Actes 20 – Les adieux de Paul aux anciens d’Éphèse
A. Paul à nouveau dans la région de Macédoine.
1. (1) D’Éphèse, Paul se rend en Macédoine.
Lorsque le tumulte eut cessé, Paul fit venir les disciples [et les encouragea], puis il prit congé d’eux et partit pour la Macédoine.
a. Lorsque le tumulte eut cessé : Les émeutes à Éphèse (Actes 19) avaient convaincu Paul de s’en aller, alors il se dirigea vers l’ouest en traversant la mer Égée jusqu’en Macédoine (Grèce moderne).
b. Paul fit venir les disciples [et les encouragea], puis il prit congé d’eux et partit : Paul ne pouvait pas partir sans cette démonstration d’amour envers ses compagnons disciples de Jésus-Christ. Après avoir passé deux années très fructueuses à Éphèse, il était temps pour lui de partir.
2. (2-5) Voyage à travers la Grèce et la Macédoine.
Il parcourut cette région en adressant de nombreuses paroles d’encouragement aux croyants et se rendit en Grèce où il séjourna trois mois. Il était sur le point d’embarquer pour la Syrie, mais comme les Juifs formaient un complot contre lui, il décida de repartir par la Macédoine. Il avait pour l’accompagner [jusqu’en Asie] Sopater de Bérée, [fils de Pyrrhus,] Aristarque et Secundus de Thessalonique, Gaïus de Derbe, Timothée, ainsi que Tychique et Trophime, originaires d’Asie. Ceux-ci prirent les devants et nous attendirent à Troas.
a. Il parcourut cette région en adressant de nombreuses paroles d’encouragement aux croyants : Paul passa son temps à travailler avec les églises qu’il avait déjà établies, comme présenté dans Actes 16-17.
i. « Une activité qui préoccupait particulièrement Paul à cette époque était de collecter des fonds pour le soulagement des croyants pauvres de Jérusalem… Paul considérait cela comme un symbole d’unité qui allait aider ses convertis non-Juifs à s’acquitter de leur devoir envers l’église mère de Jérusalem » (Longenecker).
ii. Le séjour prolongé de Paul dans cette région permet peut-être d’expliquer une petite énigme. Dans Romains 15:19, Paul a fait l’affirmation suivante : « Ainsi, depuis Jérusalem et en rayonnant jusqu’en Illyrie, j’ai abondamment propagé l’Évangile de Christ ». L’énigme est que le Livre des Actes ne mentionne pas spécifiquement une visite de Paul en Illyrie, mais cela peut s’inscrire ici dans Actes 20:2-3, où Paul parcourut cette région… où il séjourna trois mois. Illyrie était située à l’ouest de Thessalonique, et il y avait là une célèbre route romaine (la Via Egnatia) qui reliait Thessalonique et la province romaine d’Illyrie. Aujourd’hui, la région d’Illyrie est l’Albanie moderne, sur la côte orientale de la mer Adriatique, avec la partie continentale de l’Italie à l’ouest de l’autre côté de l’eau.
iii. La mention d’Illyrie dans Romains 15:19 nous rappelle que le Livre des Actes, aussi merveilleux soit-il, n’est en aucun cas un compte rendu complet de tout ce que Dieu a fait par le biais de son peuple au 1er siècle. Il y a beaucoup de choses, même dans la vie de l’apôtre Paul, qui ne sont pas décrites – sans parler de la vie et du travail de beaucoup, beaucoup d’autres ouvriers.
b. Il était sur le point d’embarquer pour la Syrie, mais comme les Juifs formaient un complot contre lui, il décida de repartir par la Macédoine : De la Grèce, Paul avait prévu de faire le long voyage directement par la mer vers la Syrie (où se trouvait, à Antioche, son église de départ qui l’avait envoyé en mission), mais le complot de certains Juifs anti-chrétiens l’obligea à prendre une route, plus terrestre, à travers la Macédoine, accompagné de nombreux compagnons.
i. « Il avait peut-être été prévu de l’attaquer à bord d’un navire, surtout si le navire en question était bondé de pèlerins Juifs pour la Pâque ou la Pentecôte » (Williams).
c. Sopater de Bérée, [fils de Pyrrhus,] Aristarque et Secundus de Thessalonique, Gaïus de Derbe, … Trophime, originaires d’Asie : Ces compagnons de voyage de Paul étaient probablement des représentants d’autres églises qui avaient envoyé de l’argent avec Paul à Jérusalem. Ils étaient également présents en tant qu’ambassadeurs des églises que Paul avait fondées parmi les non-Juifs, et étaient là pour confirmer la bonne intendance assurée par Paul sur la collecte destinée à Jérusalem.
i. Aristarque et Secundus étaient tous deux originaires de Thessalonique. Le nom d’Aristarque était lié à l’aristocratie, la classe dirigeante. Il est probable qu’il fut issu d’une famille riche et puissante. Secundus était un nom commun des esclaves, qui signifiait « second ». Les esclaves n’étaient souvent pas appelés par leur vrai nom, et les esclaves de premier rang dans un ménage s’appelaient généralement Primus. Ceux de second rang étaient souvent appelés Secundus. C’est agréable de penser à des chrétiens de Thessalonique, issus des deux niveaux de vie, supérieur et inférieur, servant ensemble le Seigneur, et aidant l’apôtre Paul.
B. Retour à Troas et à la région de l’Asie Mineure (Turquie moderne).
1. (6) Arrivée à la ville de Troas.
De notre côté, après la fête des pains sans levain, nous avons embarqué à Philippes et, au bout de 5 jours, nous les avons rejoints à Troas où nous avons passé 7 jours.
a. Nous avons embarqué à Philippes… nous les avons rejoints à Troas : Paul retraversa la mer Égée, vers l’est vers la province romaine d’Asie Mineure.
b. Où nous avons passé 7 jours : Luc reprend ici la narration à la première personne du pluriel nous. Cela signifie qu’il a rencontré Paul à Philippes, puis a navigué avec Paul à Troas où ils ont rencontré les autres compagnons de voyage de Paul. Paul avait laissé Luc à Philippes dans Actes 16:40.
2. (7-12) Un long sermon ; Eutychus ressuscité des morts.
Le dimanche, nous étions réunis pour rompre le pain. Comme il devait partir le lendemain, Paul s’entretenait avec les disciples, et il a prolongé son discours jusqu’à minuit. Il y avait beaucoup de lampes dans la chambre à l’étage où nous étions rassemblés. Or, un jeune homme du nom d’Eutychus était assis sur le bord de la fenêtre. Il s’est profondément endormi pendant le long discours de Paul et, entraîné par le sommeil, il est tombé du troisième étage. Quand on a cherché à le relever, il était mort. Mais Paul est descendu, s’est penché sur lui et l’a pris dans ses bras en disant: «Ne vous inquiétez pas, car son âme est en lui.» Ensuite il est remonté, a rompu le pain et a mangé. Il a poursuivi ses entretiens jusqu’à l’aube, puis il est parti. Le jeune homme a été ramené vivant, à leur grande consolation.
a. Le dimanche, nous étions réunis pour rompre le pain : C’est ici le premier exemple certain qu’on a de la pratique des chrétiens de se rassembler le premier jour de la semaine pour la fraternité et la parole – bien qu’ici, il semble qu’ils se réunissaient le soir, car le dimanche était pour eux une journée normale de travail.
b. Paul s’entretenait avec les disciples, et il a prolongé son discours jusqu’à minuit : Paul sentit le besoin de prêcher longtemps parce qu’il devait partir le lendemain. Il savait qu’il ne reverrait peut-être plus jamais ces chrétiens particuliers – alors il leur prêcha pendant environ six heures !
c. Un jeune homme du nom d’Eutychus… est tombé du troisième étage. Quand on a cherché à le relever, il était mort : La combinaison de l’heure tardive, de la chaleur et peut-être des vapeurs des lampes à huile fit s’endormir le jeune homme Eutychus. Sa chute et sa mort avaient certainement donné un goût amer à la rencontre.
i. Ça peut paraître réconfortant pour tout prédicateur de penser qu’il arrivait aux gens de s’endormir même pendant la prédication de l’apôtre Paul. Cependant, Paul avait enseigné ce jour pendant de nombreuses heures, et cela après une longue journée de travail pour la plupart de son auditoire. Il existe également des preuves qu’Eutychus avait lutté contre le sommeil du mieux qu’il pouvait : « Les temps de conjugaison des verbes grecs dépeignent le pauvre Eutychus comme étant progressivement vaincu malgré sa lutte pour rester éveillé » (Hugues).
ii. Mais à la fin, le sommeil l’emporta sur lui : « Le terme traduit ici par “sommeil” est le terme d’où nous tirons notre terme français hypnose » (Hugues).
d. Ne vous inquiétez pas, car son âme est en lui : Paul, recevant à nouveau de Dieu le don de la foi, sentit que Dieu allait ressusciter ce garçon d’entre les morts – et Dieu le fit.
i. « Le commentaire de Paul selon lequel l’âme du garçon était en lui réfère à son état après son intervention auprès de lui. Luc n’aurait pas consacré de place à la résurrection de quelqu’un qui n’aurait été qu’apparemment mort » (Marshall).
e. Il a poursuivi ses entretiens jusqu’à l’aube, puis il est parti : Paul, ayant évidemment regagné leur attention, continua à prêcher jusqu’au lever du jour.
C. Discours de Paul aux anciens d’Éphèse.
1. (13-17) Paul arrive à Milet et envoie chercher les anciens de l’église d’Éphèse pour le rencontrer là-bas.
Quant à nous, nous avons pris les devants pour embarquer sur un bateau à destination d’Assos. Nous devions y reprendre Paul, conformément à ses instructions, car il voulait faire la route à pied. Lorsqu’il nous a rejoints à Assos, nous l’avons pris à bord et sommes allés à Mytilène. De là, continuant par la mer, nous sommes arrivés le lendemain en face de Chios. Le jour suivant nous sommes passés par Samos, et le jour d’après nous sommes arrivés à Milet. Paul avait décidé de passer au large d’Éphèse sans s’y arrêter afin de ne pas perdre de temps en Asie; il se dépêchait en effet pour être, si possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem. Cependant, de Milet, il a envoyé chercher à Éphèse les anciens de l’Eglise.
a. Car il voulait faire la route à pied : Paul avait apparemment préféré marcher de Troas à Assos au lieu de naviguer avec le reste de son groupe ; mais il navigua avec eux d’Assos à Milet (nous l’avons pris à bord).
i. Paul « resta jusqu’au dernier moment possible, probablement pour s’assurer de la restauration complète d’Eutychus à la conscience et à la santé, puis il prit un raccourci par voie terrestre pour rejoindre le navire à Assos » (Bruce).
b. Paul avait décidé de passer au large d’Éphèse sans s’y arrêter : L’intention de Paul n’était alors pas de mépriser l’église d’Éphèse, mais il savait qu’il lui serait impossible d’y faire une courte visite, et il voulait se dépêcher pour être, si cela lui était possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem.
c. Cependant, de Milet, il a envoyé chercher à Éphèse les anciens de l’Église : Quand bien même il savait qu’il ne pouvait pas faire une courte visite à Éphèse, Paul voulut néanmoins toujours répandre son cœur aux dirigeants de l’église d’Éphèse. Ainsi, de Milet, il a envoyé chercher à Éphèse les anciens de l’Église pour une réunion spéciale.
2. (18-21) Paul commence ses adieux aux anciens d’Éphèse en leur racontant son œuvre parmi eux.
Lorsqu’ils sont arrivés vers lui, il leur a dit: «Vous savez de quelle manière je me suis toujours comporté avec vous, depuis le jour où j’ai mis le pied en Asie: j’ai servi le Seigneur en toute humilité, avec [beaucoup de] larmes et au milieu des épreuves que provoquaient pour moi les complots des Juifs. Vous savez que, sans rien cacher, je vous ai annoncé et enseigné tout ce qui vous était utile, en public et dans les maisons, en appelant les Juifs et les non-Juifs à changer d’attitude en se tournant vers Dieu et à croire en notre Seigneur Jésus[-Christ].
a. Lorsqu’ils sont arrivés vers lui, il leur a dit: : La plupart du temps dans le Livre des Actes, nous voyons Paul l’évangéliste ; mais ici, dans Actes 20, nous avons une image unique de Paul le pasteur – ce qui était important pour lui en tant que chef et berger du peuple de Dieu.
i. « C’est le seul discours Paulinien prononcé aux chrétiens que Luc ait enregistré, et il n’est pas surprenant de découvrir à quel point il est riche en parallèles avec les lettres Pauliniennes (en fait, surtout avec les dernières) » (Bruce).
b. Vous savez de quelle manière je me suis toujours comporté avec vous, depuis le jour où j’ai mis le pied en Asie : Paul commence par attirer leur attention sur lui en tant qu’exemple. Pas un exemple à la place de Jésus, mais un exemple selon qu’il suivait Jésus. Paul n’agissait pas comme une célébrité religieuse s’attendant à ce que les gens le servent et l’honorent ; il voulait seulement servi[r] le Seigneur en toute humilité.
i. De la même manière, nous pouvons chacun être de bons exemples par notre façon de mener la vie chrétienne. Il n’y a aucune raison pour que nous ne le soyons pas. Même le jeune nouvellement chrétien peut être un bon exemple de la façon dont les nouveaux chrétiens devraient suivre Jésus.
c. Sans rien cacher, je vous ai annoncé et enseigné tout ce qui vous était utile : Paul pouvait solennellement dire devant ces anciens de l’église d’Éphèse qu’il n’avait rien cach[é de]… ce qui [leur] était utile. Il n’enseignait pas seulement les sujets qui lui plaisaient. Il a tout prêché.
i. En appelant les Juifs et les non-Juifs : Autant Paul n’avait pas limité son message, autant il n’avait pas non plus limité son audience. Il aimait prêcher toute la parole de Dieu à tout le monde.
d. Et dans les maisons : Ceci sous-entend que l’église d’Éphèse, dépourvue de tout bâtiment central, était organisée logiquement en églises des maisons. Probablement que chaque ancien avait la charge d’une église de maison particulière. Ceux-ci ressemblaient beaucoup plus à des pasteurs d’églises de maison qu’à ce que nous avons aujourd’hui comme conseil d’anciens qui préside une grande congrégation.
3. (22-24) Paul parle de son avenir.
»Et maintenant, voici que, lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem sans savoir ce qui m’y arrivera. Je sais seulement que, de ville en ville, l’Esprit saint m’avertit que des liens et des souffrances m’attendent. Mais je n’y attache aucune importance et je ne considère pas ma vie comme précieuse, pourvu que j’accomplisse [avec joie] ma course et le ministère que le Seigneur Jésus m’a confié: annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.
a. Lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem sans savoir ce qui m’y arrivera : Paul ne savait pas ce qui l’attendait ; il avait même des raisons de croire que c’était mauvais. Mais cela ne l’a pas dérangé. Il pouvait tout donner à Dieu même s’il ne savait pas ce qui arriverait. On devrait toujours avoir plus de chrétiens à même de dire : « je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie ».
i. L’incertitude n’a pas ému Paul. Même s’il se trouvait « sans savoir ce qui m’y arrivera » il ne s’écarta pas de sa cause. Paul pouvait silencieusement chanter ce Psaume dans son cœur : J’ai constamment l’Éternel devant moi; quand il est à ma droite, je ne suis pas ébranlé (Psaumes 16:8).
b. De ville en ville, l’Esprit saint m’avertit que des liens et des souffrances m’attendent : Paul était conscient que la route devant lui allait être dangereuse ; apparemment, il avait déjà reçu de nombreuses paroles prophétiques l’informant de ce danger. Cependant, il ne s’écarta pas du danger, mais il était prêt à donner sa vie pour la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.
i. Je n’y attache aucune importance et je ne considère pas ma vie comme précieuse : Paul se considérait comme un comptable, pesant soigneusement les crédits et les dépenses ; et à la fin, il ne compta pas sa propre vie comme étant précieuse, comparée à son Dieu et comment il pouvait le servir.
ii. Pourvu que j’accomplisse [avec joie] ma course : Paul se considérait comme un athlète qui avait une course à terminer, et rien n’allait l’empêcher de finir la course avec joie. De plus, Paul parle de ma course – il avait sa course à courir, nous avons la nôtre – mais Dieu nous appelle à la terminer avec joie.
iii. Ceci montre que même à ce stade, Paul avait sa mort en tête. Il y avait encore de nombreuses années avant qu’il ne meure réellement, mais il considérait que ce qu’il faisait à chaque instant de sa vie valait la peine d’en mourir. Selon les mots de Spurgeon, il a prêché un Évangile qui valait la peine d’en mourir. C’est un défi de taille pour tout prédicateur : L’Évangile que vous prêchez vaut-il la peine d’en mourir ?
· L’Évangile de la réforme morale ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile du salut par les bonnes œuvres ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile des actions et améliorations sociales ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile des traditions religieuses ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile d’avoir simplement des conversations spirituelles ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile des charabias mystiques ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile à la recherche de l’église vraiment branchée ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile de l’estime de soi ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile du salut écologique ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile du politiquement correct ? Pas la peine d’en mourir.
· L’Évangile de l’église émergente du « je-me-sens-bien » ? Pas la peine d’en mourir.
iv. « Pourtant, il y avait autrefois dans le monde un Évangile qui consistait en des faits que les chrétiens ne remettaient jamais en question. Il y avait autrefois dans l’Église un Évangile que les croyants serraient contre leur cœur comme s’il s’agissait de la vie de leur âme. Il y avait autrefois dans le monde un Évangile qui provoquait l’enthousiasme et commandait le sacrifice. Des dizaines de milliers de personnes se réunissaient pour entendre cet Évangile au péril de leur vie. Les hommes, jusqu’aux dents des tyrans, le proclamèrent, et souffrirent la perte de toutes choses, et furent envoyés en prison et à la mort pour cela, en chantant des psaumes tout le temps. Existe-t-il encore quelque reste d’un tel Évangile ? » (Spurgeon).
4. (25) Paul annonce qu’il ne reverra probablement plus les anciens d’Éphèse.
»Désormais, je le sais, vous ne verrez plus mon visage, vous tous au milieu de qui j’ai passé en prêchant le royaume [de Dieu].
a. Vous tous au milieu de qui j’ai passé en prêchant le royaume [de Dieu] : Paul œuvra beaucoup à Éphèse. Dieu l’utilisa dans cette ville pour accomplir des miracles étonnants :
· Actes 19:11 dit qu’à Éphèse, les mains de Paul ont fait des miracles extraordinaires ;
· Actes 19:12 dit qu’à Éphèse, des mouchoirs ou des linges qui avaient touché le corps de Paul étaient appliqués aux malades et ils étaient guéris et délivrés des esprits malins.
· Actes 19:15 dit qu’à Éphèse, des esprits démoniaques ont dit qu’ils connaissaient Paul et son ministère.
i. Malgré tout cela, Paul ne dit pas aux anciens d’Éphèse : « Vous tous, parmi lesquels j’ai fait des miracles impressionnants ». Ni même « Vous tous, parmi lesquels même les démons ont dit qu’ils me connaissaient ». Au lieu de cela, Paul se focalisa toujours sur la puissance qui transforme la vie qui est dans la parole de Dieu, et il dit : « Vous tous au milieu de qui j’ai passé en prêchant le royaume [de Dieu] ».
ii. C’est comme si Paul avait dit : « C’est ce que je fais. Bien sûr, je fais beaucoup d’autres choses, mais au fond, je suis un prédicateur et je prêche le royaume de Dieu ».
b. Vous ne verrez plus mon visage, vous tous : Paul fit ici montre d’une grande tristesse, d’une grande compassion et d’un grand courage. Il leur dit quelque chose qu’il ne leur avait pas dit auparavant : que c’était probablement la dernière fois qu’ils le voyaient, et que lui les voyait. Ça doit avoir été comme une bombe pour ces dirigeants d’église.
i. N’oubliez pas le grand attachement que Paul avait avec ces dirigeants d’Éphèse. Il avait eu à passer deux ans à Éphèse, et le ministère y avait été si efficace qu’Actes 19:10 dit : tous les habitants de l’Asie, juifs et non juifs, entendirent la parole du Seigneur.
ii. Cette longueur de temps et ce genre de ministère efficace créent des liens de fraternité et d’amitié qui durent.
iii. C’était difficile pour eux de croire. Peut-être qu’au début ils pensaient qu’il plaisantait. Mais ils comprirent vite que ce n’était pas le cas, et ils comprirent pourquoi il leur avait demandé de marcher 36 miles (NDT: presque 58 km) pour le rencontrer.
c. Ne verrez plus mon visage : Dans tout ceci, le grand amour et le grand souci de Paul pour les dirigeants et la congrégation d’Éphèse étaient simplement le reflet du grand amour et du grand souci de Jésus pour eux. Paul imitait Jésus en tout, autant qu’il le pouvait. Puisque Jésus aimait tant ces croyants, Paul fit de même.
i. C’est fascinant de penser à quel point ce segment de la vie de Paul reflétait la vie de Jésus :
· Comme Jésus, Paul se rendit à Jérusalem avec un groupe de ses disciples.
· Comme Jésus, Paul fut combattu par des Juifs hostiles qui complotaient contre sa vie.
· Comme Jésus, Paul fit ou reçut trois prédictions successives de ses souffrances à venir à Jérusalem, y compris le fait d’être livré aux non-Juifs.
· Comme Jésus, Paul déclara qu’il était prêt à donner sa vie.
· Comme Jésus, il était déterminé à achever son ministère et à ne pas s’en détourner.
· Comme Jésus, il affirma s’abandonner à la volonté de Dieu.
ii. Est-ce qu’on s’attendrait à quelque chose de différent ? Le serviteur est-il plus grand que son Maître ? Nous aussi nous devrions nous attendre à expérimenter la communion de ses souffrances (Philippiens 3:10).
5. (26-27) Déclaration solennelle d’innocence de Paul devant Dieu.
C’est pourquoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous,car je vous ai annoncé tout le plan de Dieu sans rien en cacher.
a. C’est pourquoi : Il y a beaucoup de contenu dans ces mots simples. On y trouve le sens notamment de : Parce que je ne vous reverrai probablement plus… Parce que je vous aime tellement… Parce que j’ai investi tellement de mon cœur et de ma vie parmi vous tous… vous devez donc le savoir.
b. Je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous : Comme s’il témoignait devant un tribunal, Paul déclara que son cœur était pur. Il put laisser ces chrétiens aux soins de Dieu avec une bonne conscience, sachant qu’il leur avait annoncétout le plan de Dieu sans rien en cacher.
i. Nous devrions avoir une plus grande appréciation de la valeur d’une bonne conscience. Grâce à Dieu, nous pouvons en avoir une – au moins aussi bonne que possible à partir de maintenant.
c. Tout le plan de Dieu : Paul put les laisser avec une conscience tranquille parce qu’il savait qu’il leur avait enseigné tout le plan de Dieu.
i. Actes 19:9-10 nous dit que Paul enseigna aux Éphésiens et aux peuples de la région pendant plus de deux ans, en utilisant un local loué à l’école de Tyrannus. Il y a des indications que Paul enseignait plusieurs heures par jour, et environ six jours par semaine. Cela signifie des centaines d’heures d’enseignement (probablement bien plus de 1.500 heures).
ii. Il eut amplement le temps de leur enseigner les livres des Écritures Hébraïques, verset par verset. Ils ont peut-être aussi étudié la vie de Jésus à partir de certains des récits de sa vie écrits à cette même période.
iii. Aujourd’hui, il devrait y avoir de plus en plus de prédicateurs qui présentent tout le plan de Dieu. Mais, Paul avertit plus tard que dans les derniers jours, les gens ne supporteront pas la saine doctrine, mais chercheront des enseignants qui leur diront ce qu’ils veulent entendre – des enseignants qui gratteront leur démangeaison d’entendre des choses agréables (2 Timothée 4:3).
iv. Aujourd’hui, de nombreux prédicateurs utilisent simplement un texte biblique comme une rampe de lancement, puis ils continuent à dire ce qu’ils veulent – ce que les gens veulent entendre. D’autres lancent des citations bibliques pour illustrer leurs points de vue ou pour illustrer leurs histoires. Pourtant, la véritable vocation d’un prédicateur est simplement de laisser la Bible parler d’elle-même et de la laisser déclarer sa propre puissance.
v. Prenant le témoignage de Paul dans toute sa force, nous dirons que les prédicateurs qui omettent délibérément de annonc[er]… tout le plan de Dieu sont coupable[s]du sang de… tous les hommes. Le prédicateur qui prêche ce que son auditoire veut entendre, et non tout le plan de Dieu, fait du mal à la fois son auditoire et à lui-même !
6. (28) Encouragement de Paul aux anciens à veiller sur eux-mêmes et sur le peuple de Dieu.
Faites donc bien attention à vous-mêmes et à tout le troupeau dont le Saint-Esprit vous a confié la responsabilité; prenez soin de l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang.
a. Donc : C’est la deuxième fois que Paul fait un lien de conséquence logique dans cette section. La première fois, avec c’est pourquoi, il soulignait sa propre vie (je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous). La deuxième fois, à l’aide du mot donc, il instruit les dirigeants des chrétiens d’Éphèse.
b. Faites donc bien attention à vous-mêmes : « Faites attention à votre propre vie. Vous avez un appel très élevé à remplir. L’exigence n’est pas la perfection, mais elle est néanmoins élevée. Vous n’accomplirez pas ce devoir primordial sans y prêter attention, si vous ne faites [pas] donc bien attention à vous-mêmes ».
i. Au regard de la tension et de l’atmosphère de cette rencontre, ces paroles de Paul étaient plus que dramatiques. Ces paroles étaient nécessaires.
ii. Le leader pieux sait qu’un leadership efficace découle d’une vie, pas seulement de la connaissance.
c. Faites donc bien attention… à tout le troupeau : « Faites attention au peuple de Dieu. Aimez-les, surveillez-les, prenez soin d’eux. Faites-le parce que le Saint-Esprit vous a confié la responsabilité ».
d. Prenez soin de l’Eglise de Dieu : Troupeau véhicule l’idée de brebis ; prenez soin de l’Église de Dieu continue cette pensée (NDT: « paître l’Église du Seigneur », en LSG). Il leur dit d’être des pasteurs, de prendre soin de l’Église de Dieu – de servir leurs congrégations d’églises de maisons comme des pasteurs fidèles.
i. La première idée derrière la notion d’être un berger est de nourrir le peuple de Dieu. « Ils doivent être les bergers de l’église de Dieu, poimanino signifiant en général s’occuper de, s’occuper d’un troupeau et en particulier conduire un troupeau au pâturage et ainsi le nourrir. C’est le premier devoir des bergers » (Stott).
ii. Les bergers ne font pas que nourrir ; ils conduisent également. Sous la direction du Berger en Chef et dans la communauté du peuple de Dieu, ils conduisent le peuple de Dieu là où Dieu veut qu’il soit.
e. Qu’il s’est acquise par son propre sang : C’est une raison importante pour laquelle ils devaient faire attention à eux-mêmes et à tout le troupeau de Dieu. Ils devaient le faire parce que l’église ne leur appartient pas, elle appartient à Jésus qui l’a acquise par son propre sang.
i. Toute personne responsable prendra davantage soin de quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre. Les dirigeants doivent se rappeler que l’église appartient à Jésus. Pris ensemble, c’est vraiment un merveilleux équilibre :
· Les brebis doivent se rappeler que Dieu a placé les bergers pour les nourrir et les conduire.
· Les bergers doivent se rappeler que le troupeau appartient à Dieu et non à eux.
ii. En considérant la grande valeur du prix, cela appelle les dirigeants du peuple de Dieu à être dévoués et pieux : Son propre sang.
7. (29) Veiller sur le troupeau à cause du danger extérieur.
Je sais qu’après mon départ des loups cruels s’introduiront parmi vous, et ils n’épargneront pas le troupeau;
a. Je sais : Ici, Paul insiste sur l’urgence, avertissant ces dirigeants que des loups cruels s’introduiront parmi vous. Il savait qu’un pasteur, un leader parmi le peuple de Dieu doit faire plus que simplement nourrir et diriger – il doit aussi protéger.
i. Paul ne dit pas comment il l’a su ; il affirme seulement qu’il sait.
b. Ils n’épargneront pas le troupeau : Ces loups seraient vicieux. Ils ne se retiendraient pas contre le peuple de Dieu, mais en prendraient autant qu’ils en seraient capables.
8. (30) Veiller sur le troupeau à cause du danger de l’intérieur.
de vos propres rangs surgiront des hommes qui donneront des enseignements pervertis pour entraîner les disciples à leur suite.
a. De vos propres rangs surgiront des hommes : Il est souvent plus facile pour les pasteurs de s’occuper des loups qui viennent de l’extérieur – avec des enseignements manifestement faux et des vents de doctrine loufoques. Mais il est souvent très difficile de contrer ceux qui surgissent de vos propres rangs.
i. Imaginez comment ces hommes qui écoutaient Paul pouvaient recevoir tout ce discours. C’était difficile à croire, et comme les disciples de Jésus, beaucoup d’entre eux pouvaient dire : « Pas moi, Seigneur ! »
b. Donneront des enseignements pervertis : C’est leur méthode – ils déforment ce qui est bon.
c. Pour entraîner les disciples à leur suite : C’est leur motivation – ils voulaient une suite. L’ego peut amener les gens à faire des choses qu’ils n’auraient jamais pensé faire.
9. (31) Encore un encouragement à veiller.
Restez donc vigilants et souvenez-vous que durant 3 ans, nuit et jour, je n’ai pas cessé d’avertir avec larmes chacun de vous.
a. Restez donc vigilants : C’est la troisième suite logique, cette fois avec donc, dans cette courte section.
· Avec c’est pourquoi, il a donné son propre exemple (sa bonne conscience, Actes 20:26).
· Puis, avec donc, il a mis l’accent sur ce qu’ils devaient faire (« Faites donc attention », Actes 20:28).
· Ici, donc est posé après avoir expliqué l’impératif de la vigilance.
b. Souvenez-vous que durant 3 ans, nuit et jour, je n’ai pas cessé d’avertir avec larmes chacun de vous : Paul leur demanda d’avoir pour le peuple de Dieu la même sollicitude attentive que lui-même avait.
· C’était une sollicitude sur le long terme (durant 3 ans).
· C’était une sollicitude constante (je n’ai pas cessé).
· C’était une sollicitude vigilante (avertir).
· C’était une sollicitude universelle (chacun de vous).
· C’était une sollicitude sincère (avec larmes).
10. (32-35) Conclusion de Paul : Se souvenir d’avoir un cœur de sacrifice.
»Et maintenant, [frères,] je vous confie à Dieu et au message de sa grâce, lui qui a le pouvoir d’édifier et de [vous] donner un héritage avec tous les saints. Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les habits de personne. Vous le savez vous-mêmes, les mains que voici ont pourvu à mes besoins et à ceux de mes compagnons. En tout, je vous ai montré qu’il faut travailler ainsi pour soutenir les faibles Et se rappeler les paroles du Seigneur Jésus, puisqu’il a lui-même dit: ‘Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.’
a. Je vous confie à Dieu et au message de sa grâce : Bien que Paul ait eu à donner de tout son mieux pour les chrétiens d’Éphèse pendant environ trois ans, il ne pouvait, en fin de compte, que les confie[r]à Dieu et au message de sa grâce. Paul savait qu’il allait vers un temps de troubles, et qu’un temps de troubles venait également pour les chrétiens d’Éphèse. Néanmoins, Dieu et le message de sa grâce allaient leur permettre de traverser ces troubles.
i. Les programmes quelconques n’y peuvent rien ; l’esprit de ce siècle n’y peut rien ; le marketing astucieux n’y peut rien; le divertissement n’y peut rien ; seuls Dieu et le message de sa grâce ont le pouvoir de vous édifier et de [vous] donner un héritage dans les cieux.
b. Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les habits de personne : Paul conclut en essayant de communiquer son cœur, sa motivation dans le ministère. Il n’y était pas pour lui-même, mais pour la gloire de Dieu et pour l’édification du peuple de Dieu. En travaill[ant] ainsi signifiait que Paul était un travailleur acharné pour la gloire de Dieu.
c. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir : Ses paroles d’adieu, tirées d’une citation de Jésus non-consignée dans les Évangiles, sont parfaites pour tous ceux qui veulent servir le peuple de Dieu. Les dirigeants doivent être plus préoccupés par ce qu’ils peuvent donner à leur troupeau que par ce que leur troupeau peut leur donner.
i. Sans un cœur de sacrifice, il ne peut y avoir de véritable ministère efficace et éternel – et ce devrait être un sacrifice heureux, sachant la bénédiction de tout cela.
ii. « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » est la meilleure des béatitudes. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus nous a dit comment être heureux ; ici, Il nous dit comment être plus heureux !
iii. Cela ne devrait pas nous ébranler d’apprendre que Jésus a enseigné beaucoup de choses non consignées dans les Évangiles ; Jean l’a dit dans Jean 21:25. Mais nous pouvons avoir confiance que Dieu a conservé tout ce qui est nécessaire de l’enseignement de Jésus.
11. (36-38) Adieu en larmes de Paul aux anciens d’Éphèse.
Après avoir dit cela, il s’est mis à genoux et a prié avec eux tous. Tous ont alors fondu en larmes; ils se jetaient au cou de Paul et l’embrassaient, attristés surtout parce qu’il avait dit qu’ils ne verraient plus son visage. Puis ils l’ont accompagné jusqu’au bateau.
a. Il s’est mis à genoux et a prié avec eux tous. Tous ont alors fondu en larmes : Ceci nous rappelle que Paul n’était pas un dispensateur froid de la doctrine, mais un homme chaleureux et pastoral qui aimait beaucoup son peuple et qui reçut en retour beaucoup d’amour de la part du peuple.
b. Qu’ils ne verraient plus son visage : Ils se séparèrent avec la prière, les larmes et une fête d’adieu, croyant qu’ils ne se reverraient que dans l’éternité.
i. Considérant la force de l’avertissement de Paul à ces dirigeants, il est juste de se demander comment la communauté chrétienne d’Éphèse s’en est sortie après cela. Quelque 30 à 40 ans plus tard, Jésus envoya une lettre à cette église d’Éphèse, trouvée dans Apocalypse 2. Il les complimenta sur beaucoup de choses :
· Leur travail acharné pour le royaume de Dieu.
· Leur endurance dans les moments difficiles.
· Leur façon de traiter les méchants et les faux apôtres.
· Leur persévérance sans se lasser quand ils étaient fatigués.
ii. Toutefois, à côté de cela, Jésus leur donna un avertissement sévère : ils avaient abandonné leur premier amour (Apocalypse 2:4). À moins pour eux de changer rapidement, Jésus n’allait plus être présent parmi eux.
iii. Il se pourrait que dans leur zèle à lutter contre la fausse doctrine – ce qu’ils semblaient bien faire – ils aient laissé derrière eux leur amour pour Jésus et leur amour les uns pour les autres. C’est une excellente illustration du principe selon lequel le diable ne se soucie pas de quel côté du bateau nous tombons, tant que nous sommes dans l’eau et non dans le bateau.
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