Matthieu 15 – Jésus réprimande les pharisiens et se met au service des non-Juifs
A. Jésus dénonce les religiosités centrées sur l’externe.
1. (1-2) Des chefs venus de Jérusalem questionnent Jésus.
Alors des pharisiens et des spécialistes de la loi vinrent de Jérusalem trouver Jésus et dirent: «Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? En effet, ils ne se lavent pas les mains quand ils prennent leur repas.»
a. Alors des pharisiens et des spécialistes de la loi vinrent de Jérusalem trouver Jésus : Jusque-là, la plus grande partie du ministère de Jésus avait eu lieu dans la région de la Galilée. La Galilée était au nord de Juda, région où se trouve Jérusalem. Ces pharisiens et ces spécialistes de la loi étaient une délégation officielle envoyée par Jérusalem, afin d’enquêter et d’évaluer quels étaient les faits et les paroles de cet homme, Jésus.
i. « Ils étaient sincèrement intrigués ; et en très peu de temps, ils vont être sincèrement outragés et choqués » (Barclay).
b. Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? Ces ablutions cérémonielles étaient ordonnées par la tradition, et non par les Écritures. Les chefs religieux reconnaissent cela puisqu’ils font référence à la tradition des anciens et non au commandement de Dieu.
i. « Les “anciens”, ici, ne sont pas les dirigeants vivants du peuple, mais les anciens dépositaires de l’autorité religieuse, considérés d’autant plus vénérables qu’ils étaient éloignés dans le temps » (Bruce).
c. Ils ne se lavent pas les mains quand ils prennent leur repas : Le problème en question n’a rien à voir avec l’hygiène. Les officiels religieux étaient offusqués de ce que les disciples n’observaient pas les rituels nombreux et rigides concernant les ablutions avant le repas.
i. Dans l’antiquité, bien des Juifs considéraient cette tradition des anciens avec beaucoup de sérieux. « Le rabbin juif José disait : Celui qui mange sans avoir lavé ses mains, pèche autant que celui qui couche avec une prostituée » (Poole).
ii. « Les exemples suivants démontrent l’estime que les Juifs leur accordent : “Les paroles des spécialistes de la loi sont plus aimables que les paroles de la loi : car les paroles de la loi peuvent être pesantes ou légères, tandis que les paroles des spécialistes de la loi sont toutes pesantes.” Hierus. Berac. fol. 3 » (Clarke).
2. (3) Jésus répond avec une question qui oppose la tradition de l’homme à la volonté de Dieu.
Il leur répondit: «Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition?
a. Pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu : Quand les disciples furent accusés de péché, Jésus répondit par une accusation. Jésus répondit fortement parce que ces chefs étaient bien trop préoccupés par ces banalités cérémonielles. Quand ils déclaraient les gens impurs à cause de leur tradition, ils niaient au peuple l’accès à Dieu.
i. C’était une réponse forte de la part de Jésus. Vu de l’extérieur, ces conflits devinrent la raison ultime pour laquelle Jésus fut livrés aux Romains pour être mis à mort.
b. Au profit de votre tradition : Jésus répétait ce que les spécialistes de la loi et les pharisiens lui avaient déjà mentionné — l’accusation portée est basée sur la tradition. Les chefs religieux exigent ces ablutions cérémonielles sur la base de leur tradition, et non sur la base des Écritures.
3. (4-6) Un exemple de comment leurs traditions déshonorent Dieu : la pratique de ne pas aider ses parents avec des ressources qu’on a dit avoir dévouées à Dieu.
En effet, Dieu a dit: Honore ton père et ta mère et: Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort. Mais d’après vous, celui qui dira à son père ou à sa mère: ‘Ce dont j’aurais pu t’assister est une offrande à Dieu’ n’est pas tenu d’honorer son père [ou sa mère]. Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition.
a. Honore ton père et ta mère : Ce commandement de Dieu est clair, et dit que chacun honore[s]on père et [s]a mère — ce commandement va jusqu’à prononcer une pénalité pour la désobéissance extrême à ce commandement. Quand nous sommes adultes et ne vivons plus dans le foyer de nos parents ou ne sommes plus sous leur autorité, nous ne devons plus obéir à notre père et à notre mère. Cependant, il nous est toujours ordonné qu’on les honore ; ce commandement perdure.
b. Ce dont j’aurais pu t’assister est une offrande à Dieu : Certains Juifs de l’époque de Jésus avaient un moyen de contourner le commandement : Honore ton père et ta mère. S’ils déclaraient que tout ce qui leur appartenait, ainsi que leur épargne, était une offrande à Dieu, spécialement dédiée à Dieu, ils pouvaient alors dire que leurs ressources ne pouvaient plus être utilisées pour venir en aide à leurs parents.
i. « Cette déclaration pratique permettait apparemment au propriétaire qui avait fait le vœu de conserver la disposition de ses biens, mais privait à ses parents tout doit sur ces biens » (France).
ii. « Notre Sauveur, ici, nous fait aussi savoir que le cinquième commandement oblige les enfants à soutenir leurs parents dans leurs besoins, et c’est le sens du terme honorer dans d’autres textes de l’Écriture » (Poole).
c. Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition : Par ce tour de passe-passe, on pouvait complètement désobéir au commandement honore ton père et ta mère, et cela tout en étant ultrareligieux.
4. (7-9) Jésus condamne leur tradition vide en tant qu’hypocrisie.
Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé sur vous, quand il a dit: Ce peuple [prétend s’approcher de moi et] m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est faussement qu’ils m’honorent en donnant des enseignements qui sont des commandements humains.»
a. Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi : Cela était vrai au sujet des chefs religieux auxquels Jésus était confronté et pour lesquels Il a cité ce passage d’Ésaïe (Ésaïe 29:13). Cependant, cela peut être vrai pour nous également. Nous pouvons avoir l’apparence d’être proches de Dieu, alors même que notre cœur est éloigné de Lui. On peut facilement désirer et être impressionné par l’image d’une personne proche de Dieu, sans réellement l’être de tout cœur.
i. Dieu s’intéresse à l’interne et au réel. Nous sommes beaucoup plus intéressés par ce qui est seulement externe et par l’image. Chacun doit faire attention à ce que sa relation avec Dieu ne soit pas seulement extérieure, pas seulement une image.
b. Donnant des enseignements qui sont des commandements humains : La citation d’Ésaïe décrit avec précision le véritable problème de ces chefs religieux. Ils ont élevé la tradition humaine au même niveau que la Parole révélée de Dieu.
i. Jésus n’a pas dit : « Toutes les traditions sont mauvaises. » Il n’a pas dit : « Toutes les traditions sont bonnes. » Il a comparé les traditions à la Parole de Dieu, et Il les a mis à un niveau de priorité bien plus bas par rapport à ce que Dieu a dit.
5. (10-11) Jésus parle à la foule au sujet des religiosités centrées sur l’externe.
Jésus appela la foule à lui et dit: «Ecoutez-moi et comprenez bien: 11 ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche. Voilà ce qui rend l’homme impur.»
a. Jésus appela la foule à lui : Après s’être occupé des chefs religieux, Jésus instruisit le commun du peuple au sujet de la piété authentique.
b. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche. Voilà ce qui rend l’homme impur : Jésus présenta un principe fondamental. Manger avec des « mains impures », ou toute autre chose que nous mettons en nous, ne peut pas souiller ; au contraire, ce qui sort est ce qui souille, et cela révèle si nous avons des cœurs impurs (souillés).
i. Cela ne revient pas à dire qu’il n’y a aucune chose que nous pouvons mettre en nous-mêmes qui puisse souiller ; un exemple de cela serait la pornographie. Mais dans ce contexte spécifique, Jésus parle de la pureté cérémonielle en ce qui concerne la nourriture, et Il anticipait que sous la nouvelle alliance toute nourriture serait déclarée casher (Actes 10:15).
ii. « Les principes présentés par les paroles de Jésus dans Matthieu 15:11 et 17-20 rendirent inévitable l’abandon par l’Église des règles sur l’alimentation édictées dans l’Ancien Testament » (France).
6. (12-14) Jésus avertit Ses disciples que seulement ce qui est de Dieu et de la vérité durera et sera durable.
Alors ses disciples s’approchèrent et lui dirent: «Sais-tu que les pharisiens ont été scandalisés d’entendre ces paroles?» Il répondit: «Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera déracinée. Laissez-les: ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous les deux dans un fossé.»
a. Sais-tu que les pharisiens ont été scandalisés d’entendre ces paroles? C’est une scène pleine d’humour. Les disciples vinrent à Jésus, et Lui dirent quelque chose comme : « Jésus — as-Tu remarqué que Tu as choqué ces gens-là ? » Bien sûr que Jésus savait qu’Il les avait choqués ! Il voulait les choquer et choquer leur manière de surestimer la valeur de la tradition humaine.
b. Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera déracinée : Ceci s’appliquait directement aux chefs religieux et à tous ceux qui leur ressemblent. Leurs commandements d’hommes ne dureront pas, car ils ne sont enracinés ni en Dieu ni en la vérité.
i. « Il n’était pas nécessaire que les disciples combattent les pharisiens, car ils seraient déracinés par l’ordre naturel des choses, comme une conséquence inévitable de leur comportement » (Spurgeon).
ii. Cependant ce principe devrait nous conduire à nous examiner nous-mêmes pour voir si nous imitons les pharisiens en changeant des traditions en commandements. « Ici, nous voyons le test que doit passer tout enseignement humain, quelles que soient les bonnes intentions qui le caractérisent. S’il n’est pas basé et enraciné dans la Parole de Dieu, ou s’il s’éloigne d’une quelconque manière des véritables intentions de cette Parole, il doit être déraciné sans pitié. Par ce test nous devons toujours tester nos traditions, coutumes, habitudes, règles, règlements » (Morgan).
c. Laissez-les : Jésus n’a pas organisé un comité au but « anti-spécialistes de la loi et pharisiens ». Il savait que leurs efforts échoueraient sous le poids de leur propre légalisme.
d. Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles… ils tomberont tous les deux dans un fossé : On ressent bien que Jésus a dit cela avec tristesse, et peut-être avec plus de tristesse pour ceux qui sont conduits par des aveugles que pour les aveugles qui conduisent des aveugles.
i. « Bien que les pharisiens et les spécialistes de la loi avaient des parchemins et les interprétaient dans les synagogues, cela ne signifie pas qu’ils les comprenaient réellement… Les pharisiens ne suivaient pas Jésus ; aussi ils ne comprenaient pas et ne suivaient pas les Écritures » (Carson).
ii. « Je compatis envers ces pauvres gens, parce que lorsque des aveugles conduisent des aveugles ils tombent tous deux dans un fossé. Un ministère ignorant et infidèle est la plus grande plaie que Dieu peut envoyer sur un peuple » (Poole).
iii. Dans ces paroles de Jésus, on peut voir la culpabilité de ceux qui sont des aveugles qui conduisent des aveugles. Nous voyons aussi la responsabilité de ceux qui suivent de s’assurer que leurs leaders ne soient pas aveugles.
7. (15-20) La condition du cœur est vraiment ce qui peut souiller une personne.
Pierre prit la parole et lui dit: «Explique-nous cette parabole.» Jésus dit: «Vous aussi, vous êtes encore sans intelligence? Ne comprenez-vous pas encore que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, puis est évacué dans les toilettes? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui rend l’homme impur. En effet, c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, l’immoralité sexuelle, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà ce qui rend l’homme impur; mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne rend pas l’homme impur.»
a. Explique-nous cette parabole : Dans Matthieu 15:12-14, Jésus n’a pas vraiment dit une parabole (à l’exception de la brève illustration des aveugles qui conduisent des aveugles). Cependant, parce que les disciples ne L’ont pas compris, ils demandèrent une explication (Vous aussi, vous êtes encore sans intelligence?).
b. Ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui rend l’homme impur : Jésus développe la notion qu’Il a d’abord présentée dans Matthieu 15:11. Nous sommes souillés de l’intérieur vers l’extérieur plutôt que de l’extérieur vers l’intérieur, et cela est particulièrement vrai pour les choses cérémonielles comme les aliments.
i. Jésus a dit très clairement que ces choses mauvaises viennent de notre nature la plus profonde. Ce ne sont pas des accidents ou de simples « erreurs » ; ces choses révèlent à quel point nous sommes corrompus dans notre nature déchue. « Le cœur est la source du vrai caractère de l’homme, et ainsi de sa pureté ou de son impureté… ce n’est pas seulement le siège de l’émotion, mais il révèle la vraie personne telle qu’elle est réellement, pas seulement telle qu’elle apparaît extérieurement » (France).
ii. « “Les meurtres” ne commencent pas par le poignard, mais par la malice de l’âme. “Les adultères [et] l’immoralité sexuelle” sont d’abord chéris dans le cœur avant d’être mis en œuvre par le corps. Le cœur est la cage d’où s’envolent ces oiseaux impurs » (Spurgeon).
iii. Disons-le sans détours : beaucoup de gens qui s’inquiètent des attitudes extérieures (ce qu’ils mangent, boivent, et autres choses de ce genre) devraient se soucier davantage des mots qui sortent de leurs bouches. Ils font plus contre Dieu et contre Son peuple par ce qu’ils disent que par ce qu’ils mangent ou boivent.
iv. Puis est évacué dans les toilettes : « Voici une parole triviale et un sujet trivial que Jésus aurait volontiers évité, mais Il S’oblige à en parler pour le bien de Ses disciples. La notion abordée est la suivante : la nourriture n’apporte aucune souillure morale à l’âme ; en effet, s’il y a une souillure à ce niveau, elle est purement physique, passant au travers des intestins, jusqu’au lieu où on en dispose. Il n’y a aucun doute que Jésus ait dit ces paroles, car autrement personne n’aurait mis de telles paroles dans Sa bouche » (Bruce).
c. Mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne rend pas l’homme impur : Malheureusement, les chefs religieux à l’époque de Jésus — et encore aujourd’hui — souvent insistent uniquement sur ces choses externes, pas sur les choses internes qui caractérisent la véritable justice.
B. Jésus répond à la demande d’une non-Juive.
1. (21-22) Jésus répond à la requête d’une femme non-juive.
Jésus partit de là et se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon. Alors une femme cananéenne qui venait de cette région lui cria: «Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par un démon.»
a. Dans le territoire de Tyr et de Sidon : Tyr et Sidon étaient des villes des non-Juifs, situées à environ 50 miles (80 kilomètres) de distance. Jésus a fait tout ce détour afin de répondre aux besoins d’une femme, cette femme non-juive. Cela montre l’amour remarquable et surprenant de Jésus pour cette femme cananéenne.
i. « L’utilisation par Matthieu du vieux terme “cananéenne” montre qu’il ne peut pas oublier son ascendance : maintenant, une descendante des ennemis historiques d’Israël vient au Messie juif pour être bénie » (Carson).
ii. Il était improbable que Jésus se rende dans le territoire de Tyr et de Sidon. « À cette même époque, ou pas beaucoup plus tard, Josèphe pouvait écrire : “Parmi les Phéniciens, les Tyriens sont ceux qui ont le plus de rancune envers nous” » (Barclay).
iii. « Allons toujours travailler notre champ jusqu’à son extrémité, et servons notre génération jusqu’aux plus lointaines limites de notre sphère » (Spurgeon).
b. Aie pitié de moi… Ma fille est cruellement tourmentée par un démon : Cette femme est venue intercéder pour sa fille, et elle nous donne ainsi un exemple remarquable d’intercesseur efficace — c’est son grand besoin qui lui a appris la façon de prier. Quand elle est venue à Jésus, elle a fait siens les besoins de sa fille.
c. Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Cette femme non-juive avait aussi compris qui était Jésus. Beaucoup parmi les compatriotes mêmes de Jésus ne comprenaient pas qui était Jésus, mais cette femme cananéenne l’avait compris.
i. Peut-être que cette femme savait que Jésus avait guéri des non-Juifs auparavant (Matthieu 4:24-25 ; 8:5-13). Cependant, cette rencontre était unique car Jésus avait fait ces autres miracles en territoire juif, lorsque des non-Juifs étaient venus à Lui. Ici, Jésus est venu sur un territoire des non-Juifs et fait ainsi la rencontre de cette femme.
2. (23-24) Réponse froide de Jésus à la requête de la femme non-juive.
Il ne lui répondit pas un mot; ses disciples s’approchèrent et lui demandèrent: «Renvoie-la, car elle crie derrière nous.» Il répondit: «Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la communauté d’Israël.»
a. Il ne lui répondit pas un mot : Bien que la mère non-juive intercédait pour sa fille, Jésus ne lui donna pas immédiatement de réponse encourageante. Sa réticence, a conduit la femme non-juive à mettre encore plus d’énergie dans ses requêtes, et à les remplir d’encore plus de foi.
i. « Comme le dit Augustin : “La Parole ne prononça aucune parole,” et cela n’était pas Son habitude. Celui qui était toujours si prompt à répondre aux cris de détresse n’avait aucune réponse pour elle » (Spurgeon).
b. Renvoie-la, car elle crie derrière nous : Il est probable que les disciples aient voulu dire : « Renvoie-la en lui donnant ce qu’elle veut. » Il est tout à fait possible qu’ils aient simplement voulu qu’elle s’en aille, et le moyen le plus simple était que Jésus résolve son problème.
i. Renvoie-la : « Dans Luc 2:29, le même verbe est utilisé au sujet d’un renvoi fait après avoir satisfait le désir présenté » (France).
c. Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la communauté d’Israël : Jésus présente le sujet central de Sa mission à Ses disciples irrités ainsi qu’à la femme non-juive. Il présenta clairement qu’Il n’avait pas été envoyé aux non-Juifs comme elle.
i. Il est juste de se demander si Jésus voulait parler des brebis perdues faisant partie de la maison d’Israël, ou s’Il voulait dire qu’Israël dans son ensemble était constitué de brebis perdues. Les instructions de Jésus à Ses disciples dans Matthieu 10:6 (« Allez plutôt vers les brebis perdues de la communauté d’Israël ») semblent plutôt conduire à cette dernière interprétation.
3. (25-27) Le cri persistant de la femme non-juive à Jésus.
Mais elle vint se prosterner devant lui et dit: «Seigneur, secours-moi!» Il répondit: «Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.» «Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.»
a. Mais elle vint se prosterner devant lui et dit: «Seigneur, secours-moi!» Elle répondit au refus de Jésus avec encore plus de dévouement afin d’obtenir la réponse à sa demande. Ce faisant, la femme non-juive a continué à montrer ce que fait un intercesseur dévoué.
i. « Elle ne pouvait pas résoudre les problèmes du destin de sa race et de la mission du Seigneur ; mais elle pouvait prier… En tant que Berger, peut-être qu’Il ne peut pas la rassembler au troupeau, mais en tant que Seigneur, peut-être qu’Il peut l’aider » (Spurgeon).
ii. « Je vous exhorte, vous qui cherchez la conversion des autres, à suivre son exemple. Remarquez bien qu’elle n’a pas prié : “Seigneur, aide ma fille” ; mais plutôt : “Seigneur, aide-moi” » (Spurgeon).
iii. « Je vous recommande cette prière parce que c’est une prière vraiment pratique. Vous pouvez l’utiliser lorsque vous êtes pressé, vous pouvez l’utiliser lorsque vous avez une frayeur, vous pouvez l’utiliser lorsque vous n’avez pas le temps de plier le genou. Vous pouvez l’utiliser en chaire si vous allez prêcher, vous pouvez l’utiliser lorsque vous ouvrez votre boutique, vous pouvez l’utiliser lorsque vous vous levez le matin. C’est une prière si pratique que je ne connais pratiquement aucune situation dans laquelle vous ne pourriez pas prier cela : “Seigneur, aide-moi” » (Spurgeon).
b. Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeteraux petits chiens : Jésus continuait de dire des choses décourageantes à la femme, mais pas avec la dureté qu’on pourrait croire au premier abord. Lorsque Jésus dit qu’elle fait partie des petits chiens, Il utilise le mot petit pour adoucir la dureté de l’appeler un chien. Cela adoucissait le blâme traditionnel des Juifs envers les non-Juifs, qui les appelaient des chiens dans le sens le plus péjoratif du terme.
i. Nous sommes soumis à l’inconvénient considérable de ne pouvoir entendre le ton que Jésus employa pour parler à cette femme. On peut penser que Son ton n’était pas dur ; nous pensons plutôt qu’il était engageant, avec pour effet d’inviter la femme à plus de foi. Il est possible de prononcer des mots durs d’une manière joueuse ou engageante.
ii. « Le mot le plus dur « chiens » contient une faille. « Chiens » n’est pas un mot faisant référence aux chiens de l’extérieur, de la rue, mais aux chiens domestiques appartenant à la famille, qui ont leur place, même si ce n’est pas celle des enfants » (Bruce).
c. Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres : La femme répondit avec une grande foi. Elle admit son état inférieur et ne débattit pas sur ce sujet lorsque Jésus la présenta comme étant un des petits chiens. Elle n’a pas requis d’être vue comme une enfant ; mais seulement à être bénie comme un chien.
i. C’était comme si elle avait dit : « Jésus, je comprends que les Juifs sont au centre de Ton ministère — je comprends qu’ils ont une place spéciale dans le plan de Dieu pour la rédemption de l’Homme. Cependant, je comprends aussi que Ton ministère s’étend au-delà du peuple juif, et je veux faire partie de cette bénédiction étendue. »
ii. Sa réponse revêt une grande signification à la lumière du rejet croissant de Jésus par les chefs religieux juifs. C’était comme si la femme disait : « Je ne demande pas la part qui appartient aux enfants, seulement les miettes dont ils ne veulent pas. » Dans le récit de l’Évangile selon Matthieu, il nous est présenté de plus en plus d’éléments que l’autorité religieuse institutionnelle juive refusait de recevoir.
iii. Ce mot était rempli de foi : Mais. Elle acceptait la description de Jésus et demandait miséricorde malgré cela — ou peut-être à cause de cela. « Elle n’allait pas céder, bien qu’Il lui ait donné trois rejets. Ainsi, on peut dire qu’elle a fait comme Jacob, lorsqu’il dit : Je ne te laisserai pas partir avant que tu ne m’aies béni. Et Lui comme un prince, ainsi qu’elle comme une princesse, l’emportèrent devant Dieu et obtinrent chacun ce qu’ils désiraient » (Poole).
iv. « Cher ami, peut-être que quelqu’un vous a murmuré à l’oreille : “Supposons que vous ne faisiez pas partie des élus.” Eh bien, c’est tout à fait ce que les paroles de notre Seigneur signifièrent pour elle… Remarquez que cette femme ne combat pas du tout cette vérité, elle ne soulève aucune question à ce sujet ; elle y renonce sagement, et elle continue simplement à prier : “Seigneur, aide-moi ! Seigneur, aie pitié de moi !” Je vous invite, cher ami, à faire de même » (Spurgeon).
4. (28) Jésus récompense la grande foi de la femme non-juive.
Alors Jésus lui dit: «Femme, ta foi est grande. Sois traitée conformément à ton désir.» À partir de ce moment, sa fille fut guérie.
a. Alors Jésus lui dit : Enfin, la femme recevra une parole encourageante de Jésus.
b. Femme, ta foi est grande. Jésus n’a jamais dit cela à une autre personne. Il a complimenté la grande foi de l’officier romain qui a demandé à Jésus de guérir son serviteur (Matthieu 8:10), mais Il l’a dit à la foule, pas directement à l’officier. Cette femme non-juive l’a entendu directement de Jésus.
i. De manière significative, les deux seules personnes qui reçurent ce compliment de la part de Jésus furent ces non-Juifs. Cela nous montre que :
·Une grande foi peut être trouvée dans des endroits inattendus — pas simplement des non-Juifs, mais un officier et une femme !
·Une grande foi se mesure parfois à ses désavantages. Leur foi était grande car elle n’avait pas l’avantage d’être nourrie par les institutions du judaïsme.
·La foi est souvent plus grande lorsqu’elle est exprimée au nom du besoin de quelqu’un d’autre.
ii. Ta foi est grande. « Personne d’autre ne reçoit de Jésus une telle distinction » (France).
c. Femme, ta foi est grande. Sois traitée conformément à ton désir : Sa foi était assez grande pour qu’elle reçoive l’objet de sa demande — ce qu’elle voulait de Jésus.
·Sa foi était grande, même en comparaison à ses autres vertus. Elle était humble, elle était patiente, elle était persévérante, elle pourvoyait aux besoins de son enfant. Pourtant, Jésus n’a complimenté aucune de ces bonnes choses, si ce n’est seulement sa foi.
·Sa foi était grande parce qu’elle était invraisemblable. Personne n’aurait pu s’attendre à ce qu’une non-Juive mette tant de confiance en Jésus.
·Sa foi était grande parce qu’elle vint se prosterner devant Jésus avant même d’avoir reçu une réponse de Sa part.
·Sa foi était grande parce qu’elle avait été si sévèrement mise à l’épreuve. Il est difficile d’imaginer une plus grande épreuve que d’avoir un enfant tourmenté par un démon ; mais sa foi fut aussi éprouvée par l’apparente indifférence ou froideur de Jésus.
·Sa foi était grande parce qu’elle était ingénieuse. Elle a retourné la parole de Jésus, faisant de ce qui aurait pu être pris comme une insulte une porte ouverte pour la foi.
·Sa foi était grande parce qu’il s’agissait d’un besoin juste devant elle, et un besoin réel à ce moment-là. Beaucoup de gens ont la foi pour toutes sortes de choses, à l’exception des choses qui sont là, devant elles.
·Sa foi était grande parce qu’elle n’allait pas renoncer. Elle ne s’est pas arrêtée tant qu’elle n’avait pas obtenu de Jésus ce dont elle avait besoin.
·On pourrait dire que sa foi a conquis Jésus. Il a non seulement guéri sa fille, mais Il l’a fait immédiatement, alors qu’elle n’avait même pas demandé cela.
i. Le texte ne nous dit rien d’autre au sujet de ce que Jésus à fait pendant qu’Il était à Tyr et Sidon. Il semblerait que la seule mission que Dieu Lui ait confié à cet endroit était de répondre au besoin de cette femme de foi et de sa fille affligée.
C. L’alimentation des 4 000.
1. (29-31) Jésus dispense la guérison à la foule.
Jésus quitta cet endroit et vint sur les bords du lac de Galilée. Il monta sur la montagne et s’y assit. Une grande foule s’approcha de lui; il y avait parmi eux des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés et beaucoup d’autres malades. On les amena aux pieds de Jésus et il les guérit, de sorte que la foule était émerveillée de voir les muets parler, les estropiés être guéris, les boiteux marcher, les aveugles voir, et elle célébrait la gloire du Dieu d’Israël.
a. Une grande foule s’approcha de lui : bien que Jésus Se fût brièvement retiré de la foule, Il ne l’avait pas fait de façon permanente. Il avait encore du travail à faire parmi les foules.
i. La plupart des commentateurs pensent que cela témoigne d’une période unique dans le ministère de Jésus, lorsqu’Il exerça Son œuvre de guérison et de soutien dans une région de la Galilée à prédominance non-juive. En particulier, grâce au texte parallèle de Marc 7:31-37, nous voyons que ces événements se déroulèrent à l’est de la mer de Galilée, une région connue sous le nom de Décapole. De plus, le caractère reclus du lieu (cet endroit désert, Matthieu 15:33) correspond mieux à la côte est.
ii. « Ces personnes étaient très probablement païennes ou semi-païennes, rassemblées de la région de la Décapole (Marc 7:21) » (Morgan).
iii. Étant donné que Jésus guérissait et subvenait aux besoins de cette foule qui était mixte, voire à prédominance non-juive, on voit qu’en fin de compte les non-Juifs recevaient de la part de Jésus bien plus que seulement quelques miettes qui tombent de la table.
b. On les amena aux pieds de Jésus et il les guérit : Dans cet incident, nous ne lisons rien au sujet de la foi de ceux ont été guéris, à l’exception du fait qu’ils sont venus à Jésus pour obtenir de l’aide.
i. « Parmi ceux qui furent amenés, certains avaient été classés kullous [estropiés], ce qui est généralement interprété par “courbé”, comme dû à des rhumatismes. Mais dans Matthieu 18:8, ce mot semble signifier “mutilé”… Grotius plaide en faveur de ce sens et en déduit que parmi les œuvres de guérison du Christ figuraient la restauration de membres perdus, bien que nous ne lisions cela nulle part ailleurs » (Bruce).
c. Elle célébrait la gloire du Dieu d’Israël : Même lorsqu’Il réalisait un ministère, comme le ministère de guérison, dont le potentiel d’auto-promotion était très important Jésus attirait toujours l’attention sur Dieu le Père, Dieu d’Israël. Cette foule — très probablement à prédominance non-juive — apprit à louer le Dieu d’Israël.
i. « Cette expression suggère une foule non-israélite et semble sous-entendre, en fin de compte, que l’évangéliste que nous lisons estime que Jésus est du côté est de la mer de Galilée, en territoire païen » (Bruce).
2. (32-39) L’alimentation des 4 000.
Jésus appela ses disciples et leur dit: «Je suis rempli de compassion pour cette foule, car voilà trois jours qu’ils sont près de moi et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin.» Les disciples lui dirent: «Comment nous procurer dans cet endroit désert assez de pains pour rassasier une si grande foule?» Jésus leur demanda: «Combien avez-vous de pains?» «Sept, répondirent-ils, et quelques petits poissons.» Alors il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains et les poissons et, après avoir remercié Dieu, il les rompit et les donna à ses disciples, qui les distribuèrent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient 4000 hommes, sans compter les femmes et les enfants. Ensuite, il renvoya la foule, monta dans la barque et se rendit dans la région de Magdala.
a. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin : Ce miracle suit le même schéma de base que lors du miracle où Jésus nourrit 5 000 hommes, sauf qu’il révèle que les disciples étaient généralement aussi lents à croire que nous le sommes (Comment nous procurer dans cet endroit désert assez de pains pour rassasier une si grande foule?).
i. Peut-être que les disciples ne « s’attendaient pas à ce que Jésus utilise Sa puissance messianique au profit d’une foule qui, cette fois, n’était pas juive » (France).
ii. Il est important de voir qu’il ne s’agit pas simplement d’une répétition du récit où Jésus nourrit 5 000 hommes. En effet, il existe de nombreuses différences qui distinguent ce récit de celui des 5 000 :
·Le nombre de personnes nourries est différent.
·La localisation est différente (sur la rive ouest et sur la rive est de la mer de Galilée).
·La saison de l’année est différente, comme cela est indiqué par l’absence de mention d’herbe dans le deuxième récit.
·Les aliments fournis initialement sont différents.
·Le nombre de corbeilles contenant les restes sont différents, et même le mot utilisé pour désigner les « corbeilles » est différent dans le deuxième récit.
·Le temps d’attente de la foule est différent (Matthieu 15:32).
b. Et les donna à ses disciples, qui les distribuèrent à la foule : Jésus fit ce que Lui seul pouvait faire (le miracle créateur), mais laissa à Ses disciples le soin de faire ce qu’ils pouvaient accomplir (la distribution du repas).
c. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient : À la fin du repas, ils en ramassent plus, pas moins. Les sept corbeilles pleines montrent que Dieu a pourvu selon Sa richesse.
i. Et furent rassasiés : « Le mot grec utilisé ici, dans son sens premier, fait référence à l’engraissement du bétail » (Trapp).
ii. Ceux qui avaient mangé étaient 4000 hommes : « Ici, il n’y a aucun désir d’exagérer les chiffres ou de rendre l’émerveillement plus grand qu’il ne l’est » (Spurgeon).
iii. La façon dont le Messie a miraculeusement nourri les Juifs et les non-Juifs était un aperçu du grand banquet messianique. Ce banquet était l’objet de l’espérance de beaucoup de Juifs de l’époque de Jésus, mais ils étaient offusqués à l’idée que les non-Juifs y participeraient également.
© 2022 The Enduring Word Bible Commentary by David Guzik – [email protected]