignorons ou l’excusons, elle nous emprisonne véritablement (et que tu ne sois mis en prison).
i. Paul exprime la même idée dans Éphésiens 4:26-27 (que le soleil ne se couche pas sur votre colère). Lorsque nous nous accrochons à notre colère contre un autre, nous péchons alors — et nous laissons la place au diable.
c. Je te le dis en vérité, tu n’en sortiras pas avant d’avoir remboursé jusqu’au dernier centime : Jésus ici a parlé avec des figures de style. La peine ultime que l’on paie entre les mains du juge, de l’officier, et dans la prison ne pourrait jamais être satisfait par de l’argent (le dernier centime). Pourtant, la réalité suggérée par ces figures de style fortes nous rappelle que la souffrance de l’éternité est bel et bien éternelle.
i. « Que nos marchands de mérites aillent d’abord en enfer pour leurs péchés, et y restent toute l’éternité ; puis après, si Dieu crée une autre éternité, ils pourront avoir la liberté de raconter leurs bonnes œuvres, et réclamer leur salaire… Un enfant avec une cuillère peut vider la mer plus vite que les damnés de l’enfer peuvent achever leur supplice » (Trapp).
3. (27-28) Jésus interprète la loi contre l’adultère.
»Vous avez appris qu’il a été dit: Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi je vous dis: Tout homme qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur.
a. Vous avez appris qu’il a été dit : Maintenant, Jésus traite de ce qu’ils avaient entendu concernant la loi de l’adultère. Bien sûr, les enseignants de l’époque enseignaient que l’adultère lui-même était mal. Mais ils n’appliquaient la loi qu’aux actions, pas au cœur.
b. Tout homme qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur : Jésus explique qu’il est possible de commettre l’adultère ou le meurtre dans notre cœur — ou dans notre esprit, et cela aussi est un péché et est interdit par le commandement contre l’adultère.
i. Avec les mots « tout homme qui regarde une femme », Jésus situe l’origine de la luxure au niveau des yeux. Cela est vrai selon la déclaration biblique (comme Job 31:1) et l’expérience de la vie. « Quand quelqu’un a semblé plaindre un borgne, il lui a dit qu’il avait perdu un de ses ennemis, un voleur même, qui lui aurait volé son cœur » (Trapp).
ii. Cependant, il est important de comprendre que Jésus ne dit pas que l’acte d’adultère et l’adultère dans le cœur sont la même chose. Plusieurs personnes se trompent sur ce point et disent : « J’ai déjà commis l’adultère dans mon cœur, alors autant le faire en pratique. » L’acte d’adultère est bien pire que l’adultère dans le cœur. L’argument de Jésus ne consiste pas à dire que ce sont les mêmes choses, mais de dire qu’elles sont toutes les deux un péché, et toutes deux interdites par le commandement contre l’adultère.
iii. Certaines personnes ne se gardent de l’adultère que parce qu’elles ont peur de se faire prendre, et dans leur cœur, elles commettent l’adultère tous les jours. Il est bon qu’ils évitent l’acte d’adultère, mais il est mauvais que leur cœur soit rempli d’adultère.
iv. Ce principe s’applique à bien plus que les hommes qui regardent les femmes. Cela s’applique à peu près à tout ce que nous pouvons convoiter avec l’œil ou l’esprit. « Ce sont les mots les plus pénétrants qui aient jamais été prononcés concernant l’impureté » (Morgan).
c. Adultère… dans son cœur : Puisque Jésus considère l’adultère dans le cœur comme un péché, nous savons que ce à quoi nous pensons et ce sur quoi nous permettons à notre cœur de s’attarder, est basé sur le choix. Beaucoup croient qu’ils n’ont pas le choix — et donc aucune responsabilité — pour ce qu’ils pensent, mais cela contredit l’enseignement clair de Jésus ici. Nous ne pouvons peut-être pas contrôler les pensées ou les sentiments qui passent, mais nous décidons certainement où notre cœur et notre esprit s’attarderont.
i. « L’imagination est un don de Dieu ; mais si elle est nourrie de saleté par l’œil, elle sera sale. Tout péché, encore plus le péché sexuel, commence par l’imagination. Par conséquent, ce qui nourrit l’imagination est de la plus haute importance dans la poursuite de la justice du royaume » (Carson).
ii. Il est également important de faire la distinction entre la tentation de pécher et le péché lui-même. « Le regard n’est pas censé être désinvolte mais persistant, le désir n’est pas involontaire ou momentané, mais chéri avec un profond désir » (Bruce).
iii. Jésus, bien que tenté en tout point (Hébreux 4:15), a enduré ces tentations mais n’a pas cédé à ce péché. Il était capable de voir les femmes autrement que comme des objets pour Sa gratification. « Il a été tenté en tout point comme nous, mais le désir a été expulsé par le pouvoir puissant d’un amour pur pour qui chaque femme était une fille, une sœur ou une fiancée : l’objet sacré d’un tendre respect » (Bruce).
4. (29-30) Notre attitude dans la guerre contre le péché.
Si ton œil droit te pousse à mal agir, arrache-le et jette-le loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d’un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer. Et si ta main droite te pousse à mal agir, coupe-la et jette-la loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d’un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer.
a. Si ton œil droit te pousse à mal agir, arrache-le : Ici Jésus utilise une figure de style, et n’a pas parlé littéralement. Malheureusement, certains l’ont pris de cette manière et se sont mutilés dans des efforts erronés dans la poursuite de la sainteté. Par exemple, le célèbre chrétien nommé Origène s’est castré sur le principe de ce passage.
i. Le problème avec une interprétation littérale, c’est qu’elle ne va pas assez loin ! Même si vous vous coupiez la main ou vous vous creviez un œil, vous pourriez toujours pécher avec votre autre main ou votre autre œil. Une fois débarrassé de tout cela, vous pouvez pécher, surtout avec votre esprit.
ii. « La mutilation ne servira pas le but ; elle peut empêcher l’acte extérieur, mais elle n’éteindra pas le désir » (Bruce).
b. Il vaut mieux pour toi subir la perte d’un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer : Jésus a simplement insisté sur le fait qu’il faut être prêt à se sacrifier pour être obéissant. Si une partie de notre vie est consacrée au péché, nous devons être convaincus qu’il est plus profitable pour cette partie de notre vie de « mourir » plutôt que de condamner toute notre vie.
i. C’est la seule chose que beaucoup ne sont pas disposés à faire, et c’est pourquoi ils restent piégés dans le péché, ou ne viennent jamais à Jésus. Ils ne dépassent jamais un vague désir d’être meilleur.
ii. « Le salut de nos âmes doit être préféré à toutes choses, qu’elles nous soient si chères et si précieuses ; et que si la discrétion ordinaire des hommes leur apprend, pour la conservation de leur corps, à couper un membre particulier, ce qui mettrait nécessairement en danger tout le corps, elle leur apprend bien plus à se séparer de tout ce qui pourrait nuire au salut de leurs âmes » (Poole).
5. (31-32) Jésus interprète la loi concernant le divorce.
»Il a été dit: Que celui qui renvoie sa femme lui donne une lettre de divorce. Mais moi, je vous dis: Celui qui renvoie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme divorcée commet un adultère.
a. Que celui qui renvoie sa femme lui donne une lettre de divorce : À l’époque de Jésus, beaucoup de gens interprétaient la permission de divorce mosaïque (Deutéronome 24:1) comme accordant pratiquement n’importe quelle raison comme motif de divorce. Certains rabbins ont enseigné que cela allait même jusqu’à permettre à un homme de divorcer de sa femme si elle brûlait son petit-déjeuner.
i. « Moïse a insisté sur “un écrit de divorce“, afin que les passions colériques puissent avoir le temps de se calmer et que la séparation, si elle doit arriver, puisse être effectuée avec délibération et avec une formalité légale. L’exigence d’un écrit était dans une certaine mesure un frein à une mauvaise habitude, qui était si enracinée dans le peuple que la refuser complètement aurait été inutile et n’aurait fait que créer un autre crime » (Spurgeon).
ii. Pourtant, à l’époque de Jésus, cette permission de Deutéronome 24:1 était devenue un instrument de cruauté contre les femmes. « Les scribes s’occupaient uniquement de mettre le projet de loi de séparation en bonne forme légale. Ils ne faisaient rien pour retenir le caprice injuste des maris ; ils ont plutôt ouvert une porte plus large à la licence » (Bruce).
iii. À cette époque, les motifs admissibles de divorce ont été débattus :
·L’école de Shammaï : « A restreint le “quelque chose de honteux” de Deutéronome 24:1 pour se référer uniquement à un délit sexuel authentifié par des témoins » (France).
·L’école d’Hillel : « L’a considéré comme signifiant tout motif de plainte, y compris brûler le dîner » (France).
b. Celui qui renvoie sa femme, sauf pour cause d’infidélité : La question du divorce tournait autour d’une interprétation stricte ou vague des mots quelque chose de honteux dans Deutéronome 24:1. Ceux qui voulaient faciliter le divorce avaient une interprétation vague. Jésus dit clairement que l’idée de quelque chose de honteux est l’infidélité, pas quelque chose que la femme pourrait faire pour déplaire au mari.
i. L’infidélité « traduit porneia, dont le sens fondamental est “fornication”, mais elle est plus largement utilisée, de sorte qu’elle pourrait inclure l’impudicité prénuptiale, découverte par la suite » (France).
ii. L’enseignement de Jésus sur le mariage et le divorce est expliqué plus en détail dans Matthieu 19, mais ici nous voyons l’intention de Jésus : revenir à l’intention de la loi, au lieu de permettre qu’elle soit utilisée comme une permission facile pour le divorce.
iii. « La clause d’exception de Matthieu n’introduit donc pas une nouvelle disposition, mais rend explicite ce que tout lecteur juif aurait pris pour acquis lorsque Jésus a fait les déclarations apparemment sans réserve de Marc 10:9-12 » (France).
iv. Cette insistance de Jésus sur la permanence du mariage et le tort du divorce injustifié allait à l’encontre de la pensée de beaucoup dans les cultures juive et non-juive. « En Grèce, nous voyons tout un système social basé sur des relations hors mariage ; nous voyons que ces relations étaient acceptées comme naturelles et normales, et nullement blâmables. La culture romaine en est venue à adopter cette attitude envers le mariage » (Barclay).
c. Commet un adultère : Un divorce illégitime fait place à l’adultère car Dieu ne reconnaît pas le divorce, et considère une nouvelle relation comme bigame. Il est possible pour une personne d’avoir un divorce qui est reconnu par l’État, mais pas par Dieu. Si cette personne épouse quelqu’un d’autre, Dieu considère cette relation comme un adultère parce qu’Il les considère comme toujours mariés.
6. (33-37) Jésus interprète la loi concernant les serments.
»Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens: Tu ne violeras pas ton serment, mais tu accompliras ce que tu as promis au Seigneur. Mais moi je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu, ni par la terre, parce que c’est son marchepied, ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux pas rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit ‘oui’ pour oui, ‘non’ pour non; ce qu’on y ajoute vient du mal.
a. Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens: Tu ne violeras pas ton serment : Les spécialistes de la loi et les pharisiens avaient perverti la loi Tu n’utiliseras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, à la légère (Exode 20:7) pour permettre de prendre pratiquement tous les autres noms sous un faux serment.
b. Ne pas jurer du tout : Jésus nous rappelle que Dieu fait de toute façon partie de chaque serment ; si vous jurez par le ciel, la terre, Jérusalem ou même ta tête, vous jurez par Dieu — et votre serment doit être honoré.
i. « Encore une déclaration sans réserve, à prendre non pas dans la lettre comme une nouvelle loi, mais dans l’esprit comme inculquant un tel amour de la vérité qu’en ce qui nous concerne, il n’y aura pas besoin de serments » (Bruce).
c. Que votre parole soit ‘oui’ pour oui : Devoir jurer ou prêter serment trahit la faiblesse de votre parole. Cela démontre qu’il n’y a pas assez de poids dans votre caractère personnel pour confirmer vos paroles. Combien il est préférable de laisser notre parole être ‘oui’ pour oui et ‘non’ pour non.
i. Certains ont pris cette parole de Jésus comme plus qu’une insistance sur la vérité et l’honnêteté, et comme une interdiction absolue de tous les serments. Ceci est erroné, car les serments sont autorisés dans certaines circonstances, tant qu’ils ne sont pas abusés et utilisés comme couverture pour la tromperie.
·Dieu Lui-même jure des serments : Hébreux 6:13 et Luc 1:73.
·Jésus a parlé sous serment dans un tribunal : Matthieu 26:63-64.
·Paul a fait des serments : Romains 1:9 ; 2 Corinthiens 1:23 ; Galates 1:20 ; 1 Thessaloniciens 2:5.
ii. « L’homme vraiment bon n’aura jamais besoin de prêter serment ; la vérité de ses paroles et la réalité de ses promesses n’ont pas besoin d’une telle garantie. Mais le fait que les serments soient encore parfois nécessaires est la preuve que les hommes ne sont pas des hommes bons et que ce n’est pas un monde bon » (Barclay).
7. (38-42) Jésus interprète la loi du châtiment.
»Vous avez appris qu’il a été dit: Œil pour œil et dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. Si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta chemise, laisse-lui encore ton manteau. Si quelqu’un te force à faire un kilomètre, fais-en deux avec lui. Donne à celui qui t’adresse une demande et ne te détourne pas de celui qui veut te faire un emprunt.
a. Vous avez appris qu’il a été dit: Œil pour œil et dent pour dent : La loi mosaïque enseignait œil pour œil, dent pour dent (Exode 21:24). Mais au fil du temps, les enseignants religieux ont déplacé ce commandement hors de sa sphère appropriée (un principe limitant la rétribution pour le gouvernement civil) et l’ont placé dans la mauvaise sphère (en tant qu’obligation dans les relations personnelles).
b. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre : Ici, Jésus présente la plénitude de la loi de l’œil pour œil, et comment son idée de limiter la vengeance se prolonge dans le principe d’accepter certains maux contre soi-même.
i. Lorsqu’une personne nous insulte (te gifle sur la joue droite), nous voulons lui rendre ce qu’elle nous a donné, et plus encore. Jésus a dit que nous devrions supporter patiemment de telles insultes et offenses, et ne pas résister au méchant qui nous insulte de cette façon. Au lieu de cela, nous faisons confiance à Dieu pour qu’Il nous défende. France souligne que d’anciens écrits juifs disent que frapper quelqu’un avec le dos de la main — une insulte grave — était passible d’une très lourde amende, selon la Mishna BK 8:6.
ii. Il est erroné de penser que Jésus veut dire qu’il ne faut jamais résister au mal. Jésus a démontré par Sa vie que le mal devrait et doit être combattu, comme lorsqu’Il a renversé les tables dans le temple.
iii. « Jésus dit ici que le vrai chrétien a appris à ne ressentir aucune insulte et à ne rechercher de représailles pour aucune offense » (Barclay). Quand nous pensons à la façon dont Jésus Lui-même a été insulté et critiqué (comme glouton, ivrogne, enfant illégitime, blasphémateur, fou, etc.), nous voyons comment Il a Lui-même vécu ce principe.
iv. Il est erroné de penser que Jésus veut dire que l’on ne doit pas résister ou se défendre d’une attaque physique. Lorsque Jésus parle d’une gifle sur la joue droite, cela a été culturellement compris comme une profonde insulte, et non comme une attaque physique. Jésus ne veut pas dire que si quelqu’un frappe le côté droit de notre tête avec une batte de baseball, nous devons lui permettre de frapper le côté gauche. « Si un droitier frappe la joue droite de quelqu’un, il s’agit vraisemblablement d’une gifle avec le dos de la main, probablement considérée comme plus insultante qu’une gifle avec la paume ouverte » (Carson). 2 Corinthiens 11:20 a probablement à l’esprit ce type de « gifle insultante ».
v. Il est également erroné de penser que Jésus veut dire qu’il n’y a pas de place pour la punition ou la rétribution dans la société. Jésus parle ici des relations personnelles, et non des fonctions appropriées du gouvernement pour contenir le mal (Romains 13:1-4). Je dois tendre la joue quand je suis personnellement insulté, mais le gouvernement a la responsabilité d’empêcher l’homme malfaisant d’agresser physiquement.
c. Si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta chemise, laisse-lui encore ton manteau : Sous la loi de Moïse, on ne pouvait pas prendre le manteau extérieur de quelqu’un (Exode 22:26 ; Deutéronome 24:13).
i. « Les disciples de Jésus, s’ils sont poursuivis pour leurs tuniques (un vêtement d’intérieur comme notre costume mais porté à même la peau), loin de chercher satisfaction, se sépareront volontiers de ce qu’ils pourraient garder légalement » (Carson).
ii. « Pourtant, même dans un pays où justice peut être rendue, nous ne devons pas recourir à la loi pour chaque tort personnel. Nous devrions plutôt endurer d’être assujettis plutôt que de crier sans cesse : “Je vais présenter un recours.” » (Spurgeon).
d. Si quelqu’un te force à faire un kilomètre, fais-en deux avec lui : Positivement, on nous dit de prendre le contrôle des mauvaises impositions en faisant le choix délibéré de donner plus que ce qui nous est demandé. À cette époque, la Judée était sous occupation militaire romaine. En vertu de la loi militaire, tout soldat romain pouvait ordonner à un juif de porter son sac de soldat sur un mile — mais seulement sur un mile. Jésus dit ici : « Allez au-delà du mile requis par la loi et donnez un autre mile en choisissant librement, par amour. » C’est ainsi que nous transformons une tentative de nous manipuler en un acte d’amour libre.
i. « Les Juifs avaient du ressentiment farouche envers de telles impositions, et le choix de cet exemple de Jésus Le dissocie délibérément des militants nationalistes. Plutôt que de résister, ou même d’avoir du ressentiment, le disciple devrait se porter volontaire pour un autre mile » (France).
ii. « L’ancien a dit : Insistez sur votre propre droit et aimez votre prochain, détestez votre ennemi et assurez ainsi votre sécurité. Le nouveau dit : Souffrez le mal commis et prodiguez votre amour à tous » (Morgan).
e. Donne à celui qui t’adresse une demande : La seule limite à ce type de sacrifice est la limite que l’amour lui-même imposera. Ce n’est pas aimer que de céder à la manipulation de quelqu’un sans que nous la transformions en un acte d’amour libre. Ce n’est pas toujours aimer que de donner ou de ne pas résister.
i. On pourrait dire que Paul a répété cette idée de Jésus : Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien (Romains 12:21).
8. (43-47) Jésus interprète la loi de l’amour envers son prochain.
»Vous avez appris qu’il a été dit: ‘Tu aimeras ton prochain et tu détesteras ton ennemi.’ Mais moi je vous dis: Aimez vos ennemis, [bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent] et priez pour ceux [qui vous maltraitent et] qui vous persécutent, afin d’être les fils de votre Père céleste. En effet, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les collecteurs d’impôts n’agissent-ils pas de même? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire?Les membres des autres peuples n’agissent-ils pas de même?
a. Vous avez appris qu’il a été dit: ‘Tu aimeras ton prochain et tu détesteras ton ennemi.’ : La loi mosaïque ordonnait : tu aimeras ton prochain (Lévitique 19:18). Pourtant, certains enseignants à l’époque de Jésus ont ajouté une application erronée opposée — et mauvaise : une obligation égale ; tu détesteras ton ennemi.
i. « Ils considéraient généralement tous les incirconcis, non comme leurs prochains, mais comme leurs ennemis, que le précepte ne les obligeait pas à aimer » (Poole).
b. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis : Au lieu de cela, Jésus rappelle qu’au sens où Dieu l’entend, tout le monde est notre prochain, même nos ennemis. Pour vraiment accomplir cette loi, nous devons aime[r], béni[r], fai[re] du bien et prie[r] pour nos ennemis — pas seulement pour nos amis.
i. Jésus a compris que nous aurons des ennemis, mais nous devons leur répondre avec amour, confiants que Dieu protégera notre cause et détruira nos ennemis de la meilleure façon possible : en les transformant en nos amis.
ii. « L’attitude du disciple face à la persécution religieuse doit aller au-delà de l’absence de vengeance vers un amour positif » (France).
iii. « Une tâche difficile, je dois le dire, mais, difficile ou pas, elle doit être accomplie, même si c’est infiniment contraire à notre nature immonde et à nos anciennes pratiques » (Trapp).
c. Afin d’être les fils de votre Père céleste : En faisant cela, nous imitons Dieu, qui fait preuve d’amour envers Ses ennemis, en faisant pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
i. « Vous voyez la philosophie de la nature de notre Seigneur Jésus-Christ. Il croyait à la présence et à l’œuvre immédiates de Dieu. En tant qu’excellent Fils de Dieu, Il avait une perception très sensible de la présence de Son Père dans toutes les scènes qui L’entouraient, et c’est pourquoi Il appelle le soleil, le soleil de Dieu : “Il fait lever Son soleil.” » (Spurgeon).
ii. « Comme s’Il ne considérait pas du tout la nature humaine, Dieu ordonne à Son soleil de briller sur le bien et le mal. Comme s’Il ne savait pas que les hommes étaient vils, Il ordonne que la pluie tombe sur les justes et les injustes. Pourtant, Il le sait, car Il n’est pas une divinité aveugle. Il sait bien ; et Il sait que quand Son soleil brille sur les acres de l’avare là-bas, il produit une moisson pour un manant. Il le fait délibérément. Quand la pluie tombe là-bas sur les récoltes de l’oppresseur, Il sait que l’oppresseur n’en sera que plus riche, et veut qu’Il le soit ; Il ne fait rien par erreur ni rien sans but » (Spurgeon).
iii. « Que nous dit Dieu quand Il agit ainsi ? Je crois qu’Il dit ceci : “C’est le jour de la grâce gratuite ; c’est le temps de la bonté.” L’heure du jugement n’est pas encore arrivée, où Il séparera le bien du mal ; quand Il montera sur le tribunal et attribuera des parts différentes aux justes et aux méchants » (Spurgeon).
iv. Ceci est un exemple — que nous devons aussi aimer nos ennemis et les bénir si nous le pouvons. Ce faisant, nous nous montrons fils de notre Père céleste. « Nous sommes faits fils par renouvellement, par la foi en Jésus, le Fils ; mais nous sommes appelés à affermir notre vocation et notre élection — à approuver et à défendre notre droit à ce nom sacré. Nous ne pouvons le faire qu’en montrant en paroles et en actes que la vie et les principes divins nous animent » (Meyer).
d. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous : Que faites-vous de plus que le pécheur ? Nous devrions considérer que ce n’est pas une question de vertu si nous rendons simplement l’amour qui nous est donné.
i. Souvenez-vous, Jésus a enseigné ici le caractère des citoyens de Son royaume. Nous devrions nous attendre à ce que ce caractère soit différent du caractère qu’on voit dans le monde. Il y a de nombreuses bonnes raisons pour lesquelles on devrait attendre plus des chrétiens que des autres :
·Ils prétendent avoir quelque chose que les autres n’ont pas ; ils prétendent être renouvelés, repentants et rachetés par Jésus-Christ.
·Ils ont en fait quelque chose que les autres n’ont pas ; ils sont en fait renouvelés, repentants et rachetés par Jésus-Christ.
·Ils ont un pouvoir que les autres n’ont pas ; ils peuvent tout faire par Christ qui les fortifie.
·Ils ont l’Esprit de Dieu qui habite en eux.
·Ils ont un avenir meilleur que les autres.
9. (48) La conclusion à la véritable interprétation de la loi : Soyez parfaits.
Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.
a. Soyez donc parfaits : Si un individu pouvait vivre comme Jésus nous l’a dit dans ce chapitre, il serait vraiment parfait.
·Il ne haïrait jamais, ne calomnierait jamais ni ne dirait du mal d’une autre personne.
·Il ne convoiterait jamais dans son cœur ou son esprit, et ne convoiterait rien.
·Il ne ferait jamais de faux serment et serait toujours complètement sincère.
·Il laisserait Dieu défendre ses droits personnels, et ne prendrait pas sur lui de défendre ces droits.
·Il aimerait toujours son prochain, et même ses ennemis.
b. Comme votre Père céleste est parfait : Si un homme pouvait garder exactement ce que Jésus a dit ici, il aurait vraiment une justice plus grande que celle des spécialistes de la loi et des pharisiens (Matthieu 5:20), la chose même que nous devons avoir pour entrer dans le Royaume. Mais il n’y a qu’un seul homme qui ait vécu ainsi : Jésus-Christ. Et nous autres ? Sommes-nous exclus du Royaume de Dieu ?
i. « Jésus dit que la vraie direction dans laquelle la loi a toujours pointé n’est pas vers de simples restrictions judiciaires, des concessions nées de la dureté du cœur des hommes… ni même vers la “loi de l’amour”… Non, elle indiquait toute la perfection de Dieu, illustrée par l’interprétation autoritaire de la loi » (Carson).
ii. Nous voyons que dans cette section, Jésus ne cherchait pas principalement à montrer ce que Dieu exige du chrétien dans sa vie quotidienne. Certes, Jésus a révélé la norme ultime de Dieu, et nous devons la prendre à cœur. Mais Son intention première était de dire : « Si vous voulez être juste par la loi, vous devez observer toute la loi, interne et externe, c’est-à-dire que vous devez être parfaits. »
iii. Jésus a démontré que nous avons besoin d’une justice en dehors de la loi (Romains 3:21-22). Comme Paul l’a dit dans Romains 3:21-22 : Mais maintenant, la justice de Dieu dont témoignent la loi et les prophètes a été manifestée indépendamment de la loi: c’est la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient.
iv. Quel est notre rapport actuel à la loi, telle qu’elle est véritablement interprétée ? Nous sommes exposés comme des pécheurs coupables qui ne peuvent jamais se rendre justes en faisant de bonnes œuvres — ce qui était exactement le point de vue de la plupart des gens à l’époque de Jésus et à la nôtre encore.
v. Enfin, lorsqu’il s’agit de comprendre l’interprétation et les exigences de la loi, nous ferions bien de nous souvenir d’un autre aspect de l’enseignement de Jésus sur la loi : en nous concentrant sur le commandement d’aimer Dieu et notre prochain, nous comprendrons à juste titre les exigences et les détails de la loi (Matthieu 22:37-40). L’apôtre Paul a écrit à peu près la même chose : Le but de ces instructions, c’est un amour qui provienne d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère (1 Timothée 1:5).
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