Romains 7 – La faiblesse de la loi exposée
A. Morts à la loi.
1. (1–3) La Loi n’a d’autorité que sur les vivants.
Ignorez-vous, frères et sœurs – je parle ici à des gens qui connaissent la loi – que la loi n’exerce son pouvoir sur l’homme qu’aussi longtemps qu’il vit? Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant, mais si son mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à lui. Si donc elle devient la femme d’un autre homme du vivant de son mari, elle sera considérée comme adultère. Mais si son mari meurt, elle est libérée de cette loi, de sorte qu’elle n’est pas adultère en devenant la femme d’un autre.
a. La loi… exerce son pouvoir : Dans Romains 6:14, Paul nous a dit que vous êtes, non sous la loi, mais sous la grâce. Après la discussion relative aux implications pratiques de cela dans Romains 6:15-23, il explique maintenant plus complètement comment il se fait que nous ne soyons plus sous le pouvoir de la loi.
b. La loi… exerce son pouvoir sur l’homme : Dans le texte grec, il n’y a pas l’article défini « la » devant le terme « loi ». Cela signifie que Paul parle ici d’un principe plus large que la Loi Mosaïque. La loi qui exerce son pouvoir sur l’homme comprend la Loi de Moïse, mais il y a un principe de loi plus large communiqué par la création et par la conscience, et ces dernières exercent également leur pouvoir sur l’homme.
c. La loi n’exerce son pouvoir sur l’homme qu’aussi longtemps qu’il vit : Paul fait remarquer que la mort met fin à toutes les obligations et tous les contrats. Ainsi une femme n’est plus liée à son mari s’il meurt, parce que la mort met fin à ce contrat. Si son mari meurt, elle est libérée de cette loi.
2. (4) Notre mort avec Jésus nous libère de la loi.
De même, mes frères et sœurs, vous aussi vous avez été mis à mort par rapport à la loi à travers le corps de Christ pour appartenir à un autre, à celui qui est ressuscité afin que nous portions des fruits pour Dieu.
a. Vous aussi vous avez été mis à mort par rapport à la loi à travers le corps de Christ : Dans Romains 6:3-8, Paul a soigneusement expliqué que nous sommes morts avec Jésus et que nous sommes aussi ressuscités avec lui, bien que Paul n’y ait parlé que de notre mort au péché. Ici, il explique que nous sommes également morts à la loi.
i. Certains pourraient penser : « Oui, nous avons été sauvés par grâce, mais nous devons vivre selon la loi pour plaire à Dieu ». Ici, Paul explique clairement que le croyant est mort par rapport à la loi dans la mesure où elle représente un principe de vie ou une position juste devant Dieu.
ii. « Les croyants en ont fini avec la loi. Elle n’est pas une option comme voie de salut pour eux. Ils ne cherchent pas à être en règle avec Dieu en obéissant à une quelconque forme de loi, comme l’ont fait les adeptes de presque toutes les religions » (Morris).
b. Pour appartenir à un autre : Cependant, nous ne sommes pas libérés de la loi afin de pouvoir vivre pour nous-mêmes. Nous sommes libérés pour pouvoir « appartenir » à Jésus afin que nous portions des fruits pour Dieu.
3. (5) Le problème avec la loi.
En effet, lorsque nous étions livrés à notre nature propre, les passions pécheresses éveillées par la loi agissaient dans nos membres, de sorte que nous portions des fruits pour la mort.
a. Lorsque nous étions livrés à notre nature propre : Sous la loi, nous ne portions pas de fruits pour Dieu. Au lieu de cela, nous portions des fruits pour la mort, parce que la loi éveill[ait] en nous les passions pécheresses.
b. Nous portions des fruits pour la mort : Paul explique ce problème de la loi avec plus de détails dans Romains 7:7-14. Mais ici déjà nous percevons ce qu’il voulait dire, à savoir : nous ne pouvons pleinement porter des fruits pour Dieu que lorsque nous sommes libérés de la loi.
4. (6) Libérés de la loi.
Mais maintenant nous avons été libérés de la loi, car nous sommes morts à ce qui nous retenait prisonniers, de sorte que nous servons sous le régime nouveau de l’Esprit et non sous le régime périmé de la loi écrite.
a. Mais maintenant nous avons été libérés de la loi : Ici, Paul résume le thème de Romains 7:1-5. Puisque nous sommes morts avec Jésus au Calvaire, nous sommes morts à la loi et libérés de son pouvoir sur nous comme principe de justification ou de sanctification.
i. La loi ne nous justifie pas ; elle ne nous met pas en règle avec Dieu. La loi ne nous sanctifie pas ; elle ne nous amène pas à plus de profondeur avec Dieu et ne nous rend pas plus saints devant Lui.
b. De sorte que nous servons sous le régime nouveau de l’Esprit : Notre liberté ne nous est pas accordée pour que nous cessions de servir Dieu, mais plutôt pour que nous puissions mieux le servir, sous le régime nouveau de l’Esprit et non sous le régime périmé de la loi écrite.
i. Comment mieux servirsous le régime nouveau de l’Esprit ? C’est une honte qu’il y ait beaucoup de gens qui servent le péché ou le légalisme avec plus de dévotion que ne le font ceux qui devraient servir Dieu sous le régime nouveau de l’Esprit. C’est malheureux quand la peur nous motive plus que l’amour.
B. Notre problème avec la loi parfaite de Dieu.
1. (7a) Paul pose la question : La loi est-elle (égale au) péché?
Que dirons-nous donc? La loi est-elle péché?
a. La loi est-elle péché? : Si l’on suit le fil de la pensée, on peut comprendre comment quelqu’un pourrait en arriver à cette conclusion. Paul insiste sur le fait que nous devons mourir à la loi si nous voulons porter du fruit pour Dieu. Il y a de quoi se dire : « Il y a sûrement quelque chose qui ne va pas avec la loi ! ».
2. (7b) Non, la loi est bonne parce qu’elle nous révèle le péché.
Certainement pas! Mais je n’ai connu le péché que par l’intermédiaire de la loi. Je n’aurais pas su ce qu’est la convoitise si la loi n’avait pas dit: Tu ne convoiteras pas.
a. Je n’ai connu le péché que par l’intermédiaire de la loi : La loi est comme une machine à rayons X, qui révèle ce qui est là mais caché. On ne peut blâmer une radiographie pour ce qu’elle expose.
b. Je n’aurais pas su ce qu’est la convoitise si la loi n’avait pas dit: Tu ne convoiteras pas. La loi fixe la « vitesse limite » pour qu’on se rende compte exactement si on roule trop vite. Nous pourrions ne pas savoir que nous péchons dans de nombreux domaines (comme la convoitise) si la loi ne nous le montrait pas spécifiquement.
3. (8) Le péché corrompt le commandement (la loi).
Saisissant l’occasion offerte par ce commandement, le péché a produit en moi toutes sortes de désirs. En effet, sans loi le péché est mort.
a. Saisissant l’occasion offerte par ce commandement, le péché a produit : Paul décrit la dynamique où l’avertissement « Ne fais pas cela ! » peut devenir un appel à l’action à cause de notre cœur pécheur et rebelle. Ce n’est pas la faute du commandement, c’est notre faute.
i. Dans son livre Confessions, Augustin, grand théologien de l’Église antique, décrit comment cette dynamique fonctionna dans sa vie quand il était encore un jeune homme : « Il y avait un poirier près de notre vigne, chargé de fruits. Une nuit d’orage, nous décidâmes, nous les jeunes coquins, d’en voler des fruits et d’emporter notre butin. Nous emportâmes un énorme chargement de poires, non pour nous régaler, mais pour les jeter aux cochons, bien que nous ayons mangé juste assez pour avoir le plaisir du fruit défendu. C’étaient de belles poires, mais ce n’étaient pas les poires que ma misérable âme convoitait, car j’en avais de bien mieux chez moi. Je les cueillis simplement pour devenir un voleur. Le seul festin que je pus avoir fut un festin d’iniquité, qui me plut énormément. Qu’ai-je pu aimer de particulier dans ce vol ? Était-ce le plaisir d’agir contre la loi ? Le désir de voler fut simplement éveillé en moi par l’interdiction de voler ».
ii. C’est un fait connu dans l’histoire américaine que la loi sur la prohibition de l’alcool ne mit pas fin à sa consommation. À bien des égards, cela rendit la consommation d’alcool plus attrayante pour les gens en raison de notre désir de briser les limites fixées par le commandement.
iii. Une fois que Dieu trace une frontière pour nous, nous sommes immédiatement incités à franchir cette frontière – cela n’est pas la faute de Dieu ou de Sa frontière, mais la faute de notre cœur pécheur.
b. Saisissant l’occasion offerte par ce commandement, le péché a produit : La faiblesse de la loi n’est pas dans la loi – elle est en nous. Notre cœur est si méchant qu’il peut trouver l’occasion pour toutes sortes de mauvais désirs même dans quelque chose de bien comme la loi de Dieu.
i. « Le terme occasion dans l’original est un terme militaire signifiant une base d’opérations. L’interdiction fournit un tremplin à partir duquel le péché n’est que trop prêt à décoller » (Harrison).
ii. Les responsables d’un hôtel situé au bord de l’océan en Floride craignaient que les gens ne se mettent à pêcher depuis les balcons. Ils installèrent donc des panneaux portant l’inscription « INTERDICTION DE PÊCHER DEPUIS LE BALCON ». Ils avaient constamment des ennuis avec des clients qui pêchaient depuis les balcons, avec des lignes et des plombs qui brisaient les fenêtres et dérangeaient les gens dans les chambres en dessous d’eux. Finalement, les responsables de l’hôtel résolurent le problème en enlevant simplement les panneaux – et plus personne ne pensa à pêcher depuis les balcons. À cause de notre nature déchue, la loi peut en fait fonctionner comme une invitation au péché.
c. Sans loi le péché est mort : Ceci montre à quel point le mal issu du péché est grandement dangereux – il peut prendre quelque chose de bien et de saint comme la loi et le tordre pour promouvoir le mal. Le péché déforme l’amour en luxure, un désir honnête de subvenir aux besoins de sa famille en cupidité et la loi en un promoteur du péché.
4. (9) État d’innocence de Paul avant qu’il ne connaisse la loi.
Pour ma part, sans la loi, je vivais autrefois; mais quand le commandement est venu, le péché a repris vie et moi, je suis mort.
a. Pour ma part, sans la loi, je vivais autrefois : Les enfants peuvent être innocents avant de savoir ou de comprendre ce que la loi exige. C’est à cela que Paul fait référence lorsqu’il dit : « Pour ma part, sans la loi, je vivais autrefois ».
i. « Il ne vivait pas dans le sens de la vie dont parlent si souvent les auteurs du Nouveau Testament. Il vivait dans le sens où il n’avait jamais été mis à mort à la suite d’une confrontation avec la loi » (Morris).
ii. « Il était tout à fait en sécurité au milieu de tout son péché et de son état de péché. Il vivait dans le sens où le coup mortel ne l’avait pas encore tué. Il se sentait en sécurité dans la maison de son ignorance comme un homme vivant sur un volcan et pensant que tout allait bien » (Lenski).
b. Mais quand le commandement est venu, le péché a repris vie et moi, je suis mort : Quand nous connaissons la loi, la loi nous montre notre culpabilité et elle excite notre rébellion, produisant plus de péché et de mort.
5. (10–12) Le péché corrompt la loi et contrarie son objectif de donner la vie ; une fois la loi corrompue par le péché, elle produit la mort.
Il s’est trouvé que le commandement qui devait conduire à la vie m’a conduit à la mort. En effet, le péché, saisissant l’occasion offerte par le commandement, m’a trompé et par lui m’a donné la mort. Ainsi donc, la loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon.
a. Le commandement qui devait conduire à la vie m’a conduit à la mort : Le péché arrive à cela partromperie. Le péché nous trompe :
∙ Parce que le péché promet faussement la satisfaction ;
∙ Parce que le péché revendique faussement une excuse adéquate ;
∙ Parce que le péché promet faussement d’échapper au châtiment.
b. En effet, le péché […] m’a trompé : Ce n’est pas la loi qui nous trompe, mais c’est le péché qui utilise la loi comme occasion de rébellion. C’est pourquoi Jésus a dit : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jean 8:32). La vérité nous libère des tromperies du péché.
c. Et par lui m’a donné la mort : Le péché, s’il est suivi, mène à la mort – pas à la vie. L’une des plus grandes tromperies de Satan est de nous amener à penser que le péché est quelque chose de bon dont un Dieu désagréable veut nous priver. Quand Dieu nous met en garde contre le péché, Il nous met en garde contre quelque chose qui va nous donner la mort.
d. Ainsi donc, la loi est sainte : Paul est conscient qu’on pourrait le prendre pour quelqu’un qui dit être contre la loi, alors qu’il ne l’est pas du tout. Il est vrai que nous devons mourir au péché (Romains 6:2) et mourir à la loi (Romains 7:4), mais cela ne signifie pas que Paul croie que le péché et la loi sont dans le même panier. Le problème est en nous, pas dans la loi. Néanmoins, le péché corrompt l’œuvre ou l’effet de la loi, et donc, il nous faut mourir aux deux.
C. But et caractère de la loi.
1. (13) La loi expose et magnifie le péché.
Ce qui est bon est-il donc devenu synonyme de mort pour moi? Certainement pas! Au contraire, c’est la faute du péché. Il s’est manifesté comme péché en me donnant la mort par ce qui est bon, et ainsi, par l’intermédiaire du commandement, il montre son caractère extrêmement mauvais.
a. Il s’est manifesté comme péché en me donnant la mort par ce qui est bon : Quoique la loi provoque notre nature pécheresse, elle peut être utilisée pour le bien, puisqu’elle expose plus dramatiquement notre profonde nature pécheresse. Après tout, si le péché peut utiliser quelque chose d’aussi bon que la loi à son avantage pour promouvoir le mal, cela montre à quel point le péché est mauvais.
i. Il nous faut voir le péché se manifester comme péché, parce qu’il aime toujours se cacher en nous et dissimuler ses vraies profondeurs et sa vraie force. « C’est l’un des résultats les plus déplorables du péché. Il nous blesse plus en nous enlevant la capacité de savoir à quel point nous sommes blessés. Il sape la constitution de l’homme, tout en l’amenant à se vanter d’avoir une santé sans faille ; il l’appauvrit et lui dit qu’il est riche ; il le dépouille et le fait se vanter dans ses robes imaginaires » (Spurgeon).
ii. « La loi est ainsi le grand instrument entre les mains d’un pasteur fidèle, pour alarmer et réveiller les pécheurs » (Clarke).
b. Et ainsi, par l’intermédiaire du commandement, il montre son caractère extrêmement mauvais : Le péché « devient plus mauvais » à la lumière de la loi de deux manières. Premièrement, le péché devient extrêmement mauvais contrairement à la loi. Deuxièmement, le péché devient extrêmement mauvais parce que la loi provoque sa nature mauvaise.
i. « Au lieu d’être une dynamo qui nous donne le pouvoir de vaincre, la Loi est un aimant qui tire de nous toutes sortes de péchés et de corruption » (Wiersbe).
ii. Extrêmement mauvais : « Pourquoi n’a-t-il pas dit “extrêmement noir” ou “extrêmement horrible” ou “extrêmement mortel”? Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien au monde d’aussi mauvais que le péché. Quand il a voulu utiliser le pire mot qu’il puisse trouver pour qualifier le péché, il l’a qualifié par son propre nom et l’a réitéré : “Péché”, “extrêmement mauvais” » (Spurgeon).
2. (14) La loi spirituelle ne peut restreindre un homme charnel.
Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle; mais moi, je suis marqué par ma nature, vendu au péché.
a. Mais moi, je suis marqué par ma nature [Mais moi, je suis charnel, L. Segond 1910] : Le terme charnel signifie simplement « de la chair ». Paul reconnait qu’une loi spirituelle ne peut pas aider un homme charnel.
i. « Ma nature » [« Charnel »] est la traduction du terme grec ancien sarkikos, qui signifie « caractérisé par la chair ». Dans ce contexte, ce terme fait référence à la personne qui peut et doit faire les choses différemment, mais ne le fait pas. Paul voit cette nature charnelle en lui-même et sait que la loi, bien qu’elle soit spirituelle, n’a pas de réponse à sa nature charnel[le].
b. Vendu au péché : Paul est asservi au péché et la loi ne peut l’aider. Il est comme un homme arrêté pour un crime et jeté en prison. La loi ne l’aidera que s’il est innocent, mais Paul sait qu’il est coupable et que la loi plaide contre lui, et non pour lui.
c. Même si Paul dit qu’il est marqué par sa nature [ou charnel], cela ne signifie pas qu’il n’est pas chrétien. Le fait qu’il ait conscience de sa nature charnelle montre que Dieu a fait un travail en lui.
i. À propos de la phrase « Mais moi, je suis marqué par ma nature, vendu au péché », Luther a dit : « C’est la preuve de l’homme spirituel et sage. Il sait qu’il est charnel, et il est mécontent de lui-même ; en effet, il se hait lui-même et élève la Loi de Dieu, qu’il reconnait, parce qu’il est spirituel. Mais la preuve d’un homme insensé et charnel, c’est qu’il se considère comme spirituel et est content de lui-même ».
D. La lutte de l’obéissance par notre propre force.
1. (15-19) Paul décrit son sentiment d’impuissance.
Je ne comprends pas ce que je fais: je ne fais pas ce que je veux et je fais ce que je déteste. Or, si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par-là que la loi est bonne. En réalité, ce n’est plus moi qui agis ainsi, mais le péché qui habite en moi. En effet, je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma nature propre: j’ai la volonté de faire le bien, mais je ne parviens pas à l’accomplir. En effet, je ne fais pas le bien que je veux mais je fais au contraire le mal que je ne veux pas.
a. Je ne comprends pas ce que je fais : Le problème de Paul n’est pas un manque de désir – il veut faire ce qui est juste (je ne fais pas ce que je veux). Son problème n’est pas la connaissance – il sait ce qui est bon. Son problème est un manque de puissance : j’ai la volonté de faire le bien, mais je ne parviens pas à l’accomplir. Il manque de puissance parce que la loi ne donne pas de puissance.
i. La loi dit : « Voici les règles et vous feriez mieux de les observer ». Mais elle ne nous donne aucune puissance pour observer la loi.
b. Ce n’est plus moi qui agis ainsi, mais le péché qui habite en moi : Paul nie-t-il sa responsabilité de pécheur ? Non. Il reconnait qu’en péchant, il agit contre sa nature en tant qu’homme nouveau en Jésus-Christ. Un chrétien doit reconnaitre son péché, mais se rendre compte que la pulsion de pécher ne vient pas de qui nous sommes vraiment en Jésus-Christ.
i. « Pour être sauvé du péché, un homme doit à la fois le reconnaitre et le renier ; c’est ce paradoxe pratique qui se reflète dans ce verset. Un vrai saint peut l’exprimer dans un moment de passion, mais un pécheur a intérêt à ne pas en faire un principe » (Wuest).
2. (20-23) La bataille entre deux « moi ».
Or, si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais, mais le péché qui habite en moi. Je découvre donc cette loi: alors que je veux faire le bien, c’est le mal qui est à ma portée. En effet, je prends plaisir à la loi de Dieu, dans mon être intérieur, mais je constate qu’il y a dans mes membres une autre loi; elle lutte contre la loi de mon intelligence et me rend prisonnier de la loi du péché qui est dans mes membres.
a. Je découvre donc cette loi: alors que je veux faire le bien, c’est le mal qui est à ma portée : Quiconque a essayé de faire le bien est conscient de cette lutte. On ne sait jamais à quel point il est difficile d’arrêter de pécher jusqu’à ce qu’on essaie. « Aucun homme ne sait à quel point il est mauvais tant qu’il n’a pas essayé d’être bon » (C.S. Lewis).
b. Je prends plaisir à la loi de Dieu, dans mon être intérieur : Paul sait que son véritable être intérieur prend plaisir à la loi de Dieu. Il comprend qu’il y a dans ses membres une autre loi d’où vient la pulsion vers le péché. Paul sait que le « vrai moi » est celui qui prend plaisir à la loi de Dieu.
i. Le vieil homme n’est pas le vrai Paul ; le vieil homme est mort. La chair n’est pas le vrai Paul ; la chair est destinée à mourir et à ressusciter. L’homme nouveau est le vrai Paul ; maintenant, le défi de Paul est de vivre tel que Dieu l’a créé.
ii. Il y a un débat parmi les chrétiens pour savoir si Paul était chrétien pendant l’expérience qu’il décrit. Certains, considérant sa lutte contre le péché, croient que cela doit avoir eu lieu avant qu’il ne soit né de nouveau. D’autres croient qu’il était un chrétien luttant contre le péché. Dans un sens, c’est une question non pertinente, car c’est une lutte à laquelle fait face quiconque essaie d’obéir à Dieu par sa propre force. Cette expérience de lutte et de défaite est quelque chose qu’un chrétien peut vivre, mais quelque chose qu’un non-chrétien ne peut que vivre.
iii. Morris, citant Griffith Thomas, dit : « Le point essentiel de ces passages est qu’il décrit un homme qui essaie d’être bon et saint par ses propres efforts, mais qui se voit chaque fois battu par la puissance du péché qui réside en lui ; ceci fait donc référence à n’importe quelle personne, régénérée ou non régénérée ».
c. Elle lutte contre la loi de mon intelligence et me rend prisonnier de la loi du péché : Le péché est capable de livrer bataille à l’intérieur de Paul et de le vaincre, puisqu’il n’a en lui aucune autre puissance que lui-même, pour arrêter de pécher. Paul est pris dans l’impuissance désespérée d’essayer de combattre le péché par la puissance du moi.
E. La victoire trouvée en Jésus-Christ.
1. (24) Désespoir et perspective de Paul.
Malheureux être humain que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort?
a. Malheureux être humain que je suis! Le terme grec ancien pour malheureux se traduit plus littéralement « malheureux par l’épuisement du travail acharné ». Paul est complètement épuisé et malheureux à cause de ses efforts infructueux pour plaire à Dieu selon le principe de la Loi.
i. « Il y a lieu de garder à l’esprit que les grands saints à travers les âges ne disent pas généralement : “Comme je suis bon !” Au contraire, ils sont enclins à se lamenter sur leur état de pécheur » (Morris).
ii. Le légalisme confronte toujours une personne à son propre état de malheureux, et si la personne continue dans le légalisme, elle réagira de deux manières. Soit elle reniera son état de malheureux et deviendra un pharisien qui s’auto-justifie, soit elle désespérera à cause de son état de malheureux et renoncera à suivre Dieu.
b. Malheureux être humain que je suis! Le ton entier de cette expression montre que Paul cherche désespérément la délivrance. Il est submergé par le sentiment de son impuissance et de son état de pécheur. Nous devons atteindre ce point de désespoir pour trouver la victoire.
i. On doit avoir un désir qui va au-delà d’un vague espoir d’être meilleur. On doit crier contre soi-même et crier à Dieu avec le sentiment de désespoir qu’avait Paul.
c. Qui me délivrera : La perspective de Paul se tourne finalement vers quelque chose (ou mieux, vers quelqu’un) en dehors de lui-même. Depuis Romains 7:13, Paul s’est référé à lui-même environ 40 fois. Au plus profond de sa lutte infructueuse contre le péché, Paul était devenu entièrement centré sur lui-même et obsédé par lui-même. C’est le point auquel arrive tout croyant vivant sous la loi qui regarde à lui-même et à sa performance personnelle plutôt que de regarder d’abord à Jésus.
i. L’expression « Qui me délivrera » montre que Paul a renoncé à compter sur lui-même quand il s’est demandé « Qui me délivrera? » au lieu de « Comment me délivrerai-je ? ».
ii. « Ce n’est pas la voix de quelqu’un qui est découragé ou qui doute, mais celle d’une personne qui soupire et aspire à la délivrance » (Poole).
d. Qui me délivrera de ce corps de mort? : Certains commentateurs pensent que la description que Paul fait de ce corps de mort fait référence aux anciens rois qui tourmentaient leurs prisonniers en les enchainant à des cadavres en décomposition. Paul aspirait à être libéré du malheur de ce corps de mort attaché à lui.
i. « C’était la coutume des anciens tyrans d’attacher un cadavre sur le dos d’une personne à qui ils voulaient faire subir les châtiments les plus affreux. Les deux personnes étaient liées dos à dos, de sorte que la personne vivante trainait avec elle partout où elle allait le cadavre étroitement attaché à elle, puant, putride et infect. C’est exactement là l’image de ce que le chrétien doit faire. Il a en lui la vie nouvelle, un principe vivant et immortel, que le Saint-Esprit met en lui, mais il sent qu’il doit trainer chaque jour avec lui ce cadavre, ce corps de mort, une chose si répugnante, si hideuse, si abominable à sa vie nouvelle, comme le serait une carcasse morte et puante pour un homme vivant » (Spurgeon).
ii. D’autres, comme Murray, y voient une référence au péché en général : « Le corps est compris comme signifiant une masse et ce corps de mort comme signifiant toute la masse du péché. Ainsi, ce dont Paul aspire à être délivré, c’est le péché dans tous ses aspects et conséquences ».
iii. « Par ce corps de mort, il entend toute la masse du péché ou ces ingrédients dont l’homme tout entier est composé ; sauf qu’il ne restait en lui que des reliques, par les liens captifs dont il était retenu » (Calvin).
2. (25) Paul regarde finalement hors de lui-même, à Jésus.
J’en remercie Dieu, c’est possible par Jésus-Christ notre Seigneur. Ainsi donc, par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu, mais par ma nature propre je suis esclave de la loi du péché.
a. J’en remercie Dieu, c’est possible par Jésus-Christ notre Seigneur. Finalement, Paul regarde hors de lui-même, vers Jésus. Et aussitôt qu’il regarde à Jésus, il trouve de quoi remercie[r] Dieu – et il remercia Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur.
i. Par signifie que Paul considère Jésus comme se tenant entre lui et Dieu, comblant le fossé et fournissant le chemin vers Dieu. Seigneur signifie que Paul a mis Jésus à la bonne place – en tant que Seigneur et maitre de sa vie.
b. Ainsi donc, par mon intelligence, je suis esclave de la loi de Dieu, mais par ma nature propre je suis esclave de la loi du péché : Paul reconnait l’état de lutte, mais remercie Dieu pour la victoire en Jésus. Paul ne prétend pas que regarder à Jésus enlève la lutte – dans la bataille contre le péché, Jésus œuvre à travers nous, et non à notre place.
i. La glorieuse vérité demeure : en Jésus, il y a la victoire ! Jésus n’est pas venu mourir juste pour nous donner plus de règles ou de meilleures règles, mais pour manifester Sa victoire à travers ceux qui croient. Le message de l’Évangile est qu’il y a la victoire sur le péché, la haine, la mort et tout le mal lorsque nous abandonnons notre vie à Jésus et Le laissons manifester la victoire à travers nous.
c. Par Jésus-Christ notre Seigneur : Paul montre que même si la loi est glorieuse et bonne, elle ne peut pas nous sauver – et nous avons besoin d’un Sauveur. Paul ne trouva pas la paix avec Dieu jusqu’à ce qu’il regarde en dehors de lui-même, au-delà de la loi, et fixe son regard vers son Sauveur, Jésus-Christ.
i. On peut penser que le problème était qu’on ne savait pas quoi faire pour se sauver – mais la loi vint comme un enseignant, et enseigna quoi faire, mais on ne pouvait toujours pas le faire. On n’a pas besoin d’un enseignant, on a besoin d’un Sauveur.
ii. Vous avez pensé que le problème était que vous n’étiez pas assez motivé, mais la loi est intervenue comme un entraineur pour vous encourager à faire ce que vous devez faire, mais vous ne l’avez quand même pas fait. Vous n’avez pas besoin d’un entraineur ou d’un motivateur, vous avez besoin d’un Sauveur.
iii. Vous avez pensé que le problème était que vous ne vous connaissiez pas vous-même assez bien. Mais la loi est venue comme un médecin et a parfaitement diagnostiqué votre problème de péché, mais la loi n’a pas pu vous guérir. Vous n’avez pas besoin d’un médecin, vous avez besoin d’un Sauveur.
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